La première édition du Festival du Film de Demain consacré à des œuvres « sociétales » se déroulera du 2 au 5 juin prochains, dans la deuxième ville du Cher. Une dizaine d’œuvres, et plusieurs films en avant-première, sont en lice pour glaner l’un des divers prix décernés. C’est Corinne Masiero qui présidera le jury.
Par Fabrice Simoes
Sur les marches du Centre des congrès, à Vierzon, comme à Cannes, des vedettes du cinoche, ça devrait avoir de la gueule. Par contre, pour le tapis rouge, pas évident d’en avoir un. Par contre, pour les selfies, pas certain qu’ils soient interdits. Par contre, pour les robes de soirées, pas obligés de sortir de l’armoire des créations à plusieurs dizaines de milliers d’euros le bout de tissu. Par contre, le prolo ne sera pas parqué derrière les barrières… ou alors le premier FFD, le festival du Film de demain, passera à côté de sa plus simple expression.
Un festival du film à l’objet ciblé comment ne pas le faire à Vierzon, ville où être qualifié de prolo n’est pas un gros mot mais une référence et une qualité ? Ville où la désindustrialisation a fait des ravages. Ville où l’on relève la tête souvent, toujours… ici, les couturières de Julietta et des ateliers de confection auraient mérité un film. Les licenciés de Case, leurs engins défilant dans les rues de la ville ça valait aussi des bouts de pellicules. Quant aux gueules des ouvriers de la porcelaine, celles des cheminots du dépôt, tous ceux-là auraient si bien capté la lumière. Le festival vierzonnais arrive un peu tard pour ces gens-là. A l’inverse il arrive à point pour les damnés de la terre de maintenant et les exclus de toujours, les violentés de la société, ceux qui sont touchés dans le physique ou le psychique.
Un festival engagé pour changer les choses
L’objectif de cette manifestation cinématographique est de mettre en avant des films engagés. Louis-Julien Petit, le réalisateur des Invisibles (2018) et de La Brigade (2022), qui habite dans le Cher, est l’un des initiateurs du projet. A Vierzon, lui et ses compères organisateurs, Camille Carteret et Mathieu Petit Bonnefond, ont trouvé auprès du propriétaire du ciné Lumière, Francis Fourneau, et du maire de la commune berrichonne, Nicolas Sansu, des oreilles attentives au message qu’ils souhaitaient transmettre. Durant les deux ans de réparation, et Covid oblige, le projet a mûri avant d’aboutir à sa mise en place cette année. Si les grands enjeux de société, de l’intégration aux discriminations sociales, ethniques, sexuelles en passant par le changement climatique, sont les sujets de chaque production, le format est quant à lui “décloisonné”. A l’heure de la sélection des films, Mathieu Pierre Bonnefond déclarait ainsi, en début d’année, au journal La Croix, que ce festival était « ouvert aux longs métrages de fiction, de l’univers de la télévision, du cinéma en passant par celui des plateformes… »
L’équipe explique que « le FFD, c’est avant tout la conviction que la culture peut être un puissant vecteur de changement dans une société où la parole se libère de plus en plus. L’ambition de créer une plateforme d’expression pour des cinéastes engagés et mettre la lumière sur les enjeux qui façonnent la société d’aujourd’hui et dessinent celle de demain. » Ce sont neuf films qui ont été sélectionnés, dont 4 avant-premières dont les équipes des films seront présentes.
Par exemple, Alexandra Lamy viendra, comme réalisatrice, présenter son nouveau film Touchées, un film sur la rédemption des femmes violentées. Cette première édition comptera aussi une belle brochette d’invités avec, entre autres, Coline Serreau, Julie Ferrier ou Anne Parillaud pour des master class, mais aussi Bernard Campan, Audrey et Alexandra Lamy, Jérôme Commandeur, Tarek Boudali, Mélany Doutey, etc.
Pour assister aux projections, les organisateurs ont opté pour un Pass global qui permettra d’assister à l’ensemble des projections et master class et un Pass journalier.
Le jury devrait être composé du réalisateur Xavier Legrand (Jusqu’à la garde), des actrices Naidra Ayadi (Polisse), Julia de Bona (Le Bazar de la charité) et Fatou Kaba (Validé) ainsi que le musicien et acteur Axel Auriant (Skam). Cinq prix – baptisés “L’envol” et fabriqué à partir d’acier recyclé, par le sculpteur Ned Marlau – seront attribués pour le Meilleur film, la meilleure réalisation, le meilleur acteur, la meilleure actrice, le meilleur scénario. Un prix du public complétera la liste des récompenses.
Enfin, pour un festival où les travers de la société sont au premier plan, il fallait une référence dans l’engagement pour tenir le rôle de président(e) du jury. Un peu éloignée de la Capitaine Marleau de la télé, c’est Corinne Masiero qui va s’y coller.
Engagé, vous avez dit engagé ?
Les films en compétition :
Neneh Superstar de Ramzi Ben Sliman ; Brillantes de Sylvie Gautier ; Costa Brava, Lebanon de Mounia Akl ; L’enfant de personne de Akim Isker ; Flashback de Caroline Vigneaux ; De l’autre côté du ciel de Yusuke Hirota ; Aya de Simon Coulibaly Gillard ; A la folie de Andréa Bescond et Éric Métayer ; Je tremble, ô matador de Rodrigo Sepúlveda
Les Avant-premières :
Menteur de Olivier Baroux ; Touchées de Alexandra Lamy ; Irréductible de Jérôme Commandeur ; La dégustation de Ivan Calbérac
Projection “Coup de coeur :
C’est toi que j’attendais de Stéphanie Pillonca