Après deux jours de projections, de tables-rondes et de master classes, le festival a éteint ses lumières. Bilan positif du côté des professionnels présents, on peut regretter la désaffection du public régional. La qualité de la sélection, pourtant, a rendu difficiles les votes des différents collèges.
Par Bernard Cassat
L’effort commercial, de Sarah Arnold, grand prix du jury et prix des lycéens.
Les lycéens et le jury ont décerné leur prix au même film, L’effort commercial, de Sarah Arnold. Pour un emploi saisonnier, Léa prend ses fonctions de caissière dans une grande enseigne de supermarché. Nour, une caissière enceinte que le planning fait rester debout aux caisses automatiques, fait une fausse couche à trois mois de grossesse en plein travail.
Le traitement totalement cinématographique du milieu de travail met en exergue la déshumanisation (il n’y a pas de client et les caissières font les gestes sans objets) non seulement du travail lui-même mais aussi de l’organisation. Images nues, environnement implacable, répétition gestuelle à outrance. L’effort commercial de Sarah Arnold est d’une force, d’une rigueur et d’une cohérence exceptionnelle.
Un monde sans cris, de Ted Hardy-Carnac, prix du public
Le public a voté pour Un monde sans crise, de Ted Hardy-Carnac. L’idée est très ingénieuse, traiter les relations amoureuses comme on traite le travail, avec des CDD et des CDI. Et tous ceux qui n’ont rien, les célibataires, sont antisociaux, virés de chez eux, rejetés des cinés et des boites de nuit. Il y a donc des rendez-vous d’embauches. C’est drôle et à la fois terrifiant, parfaitement réalisé avec des moments forts. L’actrice (Thifaine Haas), à l’énergie genre Laure Calamy, séduit de bout en bout.
Too Rough, de Sean Lionadh, prix spécial du jury
Le prix spécial du jury revient à Too Rough, de l’écossais Sean Lionadh. Film très dur, comme son titre l’indique, sur l’homosexualité inacceptable chez les jeunes prolos, surtout lorsque l’ami est étranger. Au point qu’il ne peut sortir de la chambre au matin pour ne pas rencontrer la famille. Situation burlesque mais qui met très mal à l’aise, ce court, coup de poing dans la misère sociale, rassemble plusieurs thématiques et va jusqu’au bout.
Le bilan de cette deuxième édition est très positif. Les professionnels du cinéma présents, réalisateurs, interprètes ou producteurs, sont repartis d’Ingré en se disant qu’un nouveau festival important s’installait. Le public orléanais s’est pourtant fait remarquer par son absence. Il va de soi que les courts métrages attirent moins que les longs. C’est pourtant une école très importante de cinéma. Et le travail acharné des équipes de courts sont bien sûr une pépinière de talents qui se cherchent, qui proposent de nouvelles idées, de nouveaux regards. Espérons que les séances trimestrielles prévues par l’Aspac au cinéma Les Carmes seront un bon appui pour construire un public.