Le film est remarquable par sa mise en scène du processus d’élaboration d’une pensée philosophique: Hannah Arendt* est une philosophe “politique”, juive allemande réfugiée aux Etats Unis en 1941, elle décide, en 1961, de couvrir pour un journal new yorkais le procès d’Adolf Eichmann, responsable logistique de l’extermination de centaine de milliers de juifs en Europe.
Alors que le monde entier voit dans ce criminel nazi le mal absolu, Hannah Arendt (magnifiquement interprétée par l’actrice Barbara Sukowa) découvre en Eichmann un chef de gare procédurier et développe le concept de “banalité du mal” . Ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas pour Hannah Arendt, de disculper Eichmann, mais bien de réfléchir au phénomène intellectuel qui conduit un fonctionnaire zélé à devenir le serviteur de la pire barbarie.
Celle qui fut l’élève préférée d’Heidegger, philosophe allemand ayant lui même adhéré au parti nazi, devient alors la cible d’une violente polémique aux États Unis comme en Israël, et la pugnacité d’Hannah Arendt face à ses détracteurs est à la fois une belle leçon de courage intellectuel et une passionnante réflexion sur l’être humain.
Gérard Poitou
Un film de Margarethe Von Trotta 1 h 53
avec Barbara Sukowa, Axel Milberg
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt
http://www.youtube.com/watch?v=WTQNWgZVctM