Le Conseil régional qui se réunit ce jeudi doit faire face à une conjoncture plus incertaine et à un risque de ralentissement de l’activité. La Région maintient pourtant ses grands objectifs notamment en terme de mobilités grâce à une nouvelle convention TER avec la SNCF.
Par Jean-Jacques Talpin
Illisible pour le profane, le compte administratif d’une collectivité est un indicateur pertinent du bilan que peuvent afficher les élus en charge de l’exécutif. En ce sens les chiffres 2021 du conseil régional affichent, malgré la crise du Covid, des tendances positives : dépenses en hausse de près de 300 millions, recettes dynamiques en croissance de 4% avec 559 millions de TVA. De même les ratios financiers (épargne, capacité de désendettement, encours de dette) sont eux aussi jugés positifs par le président François Bonneau.
Pour autant ces chiffres cachent des inquiétudes potentielles : les ressources de la Région dépendent désormais en grande partie de la TVA qui elle-même est corrélée à l’activité économique et aux recettes des cartes grises. Mais face au ralentissement du marché automobile ces recettes ont chuté de 12,3 millions d’euros. De même la TVA devrait être impactée cette année par une croissance modérée liée en particulier à l’inflation et aux hausses des coûts d’énergies. Rien que pour les lycées, la Région a dû verser 5 millions supplémentaires pour faire face à l’inflation des coûts d’énergies.
« Chercher des voies de compromis »
Face à ces tendances la facilité serait de recourir à l’emprunt en gonflant la dette qui dépasse déjà les 900 millions d’euros. Une évolution qui inquiète d’ailleurs la minorité LR-centriste (qui il n’y a pas si longtemps reprochait à la majorité de ne pas investir assez et donc d’emprunter…). « En 20 ans, explique le leader de l’opposition Nicolas Forissier, la dette par habitant et par an est passée de 93 euros à 352 euros, c’est très inquiétant. »
Face à ces doutes économiques, François Bonneau ne souhaite pas que la situation empire avec une crise politique née d’une instabilité gouvernementale et législative. « Nous ne voulons pas, explique le président de la Région, donner une carte blanche à M.Macron, mais il ne faut pas jouer la politique du pire, de la crise ou du blocage. Il faut chercher des voies de compromis. »
L’une des principales compétences de la Région est celle des mobilités et des transports, notamment ferroviaires. C’est ainsi que l’assemblée va délibérer sur une nouvelle convention TER avec la SNCF. « Face aux exigences de l’opérateur ferroviaire les négociations ont été rudes », commente laconiquement François Bonneau qui refuse pourtant le « SNCF bashing ».
« Pas de SNCF bashing »
Il est vrai que la qualité de service, la ponctualité ne sont pas toujours aux rendez-vous. Le coût annuel de cette convention chiffré à 260 millions/an par la SNCF a ainsi été ramené à 215 M€ alors que l’ardoise réclamée pour cause de crise du Covid a été dégonflée de 110 à une trentaine de millions. Dans le même temps la Région investit lourdement pour l’achat de 32 nouvelles rames (460 millions) ou pour la construction d’un centre de maintenance à Orléans (70 millions et 70 emplois créés). Des critères stricts ont donc été introduits dans cette nouvelle convention pour que les clients aient droit à un service de qualité. En rappelant que d’ici à 8 ans, la concurrence (déjà introduite dans certaines régions) pourrait rebattre les cartes.
Ces deux jours de session vont aussi être grandement marqués par des questions d’aménagement du territoire, une des missions premières d’un conseil régional : contrat de plan interrégional Loire, conventions région-départements, schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation. Et surtout évolution et modification du SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires), un document de planification stratégique du territoire régional.
Villes contre campagnes ?
Ce schéma traite à la fois de « la gestion économe de l’espace » mais aussi de la logistique ou des déchets avec en particulier la fin programmée de « l’artificialisation des sols ». Cette mesure est celle qui inquiète l’opposition de droite qui se veut le porte-voix du monde rural : « C’est un affaiblissement du monde rural, selon Nicolas Forissier, les communes n’ont plus de terrains à bâtir, il faut permettre au monde rural de poursuivre son développement. C’est une mesure qui favorise les villes au détriment des campagnes. » La droite en profite pour rajouter d’autres revendications : moratoire sur les installations d’éoliennes, soutien à la filière aéronautique et notamment à la plateforme de Châteaudun, aides renforcées à l’agriculture et aux projets routiers etc. Des questions déjà à la une lors des débats des dernières élections régionales mais qui vont animer cette session et les prochains mois de la Région.