Tout pour la musique avec l’Orchestre des Jeunes du Centre

Deux semaines de musique, cinq concerts et trois actions culturelles, tel est le programme pour les 90 jeunes musiciens réunis à Tours sous la baguette de Simon Proust, pour la 37éme Académie d’été de l’Orchestre des Jeunes du Centre (OJC)

Par Anne-Cécile Chapuis

Ils ont entre 15 et 25 ans, viennent de toute la France et parfois au-delà, et sont en formation musicale de troisième cycle minimum. Ils ont la passion de leur instrument et la plupart ont déjà participé à l’Académie de Tours qui se déroule chaque été au conservatoire Francis Poulenc, cet établissement installé dans les locaux de l’ancien couvent des Ursulines du XVIIe siècle.

La session est intense et rime avec passion. Depuis le lundi 18 juillet, les 90 jeunes sélectionnés (ils étaient 150 candidats) sont en immersion totale avec la musique.

La journée commence à 8h30 (et certains ont déjà demandé s’ils pouvaient venir plus tôt), par une séance collective appelée « mise en ». Tous en rond dans la cour, les stagiaires font un premier échauffement : exercices de relaxation, respiration, travail sur le rythme, écoute collective…avant de saisir leur instrument, qu’ils ne vont plus lâcher avant tard le soir.

Simon Proust (à G), chef d’orchestre et directeur musical du stage, et Pierre Oteznberger (à D), administrateur.
Photo AC Chapuis

Une session consacrée à Wagner, Weber, Debussy et Camille Pépin

Le programme a été mis au point par Simon Proust, jeune chef réputé et responsable de la session depuis 2017. Il n’a pas choisi la facilité avec des œuvres du XIXe et XXIe siècle pour grand orchestre à effectif impressionnant : 8 contrebasses, 2 harpes, 6 cors, 5 trompettes, une batterie de percussions entourent les pupitres de cordes ou vents au grand complet. Il gère les répétitions en tutti qui ont lieu chaque soir, et s’appuie sur une équipe de 14 encadrants. Ceux ci assurent les répétitions par pupitre ou petits ensembles, sont disponibles pour les musiciens qui ont besoin d’aide sur un doigté, un phrasé, une question technique de souffle ou de geste. Ils sont issus de formations professionnelles réputées (Opéra de Paris, Monnaie de Bruxelles, Capitole de Toulouse, orchestres de Metz, Cologne, Rotterdam, Orléans..) et certains ont même été stagiaires à l’OJC pendant leurs études ! Les chefs d’attaque cordes jouent avec les stagiaires, les encadrants vents sont à côté des étudiants lors des tutti, prêts à intervenir sur demande du chef.

Une équipe de 14 encadrants se réunit chaque jour pour suivre l’évolution du projet et définir les objectifs des partiels. Outils de travail : partitions et tablettes de chocolat ! Photo AC Chapuis

Un haut niveau qui laisse présager de beaux concerts

Magcentre a eu la chance d’assister à une répétition du Crépuscule des dieux de Wagner, ce mercredi 20 juillet. Après deux jours de stage, la mise en place est déjà très aboutie.

Dans l’auditorium récemment équipé dans l’ancienne chapelle du monastère, les 90 stagiaires prennent place, parfaitement à l’heure. Chacun connaît sa place, s’installe rapidement, et il règne alors une ambiance studieuse et attentive. Le chef a l’oreille, reprend, repère les passages difficiles, fait travailler par sous groupes. Sa gestique, précise et efficace, est très harmonieuse : il danse la musique, regarde, impulse, soutient, donne l’élan du passage en ternaire avec des indications claires. Pas un bruit, pas un bavardage, rien que la musique et la concentration, mais attention, rien de lourd pour autant, la convivialité se ressent, avec des sourires et regards échangés.

La musique emplit l’espace de cette belle salle, le travail de détail révèle les finesses de la partition et le génie de Wagner. C’est prenant.

Répétition de l’OJC en tutti dirigée par Simon Proust. Photo AC Chapuis

L’atmosphère générale de cette session (un bon cru, selon Simon Proust, avec des anciens qui progressent et des nouveaux qui apportent du sang neuf) est faite d’engagement, et de la volonté de chacun qu’il soit stagiaire ou encadrant, à faire de la musique, rien que de la musique. Pas d’approximation ni laisser aller, mais au contraire une exigence librement consentie, dans un déroulé où le plaisir et l’échange sont omni présents.

Cinq concerts sont prévus à Blois, Orléans, Tours, ainsi que trois actions pédagogiques, de type répétitions commentées ou adaptées à un jeune public

Des rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte : Pour l’originalité avec une pièce de la jeune compositrice Camille Pépin, pour la qualité avec l’engagement des stagiaires et l’exigence de leur chef, et pour la musique, tout simplement.