Le 16 novembre 2021, à Tours, François Bonneau, Président de la Région Centre-Val de Loire, a ouvert les États généraux de la jeunesse. Sept mois plus tard, le 29 juin 2022, un point d’étape a lieu à Orléans, avec la restitution des travaux de ces États généraux de la jeunesse. Que faut-il en retenir ?
Par jean-Paul Briand
Les divisions entre les âges sont arbitraires et subjectives. Les « jeunes » ne représentent pas une unité sociale et n’appartiennent pas à un groupe homogène dont les membres auraient tous des préoccupations identiques et des intérêts communs. Pierre Bourdieu disait même que « de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement, constitue une manipulation évidente » favorisant une opposition délétère entre générations. Néanmoins, comme l’a rappelé Carole Canette, la vice-Présidente au Conseil régional déléguée aux lycées, à l’éducation, à l’apprentissage, à la jeunesse et à la vie lycéenne, « il existe des transversalités dans les difficultés que rencontrent plus spécifiquement les moins de 25 ans ». C’était la finalité de cette grande concertation de comprendre les attentes, les difficultés, les conditions de vie des 15 – 25 ans en Centre-Val de Loire.
Un implacable révélateur
La Covid, avec sa période de confinement, a été un implacable révélateur de toutes les fragilités des plus âgés mais aussi des plus jeunes, accentuant les inégalités dans tous les domaines de la vie sociale, professionnelle, financière, physique et mentale. Le président Bonneau a résumé que les difficultés rencontrées durant la crise sanitaire, par les différentes trajectoires sociales de la classe d’âge des 15 – 25 ans, avaient entraîné l’entrée, pour certains d’entre eux, dans une « spirale de la précarité ». Il convenait d’essayer d’y remédier.
Sous le leadership du Conseil régional, le Ceser (Conseil Économique, Social et Environnemental Régional) représenté par son Président Eric Chevée et le CRJ (Conseil Régional de la Jeunesse) incarné par sa co-Présidente, Hélène Wrede, ont participé activement à ces États généraux de la jeunesse. A l’évidence les sept mois de travaux ont été très productifs. A son formulaire de 82 questions, le Ceser a obtenu plus de 2000 réponses qu’il est en train d’analyser. Le CRJ a réuni dans ses ateliers 2000 participants et produit 900 propositions. Des sujets tels que les mobilités et le logement sont logiquement ressortis. L’alimentation est un thème nouveau dramatiquement illustré par les files d’étudiants aux distributions alimentaires sur les campus. L’accès aux soins est également un thème recensé en région Centre-Val de Loire, championne de la désertification médicale. Pour les souffrances émotionnelles, les contributeurs demandent des consultations « psy » en accès direct. Étonnamment la consommation de substances addictives licites (alcool, tabac) ou illicites (drogues) n’est pas apparue dans les problématiques.
Beaucoup des difficultés des « jeunes » pourraient être résolues en améliorant l’accès à l’information et la communication. Les solutions existent parfois, les ressources opérationnelles sont souvent présentent mais ne sont pas connues même si un site comme Yeps y travaille. Concernant stages et emplois « il manque un lien entre les entreprises locales et l’université » déplore le jeune président de la fédération des associations d’étudiants d’Orléans (Ocampus), Nicolas Autissier.
Ce point d’étape orléanais semble démontrer qu’il est possible d’organiser un dialogue dépolitisé et constructif sur le problème de la précarité des 15 – 25 ans. Reste maintenant le plus clivant : mettre en place et donc voter les préconisations proposées par tous les jeunes participants aux États généraux de la jeunesse…