Le Festival de théâtre, musique et danse de Fay aux Loges, village situé le long du canal d’Orléans, a été créé en 2018 sous l’impulsion du maire Frédéric Mura et du Directeur artistique de la Compagnie théâtrale Clin d’œil, Gérard Audax. Après les vicissitudes dues à la pandémie, voilà le Festival reparti pour le plus grand plaisir de la population de Fay et des alentours. MagCentre y est allé faire un tour…
Par Bernard Thinat
Par un vendredi en fin d’après-midi, la « Compagnie Entité », un groupe de danseuses et danseurs hip-hop venus de Tours, a rempli la (trop) petite salle située derrière l’ancienne usine du canal. Acrobaties, tours et roulades au sol, équilibres sur les mains, ont ravi le public, petits et grands, sur une musique tantôt enregistrée, tantôt venue d’un étrange appareil sur lequel pianotait un musicien.
L’heure du dîner étant venue, beaucoup gagnèrent les barnums, un traiteur proposant un menu complet pour 15 €, l’animation musicale étant assurée par les « frères Lambert », couple de musiciens interprétant des chansons de 1930 à 2000. Et pendant ce temps, Cendrillon chaussait ses pantoufles de vair.
Cendrillon
C’était, sans faire injure au reste de la programmation du Festival, sans doute l’affiche phare, d’autant plus que la version présentée par la Compagnie du « Théâtre régional des Pays de la Loire » a été écrite par Joël Pommerat dont on a pu très récemment voir « Contes et Légendes » au CDN d’Orléans, dernière création de l’auteur et metteur en scène.
Le thème de Cendrillon a été utilisé à de nombreuses reprises. Rudolf Noureiev l’a transposé à Hollywood dans les années 1930, le prince devenant réalisateur de film, King Kong y faisant un passage des plus remarqué. Pommerat a choisi la transposition à l’époque actuelle, insérant l’héroïne de Perrault dans une famille recomposée, son père se remariant avec une femme ayant déjà deux grandes filles. Les voici cinq à la maison, Cendrillon se voyant attribuée une cave en guise de chambre, préposée à tous les travaux ménagers. L’esclavagisme moderne affleure dans la version de Pommerat écrite en 2012. Mais voilà que roi, prince et fée donnent un tournant à l’histoire. Fallait bien !
C’est le thème de la mort de la mère qui ressort du texte de Pommerat, comment un enfant perçoit la mort de sa génitrice, ce qu’on lui cache, les souvenirs qu’il en garde, et le cordon qu’il faut bien couper à un moment lors de l’entrée dans l’âge adulte.
Le metteur en scène de la compagnie basée aujourd’hui à Cholet, Camille de La Guillonnière, s’adresse à tous les âges du public, déployant des trésors d’humour, jeux de scène, costumes, et donnant à la narratrice, personnage du texte de Pommerat, un langage double, langue orale et langue des signes, peut-être manière de souligner la lecture multiple du personnage de Cendrillon.
Tonnerre d’applaudissements dans l’usine du Canal, pleine à craquer, ce qui fit tellement plaisir aux artistes.
A suivre : entretiens croisés avec le Maire de Fay et son Adjoint à la culture