L’ensemble Diaphane, créé en 2018 et composé de sept jeunes chanteuses talentueuses, a présenté un programme expérimental de musiques contemporaines à Vézelay ce jeudi 14 juillet. Un moment de pur bonheur musical a illuminé la basilique avant de faire place à un programme profane et engagé dans le jardin de la Cité de la Voix, un espace adossé à la basilique en balcon sur les monts du Morvan.
Deux très beaux lieux pour une musique hors du commun, envoûtante et et magnifiquement interprétée par les voix chaleureuses de Diaphane
Par Anne-Cécile Chapuis
La célèbre basilique de Vézelay, haut lieu de la musique vocale. Photo AC Chapuis
Elles sont sept, elles sont jeunes et elles résident en Suisse. Originaires de diverses communes de Suisse ou de France, on remarque parmi elles une orléanaise, ancienne élève du Conservatoire d’Orléans. Elles se sont rencontrées lors de leurs études supérieures à la Haute École de Musique de Lausanne et ont décidé de former un ensemble vocal pour explorer la musique contemporaine de manière expérimentale, collective et autonome. Et elles le font avec brio et émotion.
Elles font partie des ensembles sélectionnés chaque année par la Cité de la Voix à Vézelay, pour une résidence d’une semaine du 12 au 17 juillet, avec séances de travail, enregistrements et concerts quotidiens. Moment de temps suspendu dans l’acoustique magique de la Basilique Sainte Madeleine, suivi dune prestation pointue et engagée dans le jardin de la cité de la voix.
Les chanteuses de Diaphane en concert à la basilique de Vézelay. Photo T Pagin
Un moment magique dans l’acoustique de la basilique romane
Le programme sacré prend toute sa place sous les voûtes en berceau de la basilique. Une entrée avec O viridissima virga de Hidegard Von Bingen (1098-1179) saisit l’oreille du spectateur. Les voix sont justes, harmonieuses, précises, et d’emblée, on sait que l’on est dans l’exceptionnel. Puis place à la musique contemporaine avec quatre petites pièces de Patrick Burgan (né en 1960) une création de l’ensemble, et Ave maris Stella de Jocelyn Hagen (née en 1980), une pièce de toute beauté. L’instant est magique. Les chanteuses développent toutes les facettes de leur voix, du pianissimo murmuré au forte impressionnant, dans un ensemble parfait où chaque soliste se met au diapason du collectif.
L’ensemble Diaphane à la cité de la Voix à Vézelay dans le programme Feminis-k. Photo AC Chapuis
Feminis-k : chants de lutte pour des femmes engagées
Le deuxième temps du programme se déroule côté jardin. La Cité de la Voix, organisme créé en 2015 par le Conseil Régional Bourgogne-Framche-Comté, offre son cadre pour une prestation « qui décoiffe ». Les musiciennes ont changé de costume, mais savent aussi changer de voix pour interpréter des chants populaires italiens, des chants traditionnels bulgares ou des chants folkloriques suisses. C’est jubilatoire. Elles se regardent, sourient, chantent avec un plaisir manifeste qu’elles savent partager et donner à écouter comme à voir. Une mise en espace et en mouvement légère et pertinente transmet la musique et son propos au-delà des notes ou paroles. Car le ton du concert est engagé. Il parle des femmes, leur place, leurs luttes, leur liberté.
Le public est conquis par l’audace du répertoire, la justesse des voix, la musicalité de l’ensemble et la joie d’un « chanter ensemble » qui transparaît dans chaque pièce du programme, si éclectique soit-il.
L’actualité musicale de Diaphane témoigne d’un parcours déjà accompli, avec un premier prix au concours international Leopold Bellan 2020, une participation à des festivals prestigieux à Montreux ou Fribourg. Les projets sont bien engagés, avec concerts et enregistrements en prévision.
Un nom à retenir pour ces jeunes femmes émouvantes de simplicité et époustouflantes dans la performance. En un mot, bluffantes !
Pour en savoir plus :
https://www.lacitedelavoix.net/
https://www.youtube.com/watch?v=6I2x_8y8oOc&ab_channel=F%C3%AAtedelaMusiqueLausanne