Elsa Lombard et Constant Foucher s’apprêtent à partir douze mois sur leur vélo pour des contrées lointaines. Mûrement préparé leur périple aura aussi pour objectif d’aborder la sobriété énergétique avec les personnes rencontrées.
Par Jean-Luc Vezon
« Dans le jargon du vélo, un « bon de sortie » est une échappée accordée à un ou plusieurs cyclistes qui ne sont pas considérés comme dangereux par le peloton. Ils peuvent filer en toute liberté sans que personne ne les empêche d’aller au bout. Ce « bon de sortie », nous avons décidé de nous l’accorder durant une année », explique à l’unisson ce jeune couple de blésois qui a imaginé ce projet durant le confinement.
Les motivations d’Elsa et Constant sont multiples et s’expriment joliment dans leur dossier de presse : “Pour donner de la vie à nos années, pour sortir de notre zone de confort, pour multiplier et intensifier les rencontres, pour redonner aux distances leur pleine dimension, pour déconnecter, pour nous reconnecter à la nature et à notre propre nature, pour profiter lentement de ce qui nous entoure…” tout est dit ou presque.
Surtout, au retour de leur voyage-expérience, le couple réalisera un documentaire dont le fil rouge sera de valoriser les vertus de la sobriété observées tout au long du périple. Un clin d’œil à Pierre Rabhi, l’auteur du livre « Vers la sobriété heureuse » en 2010. La vidéo compilera également les réponses à une double question qui sera posée aux hommes et femmes rencontrés sur le chemin : “Qu’est-ce qui vous rend heureux, et faites-vous assez pour ça ? ”
« Pour donner de la vie à leur vie », comme l’écrit Claude Marthaler dans Voyages sellestes, les montagnes du monde à deux roues (Glénat) , Constant a pris une année sabbatique et … vendu sa voiture. Fini le stress de la vie moderne et la routine de son métier de communicant au centre de production d’électricité nucléaire de Saint-Laurent-Nouan. En CDD chez Go Sport, Elsa a elle aussi pu se libérer.
Alors que Constant, 31 ans, possède de belles références à vélo avec notamment un tour en Europe en 2014 et le trek de Gokyo Ri dans l’Himalaya, Elsa se prépare activement à parcourir de 20 à 100 km par jour. Pour affronter ce défi physique quotidien, la jeune femme de 24 ans fréquente assidûment la salle de sport.
Un équipement haut de gamme
Pour voyager dans de bonnes conditions, le duo a investi près de 10 K€. Soucieux d’aller loin, il a opté pour un vélo allemand de voyage en acier. Véritable référence des baroudeurs à vélo, le SF Fahrradmanufaktur TX-400 doit les mener au bout de leurs rêve. Une bête de 16 kg avec une capacité de charge de 170 kg (quatre sacoches) et un triple plateau pour passer les cols . Dans les bagages, vêtements, réchaud, nourriture, mais aussi GoPro, enceinte bluetooth panneaux solaires pliables pour recharger les téléphones et, bien sûr, l’indispensable tente pour dormir partout.
Mais, le couple envisage aussi quelques nuits en auberges ou chez l’habitant grâce à l’application Warm Showers qui propose un système d’échange gratuit d’hébergement entre cyclo-randonneurs à travers le monde.
Prévoyant, Constant a aussi suivi un mini stage de mécanique chez Véloland Vineuil histoire de maîtriser la technique pour réparer rapidement une roue crevée, changer un rayon ou une chaîne cassée. Un vélo, ça se bichonne, ma bonne dame !
Prévu le 26 juin, le départ de l’aventure sera donné de Courbouzon. Direction, la Bourgogne, Grenoble puis l’Italie, la Turquie et l’Asie du sud-est (Vietnam, Cambodge). La suite ? « Elle sera déterminée par des lieux, des personnes, des instants… véritables carrefours pour nous orienter. Il paraît qu’on ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où on va. Mais à vélo, rien n’est jamais écrit ! » assure le couple.
« De toute façon, l’idée est de se laisser porter. De vivre l’instant. De laisser de côté le matérialisme de nos vies », conclut Constant. Très confiant, ce dernier ne redoute finalement pas grand-chose … à part les moustiques.