Connaissez-vous l’Aisne, ses villes, ses musées et ses lieux incontournables. A trois heures d’Orléans, la visite le mérite. Magcentre vous propose de découvrir cete destination insolite voire exotique en cet été 2022 en 3 épisodes, en commençant par Saint-Quentin et Tergniers
Par Marie Lincourt
L’Aisne est un département surprenant, à découvrir pendant vos vacances. En premier lieu, surprenant par ses villes, comme celle de St Quentin, labellisée ville d’Art et d’Histoire.
Vous connaissez l’Art Déco? Vous aimez ? Parce qu’on fait souvent la confusion avec « l’Art nouveau », né vers 1900 et qui s’inspire d’une nature toute en arabesque. Eh bien non, ce n’est pas ça ! L’Art Déco, lui, propose une vision stylisée qui s’inspire du fauvisme, du cubisme et des arts exotiques. Un melting spot en quelque sorte ! Bref, si c’est ça que vous aimez, alors n’hésitez plus et allez donc faire un petit tour dans l’Aisne, du côté de Saint-Quentin, une ville détruite pendant la guerre de 14 à près de quatre vingt pour cent et reconstruite en grande partie Art Déco.
Celui-ci vous attend presqu’à chaque rue. Pas besoin de lever le nez pendant des heures pour l’admirer, puisque pas moins de trois mille édifices en sont décorés et que 277 façades sont classées typiquement Art Déco ! De quoi vous régaler si vous aimez !
A propos de régal, allez donc voir aussi le buffet de la gare, bien qu’on ne puisse, hélas, plus y manger. Cet ancien restaurant, détruit par un incendie en 1921, rebâti et inauguré en 1926, est magnifique avec ses mosaïques en pâte de verre et ses vitraux en motif de fleurs stylisées, typiques de l’Art Déco, créés par le maître verrier Auguste Labouret pour laisser passer la lumière.
Ne vous reste plus qu’à dévorer des yeux ses murs et son comptoir, sertis de mosaïques grises et dorées, aux motifs fleuris, qui rappellent ceux des vitraux. Mais puisque vous ne pouvez pas vous y restaurer, allez donc vous dégourdir les jambes en faisant à pied un petit tour de ville pour découvrir les bow-windows et les verrières, le plus souvent agrémentés de corbeilles ou de vasques sculptées dans la loggia du deuxième étage et décorées de paniers ouvragés et de roses.
Cette rose, c’est l’un des symboles de l’Art Déco, que l’on retrouve également sur l’une des deux verrières de la basilique. Mais le plus spectaculaire reste sans doute les anciennes Nouvelles Galeries, devenues aujourd’hui Monoprix, aux balcons ouvragés de dorures, ainsi que la salle du conseil municipal au magnifique garde-corps de l’ancienne tribune de la presse.
Après, vous pourrez toujours flâner sur la place centrale, dont le carillon de l’Hôtel de Ville rythme la vie des gens en sonnant les heures sur des musiques à la mode, rock, pop, classique…
Tergnier, une ville pluriel à ne pas manquer
Tergnier a peu à peu déployé ses ailes en incorporant à partir des années 70 les communes voisines de Fargniers, Vouel et Quessy. Mais Tergnier reste le centre-ville de cette agglomération étendue, avec son Hôtel de Ville et ses administrations, chaque commune disposant néanmoins de sa mairie déléguée et ayant eu à cœur de préserver ses caractéristiques. Tour de force néanmoins, puisque en 1917 les allemands se replient en pratiquant la technique de la terre brûlée. Attila n’aurait pas fait mieux !
Fargniers ayant perdu 95/100 de son patrimoine, un certain Andrew Carnegie, richissime industriel américain de l’époque, et mécène à ses heures, décide alors d’apporter, par le biais de sa fondation, 150 000 dollars de l’époque, ce qui équivaut à 1 500 000 euros d’aujourd’hui ! Excusez du peu !
Fort de sa maxime : « On vit avec son argent, mais on ne meurt pas avec son argent ! » il décide également de créer une fondation pour ouvrir 3000 bibliothèques dans le monde. Bien entendu, son buste trône au centre de la place Carnegie (où d’ailleurs il n’a jamais mis les pieds!), d’où partent de multiples routes, et qui de forme concentrique est le parfait exemple d’une reconstruction planifiée.
Mais le plus beau reste sans doute l’église de Fargniers. Ses fenêtre, fines comme des lancettes, sont parées de magnifiques vitraux Art Déco qui semblent prendre vie dès qu’un rayon de soleil les effleure. Ce n’est certes pas ce qui apaise le maire cependant car, en conflit permanent avec le curé, à l’instar de Don Camillo, chacun dénigrant l’autre à plaisir et lui faisant forces entourloupes, le dit maire escalada un jour le mur d’enceinte du presbytère pour pouvoir entrer dans l’Eglise, jeter à terre des vêtements sacerdotaux et piquer des articles mortuaires !
Et c’est à celui qui fera retentir le premier les cloches qui sonnent les heures ! Fargniers : une petite ville bien tranquille !
Au delà de ces villes, il y a des musées, et des lieux emblématiques. A découvrir en suivant.