Le 2 juin dernier se tenait l’assemblée générale de la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire du Centre Val-de-Loire. L’occasion pour une quarantaine d’acteurs de l’ESS de se retrouver en présentiel dans un lieu charmant à l’extrême nord du département du Loiret dans la salle-grange du Théâtre des Minuits, entouré d’un jardin au charme reposant. En plus des délibérations statutaires, ce fut aussi l’occasion de faire le point de l’action de la Chambre dans le nouvel environnement économique régional résultant des crises successives que nous connaissons. Caroline Dumas, directrice de la CRESS, nous fait ici le point sur cette année 2021 et les perspectives 2022.
Le Théâtre des Minuits photo GP
Propos recueillis par Gérard Poitou
Magcentre: Quelle évolution pour la Cress en cette année 2021?
Caroline Dumas: Encore une fois, c’est au moment où il y a des crises sociétales et environnementales, que les solutions et le mode d’entreprendre de l’ESS prennent toute leur importance. L’ESS génère un nouvel intérêt et les passerelles entre les différents mode d’entreprendre* sont en train de se tisser et de se consolider “grâce” paradoxalement à cette situation de crises. De plus, 2021 est l’année d’émergence et de la reconnaissance des tiers-lieux comme des espaces d’invention, et comme des réponses aux problématiques citoyennes. 2021 a été aussi pour la structure Cress une année de transition dans l’évolution de notre fonctionnement interne.
Magcentre: Comment s’est traduit pour la Cress cet intérêt renouvelé pour l’économie sociale et solidaire ?
CD: Au niveau de la Région d’abord, mais aussi d’autres collectivités comme les EPCI , les métropoles ou les agglos, l’économie sociale et solidaire notamment via la CRESS est de mieux en mieux identifiée et installée comme interlocuteur privilégié sur toutes les questions de développement économique. Avec la Région c’est aussi tout le travail sur les tiers-lieux qui est venu renforcer notre proximité, mais c’est aussi notre présence sur tout le territoire, je pense par exemple à l’agglomération de Bourges+ qui a maintenant une politique très offensive pour permettre le déploiement des acteurs de l’économie sociale et solidaire sur son territoire qui va nous permettre de renforcer notre proximité en étant directement présent sur ce territoire.
Magcentre: Au niveau interne, 2021 est aussi une anné d’évolution pour la Cress ?
CD: Il y a eu trois créations de poste liées à cet important programme de développement des tiers lieux, plus des embauches liées à une réorganisation des missions de la CRESS. Nous avons aussi créé des postes en apprentissage parce qu’il est important pour nous de renforcer la participation et l’adhésion des jeunes à notre projet social.
Nous avons renforcé deux axes, le premier sur l’information à l’entreprenariat social et solidaire et pour ça nous avons deux outils, le premier est une plateforme internet qui s’appelle ESSOR Centre Val-de-Loire qui couvre largement l’ensemble des offres en matière d’accompagnement et de financement à la création et au développement d’activité de l’économie sociale et solidaire. Et puis, de nouveau avec la sortie de la pandémie, nous pouvons faire des réunions d’information en présentiel selon différents formats pour expliquer ce modèle entrepreneurial et aussi vérifier que l’on est entrepreneur ESS compatible, aussi bien dans ses valeurs, dans son mode d’entreprendre ou par la typologie d’activités.
Magcentre: Plus particulièrement en direction des jeunes ?
CD: Effectivement, les jeunes sont aujourd’hui en quête de sens sur leur avenir professionnel, ils réinterrogent la place du travail dans leurs vies, mais il y a aussi un autre public, celui des reconversions autour de la crise de la quarantaine. Nous rencontrons des professionnels qui sont en situation de travail et qui se questionnent sur un travail absent de sens ou en tout cas qui ne correspond plus aux valeurs qu’ils souhaitent porter.
Magcentre: Pour 2022, la Cress présente un budget en hausse, pour quels projets ?
CD: En 2022, on a effectivement un budget en hausse lié au plan de relance avec un premier projet qui est l’accompagnement à la structuration d’un réseau régional des tiers lieux pour permettre à ces acteurs d’être connus et reconnus et de consolider leur dynamique. Le deuxième enjeu, c’est de faire en sorte que la prise en compte de la transition écologique et énergétique soit présente dans l’ensemble de nos actions et de contribuer à accompagner nos entreprises de l’ESS à faire leur propre transition. C’est un engagement très fort sur lequel on espère pouvoir obtenir le soutien concret de l’ADEME. Politiquement, il parait important que les services de l’état reconnaissent toute la place et les enjeux portés par l’économie sociale et solidaire sur cette question de transition écologique et énergétique. Ça passera aussi par des formations aux achats écologiquement responsables sur lesquels les collectivités nous attendent beaucoup. Et le troisième enjeu c’est l’organisation d’un maillage territorial, parce que l’ADN de l’économie sociale et solidaire, c’est d’être présente dans les territoires, donc il est important qu’avec la CRESS, on s’organise pour être le plus présent et le mieux connecté aux territoires, d’une part pour mieux représenter tous les acteurs des territoires et d’autre part pour permettre à tous les dispositifs que nous développons de rencontrer les acteurs locaux et d’évoluer en fonction des problématiques qu’ils peuvent rencontrer au quotidien.
*Illustration de cet intérêt réciproque, la présence à cette assemblée générale de Jacques Martinet, président de la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie Centre Val-de-Loire.
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