Une zoonose attaque l’homme

Depuis mai 2022, les cas humains d’une infection virale, portée habituellement par divers rongeurs et primates des forêts tropicales dAfrique, augmentent. Sans notion de séjour ni de contact avec des voyageurs rentrant des zones incriminées, 1500 Français sont déjà contaminés par cette « variole du singe », dont plus d’une dizaine en Centre-Val de Loire. Qu’en est-il exactement ?

Par Jean-Paul Briand

virus de la variole

Les poxvirus occasionnent des orthopoxviroses, maladies à déclaration obligatoire en France. On peut ainsi citer les varioles animales (zoonoses) telles que le cowpox ou vaccine (variole de la vache), le camelpox (variole des camélidés), le monkeypox (variole du singe) et le smallpox (petite vérole), variole spécifique à l’homme pour laquelle le médecin anglais, Edward Jenner, pratiqua la première vaccination officielle le 14 mai 1796. Le dernier cas humain ayant été diagnostiqué en 1977, la variole a été déclarée éradiquée de la surface du globe en 1979 et sa vaccination arrêtée en mai 1980. Néanmoins des laboratoires militaires gardent des réserves de vaccins afin de faire face à une éventuelle épidémie belliciste, car la seule arme efficace contre la variole est la vaccination administrée dans les jours suivants la contamination.

La variole du singe est dans la plupart des cas bénigne

Rongeur capturé en Afrique par des enfants

Le monkeypox ou « variole du singe », dénomination trompeuse, est une zoonose rencontrée principalement dans les régions de forêt tropicale humide d’Afrique du Centre et de l’Ouest. Jusqu’à présent elle n’atteignait que très rarement l’homme. Elle était contractée par contact avec un animal porteur du virus (chasse, consommation de viande infectée), ou avec une personne malade ou encore avec des matériaux contaminés (liquides organiques, gouttelettes respiratoires). Lorsqu’elle atteint l’homme, la variole du singe est dans la plupart des cas bénigne. Elle n’entraîne quasiment pas de décès et guérit spontanément en quelques semaines. Il semble néanmoins délicat d’expliquer sans détour comment elle se propage en dehors des zones endémiques africaines habituelles.

Ne pas provoquer de réactions homophobes

Dans l’état actuel des connaissances, chez l’homme, le monkeypox n’est pas considéré comme une maladie sexuellement transmissible (MST). Néanmoins, que ce soit en France ou dans les autres pays européens, bien que la transmission soit  possible dans la population générale, les cas diagnostiqués le sont essentiellement chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Afin de ne pas provoquer de réactions homophobes délétères, les autorités sanitaires françaises ne souhaitent pas pour l’instant cibler la communication préventive vers les communautés d’hommes homos et bisexuels. Les anglais sont beaucoup plus pragmatiques. D’emblée les autorités sanitaires du Royaume Uni rappellent que même si tout le monde peut attraper la « variole du singe », la plupart des cas concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Il est donc particulièrement important d’être conscients des risques et des symptômes si l’on a ces pratiques sexuelles. Les personnes qui ont des contacts étroits avec une personne infectée, comme les membres du même foyer d’un sujet contaminé et les professionnels de santé prenant en charge les personnes atteintes, sont aussi exposées au risque d’infection. 

Chez l’homme, le monkeypox associe généralement de la fièvre avec des maux de tête, des frissons et une grande fatigue. Il existe des gonflements des ganglions lymphatiques, des douleurs parfois des douleurs localisées dans la bouche, la gorge ou rectales. Généralement un à trois jours après le début de la fièvre apparaissent des vésicules ou des pustules sur le visage et/ou d’autres parties du corps (mains, pieds, cuir chevelu, régions génitales). Les observations actuelles font penser que les éruptions ont lieu à l’endroit où la muqueuse a été contaminée.

Il est nécessaire que les personnes infectées restent isolées et évitent tout contact avec des personnes immunodéprimées, les femmes enceintes, les jeunes enfants et les animaux domestiques. Il est également fortement conseillé d’arrêter tous rapports physiques et sexuels jusqu’à la guérison qui survient habituellement en quatre semaines.

Une urgence de santé publique de portée internationale

Le vaccin contre la variole fournit une bonne immunisation contre le monkeypox. Il peut être utilisé avant et après l’exposition au virus. Pour avoir un bon effet protecteur, il doit être injecté entre 4 et 14 jours après le dernier contact avec une personne malade. Bien que les doses vaccinales contre la variole soient classées « secret défense » le gouvernement français a décidé d’ouvrir des centres de vaccination et de fournir des vaccins.

En région Centre-Val de Loire cette vaccination spécifique gratuite est possible sur rendez-vous à Tours (5 rue Jehan Fouquet – Tel : 09 72 59 72 20) et au CHR d’Orléans-La-Source (14 avenue de l’Hôpital – Tel : 02 47 47 39 64).

Malgré les points de vue divergents des experts, le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS a décidé le 23 juillet dernier que l’épidémie mondiale d’orthopoxvirose simienne (variole du singe) constituait une urgence de santé publique de portée internationale.

Site OMS pour en savoir plus : WHO monkeypox research

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