Jeudi soir à l’Institut, l’ensemble vocal Anonymus, dirigé par Anne-Cécile Chapuis, collaboratrice régulière de Magcentre, proposait une croisière sur le Danube, et en profitait pour rendre hommage aux Ukrainiens. Un magnifique voyage dans le temps et dans l’espace, et surtout dans l’émotion des voix aux couleurs de l’Est.
Par Bernard Cassat
L’ensemble Anonymus jeudi soir à l’Institut. Photo BCUne première partie choisie parmi les pièces de compositeurs anciens (complétés par Rachmaninof et Pärt) proposait des morceaux religieux. Des pièces courtes dont la brièveté demandait une très grande précision. Qui a permis à l’ensemble vocal de trouver l’ampleur que la culture musicale russe emprunte à ses paysages, même pour prier Dieu. Les basses très présentes, les variations d’intensité, les réponses des aigus et les alternances de violence et de douceur ont fait vibrer ces chants avec beaucoup d’émotion. Deux pièces du compositeur ukrainien Dimitri Borniantsky, l’une pour ouvrir et l’autre pour fermer cette première partie, ont rappelé le soutien à ce pays en souffrance. Des rubans bleus et jaunes appuyaient l’hommage. Mais nombre de pays qu’arrose le Danube étaient représentés, Tchéquie avec des œuvres de Zelenka, Slovénie par Gallus, Russie (qui n’est pas arrosée par le Danube) par Tchaïkovsky, Kedroff et Rachmaninov, et même l’Estonie, elle aussi en dehors du bassin hydrographique, avec Arvo Pärt.
Des chants de la culture populaire du XXe siècle
Dans une deuxième partie plus païenne, l’ensemble Anonymus a complété la représentation des pays danubiens avec les Hongrois Bartok et Kodaly. Les Tchèques Janacek et Dvorak, inévitables dans ce voyage à l’Est, ont trouvé leur place. Des chants plus populaires que la première partie, ancrés dans la musique traditionnelle. Plus festifs, aussi, plus alertes, plus malicieux. Avec le tempérament de chaque compositeur, mais dans une grande unité de l’ensemble vocal. Ils reprenaient tous les thèmes classiques de la culture populaire, racontant les espérances amoureuses, les chagrins et les peines. Cinq petits poèmes mis en musique par Dvorak dans un recueil regroupant des Chants moraves donnaient, presque comme des haïkus japonais, de magnifiques images musicales simples, profondes et émouvantes. Anne-Cécile a souligné tout le travail de l’Ensemble sur la langue tchèque, et salué la qualité de Jacky Ragot, pianiste accompagnateur mais aussi arrangeur et répétiteur.
Le beau Danube bleu, celui de Vienne, a bien sûr terminé le concert. Suivi en deuxième bis par la reprise d’une pièce de Borniantsky. Anne-Cécile faisait chanter la réponse au chœur par le public nombreux et fervent, un public très averti musicalement qui a dégusté ce programme avec plaisir. Le travail des 18 chanteurs de l’ensemble et l’énergie de sa direction en ont fait un magnifique moment de musique vocale.
Ensemble Anonymus
Soprani : Sylvie Borel, Marie-Noël Charles, Aurélia Chambolle, Marie-Jo Chassigneux, Laurence Goudjo
Alti : Colette Lacroix, Agnès Thiery, Nicole Tricot, Thérèse Verkest, Véronique Virgery-Laferrière
Ténors : Jean-Claude Dion, Jean Dufour, Guillaume Idier, Patrick Tinseau
Basses : Camille Echard, Frédéric Labergere, Fabrice Labrousse, Michel Thierry
Piano : Jacky Ragot
Direction : Anne-Cécile Chapuis