Le Festival du Film de Demain a pris ses quartiers cette semaine. Jusqu’à dimanche soir, sur les écrans du Ciné Lumière, à Vierzon, des films engagés seront présentés. Le monde n’en sera probablement pas changé pour autant. Au moins, les questionnements sur notre société auront été mis en avant. C’est déjà pas si mal…
Par Fabrice Simoes
C’est le temps des premiers pas, celui des premiers rôles, celui des premières et des avant-premières même. En ce milieu de semaine, c’est à Vierzon que le premier FFD a ouvert son premier rideau. Une avant-première en guise d’amuse-gueule de trois jours pleins de films, de master-class et de compétitions. Sur l’esplanade de la Française, devant les verrières classées de l’ancienne usine de machines agricoles, d’abord, de tracto-pelles ensuite, le « village gastronomique » a pris ses aises.
Pas mal le principe de boire un coup, de causer un bout, et puis de rejoindre les salles obscures. Comme à Cannes, mais en mieux assurément, on monte les marches. Des petites, mais larges. On avait dit pas de tapis rouge mais, finalement, il est déroulé quand même. Moins long, moins m’as-tu-vu. Une poignée de photographes pour immortaliser l’invité-e, le-la quidam, sa compagne, son compagnon, sa famille si besoin. Devant l’inévitable affiche du festival, les spectateurs se retrouvaient figés sur la pellicule, plus sûrement sur une carte Sim, avant de rejoindre l’entrée du cinéma. Cela fera bien une bonne raison de se marrer pour les générations futures.
Et puis y a ceux qui ont le pass 4 jours en bandoulière. Et puis y a ceux qui n’ont que celui du jour. Et puis y a ceux qu’arborent les bénévoles. Paraît que pour assurer le coup il en fallait une centaine. La plupart portent des marinières. C’est ici le dresscode du volontaire. Vierzon port de pêche. Ils canalisent derrière et devant les barrières, comptent et vérifient aux entrées, conduisent les voitures. Pas celles de maîtres. Que nenni. Ici, « ici, c’est Vierzon », lancerait tout bon supporter si la tribune populaire existait. On n’a peut-être pas le droit de s’arroger la mémoire des prolos du cru, mais on peut, pour le moins, jeter à l’encan quelques images du capital gavé et remplacer Rolls et Bentley par des minibus.
Un festival sociétal
Dans la salle copieusement garnie, sur la scène, devant le grand écran blanc, Pauline Lefevre a soigné son flow pour sa première apparition en maîtresse de cérémonie. Sur la scène, devant le grand écran blanc, le maire de Vierzon, Nicolas Sansu – on ne peut pas dire qu’il est candidat pour les législatives sous peine de rappel à l’ordre outragé – a réussi, en 2 minutes à peine, à citer Malraux « La culture c’est ce qui fait que l’homme est autre chose qu’un accident de l’univers » et placer, en suivant, « Nouvelle Union populaire ».
Sur scène, devant le grand écran blanc, La Bajon devenue pour un temps la copine de la Lucienne des Vamps, a rappelé quelques principes de ce nouveau festival. Pour ceux qui aurait raté la partie « film sociétal », elle a souligné que les films en compétition allaient parler de « pervers narcissique, de montée des eaux, de mondialisation, de pollution, de violences faites aux femmes, des trans, de l’adoption et de racisme ». De quoi s’interroger sur l’avenir de la planète et plomber l’ambiance…
Pour éviter l’utilisation intempestive du calibre 12 ou d’un nœud coulant et autres attributs du manuel du suicide réussi, sur la scène, devant le grand écran blanc, Olivier Baroux et Tarek Boudali ont fait le show pour présenter, en avant-première, alors que la sortie officielle n’aura lieu qu’à la mi-juillet, leur dernier film Menteur. Un film pour rire aussi de nos travers. La réflexion à travers le rire, vous voyez facilement le cheminement.
Au total ce sont neuf films qui sont ainsi en compétition. D’ici à dimanche soir, après l’annonce des résultats, on va pouvoir se rendre compte, ou pas, que, finalement, raconter des histoires peut changer le monde. A chacun de se faire une idée.
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