« Ensemble, passons à l’action ! » C’est l’injonction d’une brochure distribuée aux habitant·e·s de la Métropole d’Orléans pour montrer l’engagement de celle-ci dans la transition écologique et énergétique. Faisant suite aux Assises de cette transition, elle invite tout le monde à s’impliquer dans son quotidien. Un documents examiné à la loupe.
Par Sophie Deschamps
Un tract macroniste ? Non, la couverture de la feuille de route pour la transition écologique et énergétique d’Orléans Métropole 2022-2030.
Si vous habitez dans l’agglomération orléanaise, vous avez certainement reçu dans votre boîte à lettres, une petite revue papier de 20 pages intitulée Feuille de route de la transition écologique et énergétique d’Orléans Métropole 2022-2030. Cet outil de communication est en fait la synthèse des Assises de la transition qui se sont tenues de janvier à juin 2017 et qui ont permis de dégager 50 actions opérationnelles à court, moyen et long terme autour de 9 thématiques : alimentation et agriculture durable, énergies renouvelables, biodiversité, ville durable, gestion des déchets et économie circulaire, eau et milieux aquatiques, rénovation énergétique, mobilité et risques d’inondation.
État des lieux médiocre sur la Métropole
L’objectif est donc d’impliquer toutes et tous les habitant·e·s de la Métropole dans l’ambition d’un territoire zéro carbone avec cette affirmation : « Cette feuille de route, c’est la vôtre ! » On est cependant loin du compte comme le reconnaissent Serge Grouard, président d’Orléans Métropole et maire d’Orléans, rappelons-le depuis 2001 (sauf entre 2015 et 2020) et Matthieu Schlesinger, maire d’Olivet depuis 2015 et président en charge de la transition écologique et énergétique à la Métropole : émissions de gaz à serre trop importantes malgré une baisse de 9,5 % entre 2012 et 2018. Seulement 8,6% d’énergie verte mais 506 kg de déchets managers par an et par personne contre une moyenne nationale de 354 kg.
Et ce n’est pas mieux côté biodiversité avec 30% des habitats naturels menacés ainsi que 17% des taxons (entités regroupant tous les organismes vivants possédant en commun certains critères).
Quelles actions concrètes ?
Face à cette situation peu reluisante, la Métropole fait donc de cette transition « le fil rouge de l’ensemble de ses politiques » avec un quart de son budget soit 251 millions d’euros dédiée à cette transition pour les quatre prochaines années, soit 62,75 millions par an. Dans le détail 143 millions seront dédiés aux projets déjà lancés, 80 millions pour les nouveaux projets et 28 millions pour les projets courants.
Parmi les projets en cours, on trouve le renouvellement de la flotte de bus de la Métropole depuis 2019 avec le remplacement progressif des vieux bus à fioul par des bus hybrides après l’abandon des bus électriques commandés par Olivier Carré laissant une ardoise de 8 millions d’euros pour le dédit…
Notons aussi l’ambitieux Parc de Loire, de 340 hectares autour de l’île Charlemagne, entamé en 2016 et qui devait arriver à terme en 2020-2021. Il a pris du retard à cause de la pandémie mais curieusement la proposition de passerelle piétons-vélos a disparu de la présentation. À noter aussi la couveuse agricole Terr’O créée en 2017 afin d’encourager des projets d’agriculture urbaine.
Un “nouveau vieux” projet resurgit également. Celui de la requalification des mails entre la place Albert 1er et le pont Joffre, autrement dit la suppression de la trémie, déjà présente dans le programme de Serge Grouard en…2008. Le 10 octobre 2013, il avait justifié l’abandon de ce projet en expliquant qu’à cette époque « c’était rajouter des travaux lourds sur les mails et on n’aurait plus circulé en ville »
Parmi les “vrais nouveaux” projets citons l’ouverture à l’automne 2022 d’une déchetterie à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin pour y déposer nos objets inutilisés ou bien encore en 2023 la réutilisation des eaux usées de la station d’épuration de la Source pour l’arrosage du Parc Floral.
Des coups de pouce de la Métropole peuvent vous aider dans votre transition comme le don d’un composteur et/ou un bon d’achat de 50 euros pour l’achat d’un récupérateur de pluie.
Les dernières pages rappellent ces petits gestes du quotidien (pas très nouveaux sous le soleil) qui font du bien à la planète et à notre portefeuille. Avec aussi des qr codes très pratiques pour découvrir d’autres écogestes et surtout calculer son empreinte carbone.
Quelques bémols
Par ailleurs, le livret parle au début de la mise en place d’un comité mixte de suivi du dispositif des Assises, composé de 30 personnes renouvelées chaque année et qui se réunira quatre fois par an durant une journée. Un peu plus loin, il est question de la création d’une vigie citoyenne composée de 22 citoyens tirés au sort et renouvelés tous les ans et qui se réunira aussi quatre fois par an. Du coup, on a du mal à comprendre la différence entre les deux.
Une brochure qui prône enfin la transparence. Mais le moins que l’on puisse dire est que Serge Grouard a lancé un curieux signal de manque de concertation fin juin en décidant de renouveler la délégation de service public au privé pour la gestion de l’eau en 2024, alors que cette décision aurait dû être prise et discutée en conseil de Métropole le 12 juillet 2022.
L’avis de l’opposition écologiste
Emmanuel Duplessy, conseiller municipal du groupe Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes faisait remarquer dans une tribune de février 2022 au conseil municipal d’Orléans que « la Métropole d’Orléans dispose déjà d’un plan d’action climatique (PCAET) pertinent et documenté adopté en 2020. Ainsi, les assises doivent permettre de décider collectivement de comment mettre en œuvre ces actions et non de les réinventer encore et toujours…»
Concernant la feuille de route de la Métropole il affiche, sans surprise, le même scepticisme estimant « Financièrement, la Métropole met le paquet sur la production d’énergie au lieu d’essayer de réduire sa consommation.. Par ailleurs, sur la réduction des gaz à effet de serre, la nécessité du partage de l’espace public notamment dans les transports n’apparaît pas du tout. Sur l’alimentation, il n’y a pas grand chose sauf un projet de ferme urbaine. En revanche il n’y a rien sur la baisse de la consommation de viande au quotidien alors qu’elle représente près de 70% de l’empreinte carbone liée à l’alimentation. » Bref, une opposition qui sera donc vigilante sur la concrétisation des mesures et des projets annoncé·e·s.
À noter enfin que ce 28 juillet 2022, nous avons dépassé les ressources naturelles annuelles de la terre. Justement la réduction de moitié de la consommation de viande pourrait faire gagner à la terre 17 précieux jours…
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