Soutenue par Nicolas Sansu, le député PCF du Cher, la proposition de résolution rédigée par le député communiste Jean-Paul Lecoq, par ailleurs vice-président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et portée par une quarantaine de députés de la Nupes a fait réagir depuis son dépôt officiel.
Par Fabrice Simoes
Nicolas Sansu fait partie des 38 députés à avoir signé la proposition de résolution@Fabrice Simoes
« Condamner l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien » rien de moins, voilà qui est loin d’être anodin à l’heure de la commémoration des 80 ans de la rafle du Vel d’Hiv et de la déportation de familles juives au complet. Pourtant tel est le titre de la proposition de résolution déposée le 13 juillet dernier au greffe de l’Assemblée Nationale. Ils sont 38 députés issus des diverses composantes de l’opposition parlementaire de la Nupes (PCF, LFI, EELV) à avoir co-signé ce texte. D’autres membres de la Nupes, à l’image du député PS de l’Essonne, Jérôme Guedj, sont nettement opposés à ce projet de texte et de « ces 24 pages (qui) transpirent la détestation d’Israël. » Un désaccord profond qui marque bien les différences et les divergences de vues existantes au sein de la coalition de gauche.
Quand le site internet d’Amnesty International fustige « l’Apartheid israélien envers le peuple palestinien », ou le journal Le Monde publie un article « En Cisjordanie la violence sans retenue des colons », le Crif répond que la résolution est « un texte scandaleux et mensonger » proposé par « un groupe de députés (qui) ose qualifier un peuple de « groupe racial ». Nous ne laisserons pas s’exprimer cet antisémitisme obsessionnel d’une certaine « gauche », qui déshonore la République et cherche à enflammer l’opinion. » Quand à la Licra, elle « dénonce et condamne avec force l’initiative scandaleuse d’une proposition de résolution déposée par des députés membres de l’alliance Nupes… »
Rapports de l’Onu, de B’Tselem et réalité du terrain
A l’inverse, voilà un an déjà, Denis Charbit, professeur de science politique à l’Open University of Israël, était troublé par le rapport établi par B’Tselem, l’organisation israélienne des droits de l’homme dans les territoires occupés. Il expliquait alors que « aujourd’hui, l’identification d’Israël à l’apartheid prend un tout autre sens : elle n’est plus de l’ordre d’une projection future, mais considérée comme une réalité en action sur le terrain. L’apartheid n’est plus tant associé à l’exemple historique de l’Afrique du Sud qu’à la définition établie par le droit international en vertu de laquelle l’apartheid est la discrimination systématique d’un groupe ethnique par un autre. »Entre deux séances à l’Assemblée Nationale, et « une semaine de dingue sur le pouvoir d’achat, et le PLFR (projet de loi de finances rectificative) », Nicolas Sansu, le député communiste du Cher, signataire de la proposition de résolution, assume sa signature. « J’ai rencontré l’ambassadrice de Palestine en France, Madame Hala Abou-Hassira, Cheffe de la Mission de Palestine en France. Elle nous a rapporté la situation catastrophique des Palestiniens et des droits des Palestiniens sur le territoire qui est le leur au sens des résolutions de l’ONU. Pour elle l’apartheid est qualifié avec « oppression, domination » d’un côté et « enfermement » de l’autre. Aujourd’hui les Palestiniens de Jérusalem tendent à être expulsés de leurs maisons. On tente de couper tous liens entre Jérusalem et la Cisjordanie. Il faut rappeler que c’est Mickael Link (rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. NDLR) qui a qualifié la situation d Apartheid… Nous n’avons rien inventé ! Amnesty International, B’Tselem, et l’ONU l’emploient aussi. Notre souhait c’est que, enfin, une résolution, celle qui dit 2 peuples-2 états, puisse être appliquée. » assure-t-il avant d’ajouter que la situation est explosive avec « une désespérance des jeunes de Gaza qui est en train d’alimenter la poudrière. Sur 2 millions d’habitants, 1,2 a moins de 25 ans… »
Dans l’Hexagone, c’est bel et bien la définition même du mot apartheid qui suscite les divergences, et les interprétations. Un mot, un seul ! Alors, pour un territoire..