“L’eau du robinet est un bien commun à défendre !”

Manifestation de 50 personnes devant la mairie-métropole d’Orléans ce jeudi 23 juin 2023 à l’appel du collectif Eau Secours Orléanais 45 qui défend une gestion publique de l’eau potable. En effet, le conseil Métropolitain doit décider le 12 juillet si cette gestion de l’eau reste privée pour huit ans ou devient publique à compter du 1er janvier 2024. Pour comprendre les enjeux, entretien avec Éric Vidal et André Bouchoule, président et vice-président de ce collectif.

Propos recueillis par Sophie Deschamps 

Eric Vidal et André Bouchoule du collectif Eau Secours Orléanais 45 contre le maintien de la privatisation de l’eau par la Métropole. Photo Sophie Deschamps

Quel est l’objectif du rassemblement de ce soir ?

Éric Vidal : Nous voulons faire pression sur les élus métropolitains. Il y a des documents qui circulent actuellement et qui montrent que ce qui sera vraisemblablement décidé, c’est de maintenir le statu quo, c’est-à-dire que la production de l’eau resterait confiée au privé. Ce qui est complètement à l’opposé de ce que nous mettons en avant. À savoir une gestion publique de l’eau parce que pour nous l’eau est un bien commun. Cela veut dire que les citoyens et les usagers qui par leur facture d’eau financent la totalité des dépenses de l’eau sont systématiquement mis à l’écart. 

Quels seraient selon vous les avantages d’une gestion publique de l’eau ?

E.V : Il y a en a plusieurs. Là, on commence à avoir d’importants problèmes de sécheresse. Ça veut dire qu’à un moment, il va bien falloir réfléchir aux usages, à la qualité de l’eau, aux pollutions… Or, l’intérêt d’un opérateur privé est de fournir une solution après, c’est-à-dire qu’il va remédier à une pollution mais sans chercher à la prévenir en amont. Il y a l’exemple d’Ingré avec l’installation d’une usine de dépollution il y a quelques années. Du coup, l’eau a augmenté de 70 centimes par mètre cube. Ce qui veut dire que ce sont les usagers qui payent pour les pollutions des agriculteurs.

En régie publique, on rencontrerait ces agriculteurs pour les aider à se convertir en bio tout en leur assurant un marché. En plus, au niveau santé tout le monde y gagnerait mais aussi au niveau de la facture et de la qualité de l’eau. 

Alors, ça paraît peut-être utopique parce qu’il y aura un moment de latence. L’eau ne sera pas pure d’un seul coup. Mais on peut tout à fait envisager des unités provisoires pour nettoyer l’eau avant de la distribuer au robinet. 

Des militants d’Eau Secours Orléanais 45 pour une gestion publique de l’eau devant la mairie d’Orléans Métropole le 23 juin 2022. Photo Sophie Deschamps

Que vous disent les élu·e·s que vous rencontrez ?

E.V : On a surtout l’impression de se faire balader depuis un petit moment parce que certains élus nous disent que la régie c’est bien, vous avez raison… sauf que ces élus pro régie se mobilisent seulement pour maintenir un embryon de régie sur leur territoire. Parce qu’aucune des neuf régies de la Métropole n’est totale puisque toute la production de l’eau est assurée par le privé. Donc, les élus ne nous suivent pas.

Une réunion importante le 27 juin du CCSPL

Sous cet acronyme barbare se cache la commission consultative des services publics locaux de la Métropole qui se réunit le 27 juin 2022 pour parler de l’eau justement. Mais selon André Bouchoule, vice-président d’Eau Secours Orléanais 45 « on est engagés sur cette question depuis de nombreuses années donc on connaît vraiment bien les dossiers de l’eau et de l’assainissement. Et la décision de la Métropole du 12 juillet est primordiale puisque tous les contrats, les DSP (délégations de service public, NDLR) tout s’arrête au 31 décembre 2023. Donc, il y a un champ libre et une possible nouvelle redéfinition de tous ces services. 

Quand on regarde ce qui se passe au niveau national, on s’aperçoit que de plus en plus de villes comme Bordeaux, Lyon, Paris, Nice, Grenoble, Rennes et bien d’autres sont repassées en régie publique de l’eau. Toutes ces collectivités estiment qu’il faut revenir à une vraie maîtrise interne de ces services publics pour assurer l’avenir. Et Orléans tourne le dos à ça pour des raisons purement idéologiques. Car même si actuellement,il est difficile de trouver des personnels pour faire tourner ces régies, ça se fait ailleurs et c’est principalement une question de volonté politique.

De plus, si Orléans confie toute la production potable de l’eau à Suez et Veolia, il n’y aura plus aucune compétence en interne pour apprécier si les opérateurs remplissent correctement leur mission et seront capables de réagir à des imprévus. Ce serait donc une décision totalement contraire à l’intérêt des usagers et à l’intérêt tout court du devenir de l’eau. »

Enfin les passant·e·s pouvaient lire hier de multiples slogans accrochés sur le mur en contre-bas de la mairie avec l’idée générale du bien commun précieux de l’eau mais aussi cet avertissement : « On ne connaît la valeur de la goutte d’eau que quand elle a disparu. »

À lire aussi : Quelle gestion de l’eau pour Orléans Métropole en 2024 ?

Commentaires

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  1. Merci Sophie Deschamps pour cet article !
    J’y ajouterais: le Trésor public ne cherche pas à faire de bénéfice, l’eau est vendue à son prix de revient, alors que le rôle d’une multinationale, comme Suez ou Veolia est de faire un maximum de bénéfice(s) sur le dos des usagers consommateurs…
    Cherchez l’erreur ?
    Pourquoi payer et/ou faire payer plus cher ce que nous pouvons avoir “au vrai prix” ?
    Qui a intérêt, parmi les élus métropolitains à faire payer plus cher les habitants de la Métropole ?

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