Législatives : une carte politique régionale plus équilibrée dimanche ?

Sauf à enregistrer une participation plus importante que dimanche dernier, le second tour des législatives devrait apporter quelques surprises. Le Rassemblement national pourrait décrocher deux sièges, tout comme les Républicains et la NUPES. Même affaiblie par rapport à 2017, la majorité présidentielle réunie derrière l’étendard Ensemble restera majoritaire (en sièges) dans la région.

Par Jean-Jacques Talpin

En 2017, la majorité macroniste (LREM et Modem) avait réalisé une véritable razzia dans la région en ne laissant que 8 sièges (dont Philippe Vigier recruté depuis par la majorité et Guillaume Peltier par Zemmour) à la droite républicaine et aucun à la gauche. Le résultat sera évidemment différent ce dimanche même si Ensemble est arrivé en tête dans 15 des 23 circonscriptions régionales avec de bonnes chances de succès. Seules exceptions à Vierzon où Nadia Essayan (Modem) a été battue par Nicolas Sansu (PCF) et à Tours où Philippe Chalumeau devrait laisser son siège à l’écologiste Charles Fournier. Dans la 4e d’Indre-et-Loire, la macroniste Fabienne Colboc devra batailler ferme face à Laurent Baumel (PS) pour conserver son siège. Mais partout ailleurs les têtes d’affiches d’Ensemble devraient passer le second tour sans trop de difficultés : Philippe Vigier, Marc Fesneau (mais c’est sa suppléante Mathilde Desjonquères qui siègera), Stéphanie Rist, Richard Ramos, François Jolivet…

La percée de la droite extrême

Dimanche, la NUPES, quel que soit son score, criera victoire. Pourtant dans la région la véritable surprise est venue – et viendra peut-être – du Rassemblement national- présent dans 12 des 23 duels du second tour en étant même arrivé en tête dans quatre d’entre eux (trois dans le Loiret, un en Loir-et-Cher). Certes Marine Le Pen a fait la course en tête lors de la présidentielle dans tout l’Est du Loiret : n’empêche le score réalisé dimanche par le RN (plus de 30% des voix) crève l’écran. C’est vrai de Thomas Ménagé à Montargis qui devance de plus de 10 points son adversaire communiste et qui devrait -sauf barrage républicain improbable – conquérir ce siège. Et cela d’autant plus que Jean-Michel Blanquer (qui veut former un recours contre son élimination) n’appelle à voter ni pour l’un ni pour l’autre. En revanche, même avec 31%, la RN Mathilde Paris, considérée comme une des étoiles montantes du parti d’extrême droite, aura du mal à confirmer face à Carine Barbier, nouvelle venue d’Ensemble (Modem). Même configuration en Loir-et-Cher où Emmanuelle Chaplaut (Ensemble) devrait battre Roger Chudeau (RN)

La déroute de la droite

Alors qu’elle préside les six conseils départementaux de la région, la droite républicaine a connu dimanche un des pires camouflets de son histoire. En effet 21 des 23 candidats présents sous l’étiquette LR ou UDI ont été éliminés dès le 1er tour et pire encore plusieurs députés sortants ont mordu la poussière : Claude de Ganay (Loiret), Sophie Métadier (Indre-et-Loire) et Pascal Brindeau (Loir-et-Cher). Pas meilleurs les députés qui se retiraient (Jean-Pierre Door ou Marianne Dubois dans le Loiret) n’ont pas su imposer leurs successeurs.  

La déroute est sévère dans le Loiret, département historiquement de droite, où LR comptait trois députés et avait même réalisé un grand chelem en en 2007. C’est vrai aussi en Loir-et-Cher où la droite ne qualifie aucun candidat pour le second tour après que ses deux hérauts Pascal Brindeau (ex-bras droit de Maurice Leroy) et Guillaume Peltier (élu en 2017 sous l’étiquette LR) aient été défaits.

Dans la plupart des circonscriptions les candidats LR-UDI ont été battus « à la régulière ». Parfois aussi la division des forces de droite, comme dans la 5e du Loiret, laissera un gout amer chez certains élus comme Claude de Ganay.

Dans ce naufrages deux sortants ont réussi à garder la tête hors de l’eau, Olivier Marleix en Eure-et-Loir et Nicolas Forissier dans l’Indre. Tous deux opposés à un candidat RN, ils devraient logiquement retrouver leur siège dimanche même si Olivier Marleix devra batailler ferme face à Aleksandar Nikolic, la relève du RN.

Un, deux ou trois sièges pour la gauche ?

Dans la région la gauche unie qui – anomalie ? – dirige le conseil régional nourrit des espoirs beaucoup plus modestes qu’il y a quelques semaines. Seule quasi-certitude le leader régional des Verts Charles Fournier (39,6%) devrait conquérir la 1ère d’Indre-et-Loire considérée il est vrai comme la circonscription la plus à gauche de la région. Avec 39% des bulletins au 1er tour et quelques réserves de voix il peut espérer l’emporter sur Philippe Chalumeau député sortant macroniste qui pourrait cependant bénéficier du report des voix de Philippe Lebreton, candidat LR à 11,85%. Mais difficile pour le sortant LREM de remonter l’écart de 4 000 voix qui le sépare de Philippe Fournier.

Mais portée par la dynamique mélenchoniste la gauche régionale rêve aussi de conquérir deux autres sièges : dans la 4e d’Indre-et-Loire le socialiste Laurent Baumel veut remettre les compteurs à zéro face à son adversaire Fabienne Colboc d’Ensemble et reconquérir son siège perdu en 2017. Il serait alors le seul député socialiste de la région. Espoir aussi à Vierzon où le communiste Nicolas Sansu affronte Christine Poly du RN. La battue Nadia Essayan (Modem) ayant appelé à voter pour lui Nicolas Sansu pourrait reconquérir cette circonscription historiquement de gauche. Ce sera plus difficile à Montargis où le communiste Bruno Nottin affront le RN mais sans le renfort d’un front républicain valide.

La carte politique régionale devrait donc être quelque peu rééquilibrée dimanche soir avec sans doute toutes les composantes représentées. Même sans proportionnelle la diversité politique réussit donc à s’imposer quelque peu, certes moins qu’aux Européennes, prochain combat électoral programmé en 2024.

Commentaires

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  1. Où l’on remarque que , hormis madame Essayan , pour la droite lr ou lrm , c’est encore et toujours « plutôt Hitler que le front populaire « , sauf bien entendu lorsqu’il s’agit de sauver le soldat Macron en ressortant un front républicain sur option …

  2. Je regarderai quand même avec curiosité le résultat de la deuxième du Loiret , où Emmanuel Duplessis , le candidat de la gauche écologiste a créé la surprise au premier tour en talonnant de 4 points la députée sortante , alors que de brillants observateurs prédisaient à tous coups un duel lrm lr …

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