Expo : les Pionnières des Années folles à Paris

C’est une exposition exceptionnelle et incontournable proposée par le musée du Luxembourg à Paris. Pionnières nous fait en effet (re)découvrir avec talent les nombreuses artistes femmes qui ont marqué cette époque folle et faste des années 20. 

Par Sophie Deschamps 

Expo Pionnières, Paris. Tableau de Tarsila do Amaral, “Une famille”, 1925. Photo Sophie Deschamps

Pionnières, Artistes dans le Paris des Années folles fait partie de ces expositions parisiennes qui feront date tant elle est captivante. Sa principale qualité est de mettre en pleine lumière des artistes femmes des années 20. Très peu sont malheureusement passées à la postérité à l’instar de la brésilienne Tarsila do Amaral, (voir photo ci-dessus) oubliée en France alors que c’est une véritable star dans son pays.

Les années 20, période faste pour les femmes 

Entre 1918 et 1931 Paris devient donc la capitale mondiale des arts mais aussi une ville dans laquelle les femmes françaises et celles immigrées de l’Est de l’Europe peuvent s’émanciper artistiquement mais aussi sexuellement. Ce que décrit le roman La Garçonne de Victor Margueritte publié en 1922. Frappé d’interdiction dès sa sortie, il atteindra toutefois en quelques années le tirage exceptionnel de 600 000 exemplaires. 

Même si elles n’arrivent pas à obtenir le droit de vote dans l’entre deux guerres « Les Années folles sont un moment extraordinaire de reconnaissance de la créativité des femmes » souligne Camille Morineau, commissaire de l’exposition dans le hors-série Beaux Arts qui lui est consacrée. 

Car les femmes osent tout à cette époque dans la ville-lumière. Elles ouvrent des cabarets comme La vie parisienne au début des années 30 par la chanteuse Suzanne Solidor. Celle-là même que l’on retrouve sur l’affiche de l’expo peinte par Tamara de Lempicka. Des librairies aussi comme la célèbre Shakespeare and Company ouverte en  1919 par l’américaine Sylvia Beach et qui existe toujours, rue de la Bûcherie ! Sans oublier bien sûr Colette, l’une des rares écrivaines d’avant-guerre à être passée à la postérité.

Le sport est aussi en pleine effervescence chez les femmes à cette époque avec notamment la joueuse de tennis Suzanne Lenglen dont un cours de Roland Garros porte son nom. Ou bien encore l’aviatrice loirétaine Adrienne Bolland, première femme à traverser la manche et surtout la Cordillère des Andes le premier avril 1921.

Une vision féminine du corps des femmes 

Les femmes ont aussi pour la première fois la possibilité de représenter leur corps avec un regard différent de celui des hommes. Si certaines comme Tamara de Lempicka n’hésite pas à montrer le désir entre femmes (Perspective ou les deux amies), d’autres comme la peintre espagnole Marie Blanchard font valoir que la maternité n’est pas forcément la panacée ni la seule façon pour une femme de s’épanouir. Non c’est dans leurs oeuvres que ces artistes veulent se réaliser et non en tant que muse ou modèle comme c’est encore trop souvent le cas en ce début de vingtième siècle.

Plus inattendues, l’exposition donne à voir également de très belles poupées et marionnettes. De styles très variés et fabriquées pendant la première guerre mondiale pour gagner sa vie. Elles sont signées de la russe Marie Vassilieff, de la suissesse Sophie Taeuber-Arp ou bien encore de la polonaise Stefania Lazarska. 

Des femmes curieuses aussi de ce qui se passe ailleurs notamment en Afrique mais avec une approche d’ethnographe. C’est ainsi que la talentueuse sculptrice parisienne Anna Quinquaud(1890-1984), première femme à obtenir le Prix de l’Afrique-Occidentale en 1924, va faire connaître à travers ses oeuvres africaines l’ethnie Peul ou bien encore les Foulah.

 

Femmes artistes présentes dans l’exposition :

Tarsila do Amaral, Alice Bailly, Aleksandra Belcova, Anna Béöthy-Steiner, Maria Blanchard, Romaine Brooks, Marcelle Cahn, Claude Cahun, Émilie Charmy, Franciska Clausen, Irène Codreanu, Lucie Cousturier, Sonia Delaunay, Germaine Dulac, Gisèle Freund, Natalia Gontcharova, Alice Halicka, Nina Hammett, Rita Kernn-Larsen, Marie Laurencin, Stefania Lazarska, Tamara de Lempicka, Sarah Lipska, Marevna, Jacqueline Marval, Marlow Moss, Mela Muter, Chana Orloff, Anton Prinner, Anna Quinquaud, Juliette Roche, Germaine de Roton, Amrita Sher-Gil, Sophie Taeuber-Arp, Suzanne Valadon, Gertrud Vanderbilt Whitney, Marie Vassilieff, Gerda Wegener

Exposition Pionnières jusqu’au 10 juillet 2022 au Musée du Luxembourg :

tous les jours du lundi au dimanche de 10h30 à 19h, nocturne le lundi jusqu’à 22h.

19, rue de Vaugirard Paris 6e 

  • RER : ligne B, arrêt Luxembourg (sortie Jardin du Luxembourg)

  • Métro : ligne 4, arrêt Saint Sulpice ; ligne 10, arrêt Mabillon ; ligne 12, arrêt Rennes

  • Bus : lignes 58, 84, 89, arrêt Musée du Luxembourg ; lignes 63, 70, 86, 96 arrêt Église Saint-Sulpice

À lire aussi : Les pionnières de la Belle Époque

Photo de Une : l’affiche de l’exposition Pionnières, Artistes dans le Paris des Années folles sur les grilles du jardin du Luxembourg tout près du Musée du Luxembourg où l’expo se tient jusqu’au 10 juillet 2022

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