Escapade insolite dans l’Aisne (3) : La caverne du dragon

Connaissez-vous l’Aisne, ses villes, ses musées et ses lieux incontournables ? A trois heures d’Orléans, la visite le mérite. Magcentre vous la propose en cet été 2022 en 3 épisodes. Après Saint-Quentin et Tergniers, Alaincourt et Blérancourt, terminons avec la Caverne du dragon.

Par Marie Lincourt

Visite des scolaires à la Caverne du Dragon (photo caverne du dragon)

Enfin, pour terminer ce périple dans l’Aisne, La Caverne du Dragon est incontournable. Ce site de mémoire est devenu aujourd’hui le premier musée visité du département.

A peine entré dans l’antre du Dragon, la lumière du jour disparaît à mesure que nous progressons… La fraîcheur du lieu, (il y fait 12 degrés !), l’humidité et  l’obscurité nous enveloppent ! Brrr ! On frissonne ne serait-ce qu’en regardant sur les côtés les objets répandus à terre : fils de fer barbelés qui accrochent le corps des soldats et qu’on appelle « le séchoir », obus remplis de deux cents billes de plomb – «  l’arrosoir du diable » – pour leur en mettre plein la figure, ressorts en fer envoyés sur l’adversaire pour l’empaler..

Un obus sculpté par un soldat pour tromper son attente

Rien que des petites choses délicates dans cette grotte, creusée au Moyen Âge dans le calcaire du plateau du Chemin des Dames, dans le département de l’Aisne ! D’une superficie de 3 hectares, et située à 14 mètres sous terre, cette caverne devient un lieu stratégique pendant la Première Guerre mondiale, en particulier lors de l’offensive Nivelle, au cours de la bataille des observatoires.

Occupée successivement et parfois en même temps  par les allemands, puis par les  français, les deux camps ennemis imposent alors leurs frontières intérieures. Cette grotte, plus qu’un abri de fortune, se transforme en enjeu militaire stratégique de premier plan, permettant des attaques et des replis par surprise sur cette route qui surplombe les vallées de l’Aisne et de l’Ailette.

En effet, dès septembre 1914, les troupes françaises prennent possession de cette carrière, construisent des tranchées face aux positions allemandes situées sur la crête. Elle leur sert d’abri, de cantonnement, de dortoir, de lieu de culte, de stockage de munitions, de nourriture, et d’eau.

Pharmacie, bloc opératoire, puits, chapelle, tout y est ou presque…. Tout sauf l’hygiène et le confort. Car les soldats ne se lavaient ni ne se changeaient, l’humidité y étant trop importante !

Un enfer souterrain

Un trou creusé à même le sol pour y faire ses besoins, des lits en fer pour une personne, sans matelas ni oreillers, mais où dormaient par deux les soldats, tête bèche et sans enlever leurs chaussures, une pièce trop petite qui servait de salle d’opération, des cancrelats, des rats, et j’en passe, qui couraient partout! Un enfer souterrain, cependant préférable à celui des tranchées !

Mais le 25 janvier 1915, les Allemands lancent soudain une attaque sur la caverne pour conforter leurs positions sur le plateau du Chemin des Dames. Après de très durs combats, ils en reprennent une partie, et c’est alors qu’ils  la surnomment « La Caverne du Dragon ». Sans doute à cause des flammes et des étincelles que crachent les mitrailleuses,  et qui jaillissent violemment des entrées de la caverne au cours des combats, leur faisant ainsi penser aux flammes crachées par les dragons depuis leurs grottes, comme celles  du Dragon des mythes wagnériens.

Les fils de fer barbelés, les ressorts qui s’accrochent aux hommes pour les meurtrir

Protégés du froid malgré cette forte humidité, les soldats allemands, à l’instar des français, transforment cette « creute » en une véritable caserne : postes de tirs, murs anti-gaz, dortoirs, chapelle, puits, poste de secours et même un cimetière y voit le jour (enfin c’est une façon de parler !).

Et pour finir, ils relient la Caverne avec la 3e ligne de défense, par l’intermédiaire d’un tunnel de 125 mètres de long permettant en cas d’attaque l’arrivée rapide, et sans encombre, des renforts et des munitions tandis que les blessés sont évacués dans les mêmes conditions.

L’être humain est plein de ressources ! En témoignent tout au long de ces galeries, équipements, animations, et objets retrouvés d’un enfer vécu sous terre et non au ciel, par des milliers d’hommes qui, comme dit le dicton, « se font la guerre sans l’avoir voulu pour des hommes qui la veulent mais ne se la font pas ! »

Sans conteste l’Aisne est un pays aux multiples visages, à découvrir absolument pendant vos vacances.

Carnet de bord

Visiter St Quentin – Office du tourisme, 3, rue Emile Zola, 02100 St Quentin – Tel : 03 23 67 05 00 – Site internet : http://www.saint-quentin-tourisme.fr .

Le Musée de Marie-Jeanne à Alaincourt 39, rue du Général de Gaulle 02240 Alaincourt – Tel : 03 23 63 62 07 – Mail : musée@alaincourt-aisne.fr .

Tergnier – Office du tourisme, 57, Bd Gambetta 02301 Chauny – Tel : 03 23 39 94 94 – Web : https://www.ville-tergnier.fr .

Musée Château d’Anne Morgan 33, Place du Général Leclerc 02300 Blérancourt – Tel : 03 23 39 60 16 – Web : https://museefrancoamericain.fr .

La Caverne du Dragon Chemin des Dames 02160  Oulches-la-Vallée-Foulon – Tél : 03 23 25 14 18 – Web : https://chemindesdames.fr .

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