En Indre-et-Loire, Emmanuel Macron a largement remporté le match le 24 avril dernier loin devant Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon. Mais un nouveau combat s’engage pour les législatives dans les cinq circonscriptions de Touraine dont quatre détenues par Ensemble (ex-LREM). Tous les regards se tournent vers la 1ère, la seule -au moins- gagnable par la gauche.
Par Jean-Jacques Talpin
Il est sans doute difficile de calquer les résultats de la présidentielle sur le terrain législatif, en Touraine comme ailleurs. Les 12 et 19 juin ce seront donc cinq nouvelles élections avec leurs particularités et leurs situations politiques propres. En 2017 l’arrivée d’Emmanuel Macron avait entraîné un petit tsunami local avec l’élection de quatre députés LREM, relativement novices en police (Philippe Chalumeau, Fabienne Colboc, Sabine Thillaye, Daniel Labaronne) ne laissant qu’un petit siège à la droite UDI (Sophie Auconie remplacée en cours de mandat par Sophie Métadier).
Évidemment la facilité serait de calquer la vague 2017 sur 2022. Le 24 avril dernier Emmanuel Macron a largement gagné le match avec 62% des voix après avoir déjà fait la différence au premier tour (30,99%) avec près de 10 points d’avance sur Marine Le Pen (21,54%) et Jean-Luc Mélenchon (20,77%).
Surfer sur les municipales de 2020 ?
En cinq ans, les quatre députés LREM ont eu le temps, même sans notoriété nationale, de faire quelque peu leurs preuves et de partir au combat relativement sereins. Sauf peut-être sur la 1ère circonscription qui couvre en grande partie le territoire de la ville de Tours où tous les regards convergent. Après l’accord NUPES le candidat d’union Charles Fournier (EELV) espère bénéficier du même dynamisme qu’aux municipales. En effet, en 2020 une large liste d’union (PS, PC, PRG, EELV, LFI, Génération Écologie, Liste citoyenne) avait enlevé la mairie confiée à Emmanuel Denis (EELV). La même dynamique jouera-t-elle avec Charles Fournier l’écologiste, 2e vice-président à la région, qui a quitté son Loir-et-Cher pour s’installer en janvier dernier à Tours ? Il a,, il est vrai reçu un « feu vert » quand la candidate socialiste pressentie et « naturelle » Catherine Münsch-Masset, première adjointe PS à la ville de Tours, a été mise hors-jeu par la justice pour une affaire de détournement de fonds impliquant son mari.
La participation maître du jeu
Pour autant Charles Fournier avance prudemment en réfutant les accusations de « parachuté », qualificatif dont il est souvent affublé : « Je reviens dans ma ville où j’ai passé la plus grande partie de ma vie… »
Aujourd’hui cette circonscription semble la plus gagnable à gauche dans la mesure où au 1er tour de la présidentielle Emmanuel Macron n’a devancé Jean-Luc Mélenchon que de 300 voix. Mais par-delà cette dynamique l’enjeu du match, comme dans les quatre autres circonscriptions, sera tranché par le taux de participation (49,46% au 1er tour de 2017 et 40,6% au second tour) ce qui avait conduit à une élection facile de Philippe Chalumeau avec 53,93%. Là encore le taux de participation fera l’élection au 1er tour en permettant une triangulaire avec Olivier Lebreton (LR) ou François Ducamp (RN) ou un simple duel Ensemble !/NUPES tout en sachant que le RN semble largement hors jeu tout comme sans doute LR.
Des matchs ouverts !
Si la victoire de la gauche semble possible ou probable dans la 1ère circonscription, les prévisions sont plus compliquées dans les quatre autres.
La 2e avait été remportée en 2017 par Daniel Labaronne (56,86%). Dans ces territoires du nord-est de la Touraine, le RN nourrit quelques espoirs avec le viticulteur Christophe Gestault mais qui devra faire face à Dominique Daillet, le représentant zemmourien de Reconquête et ancien élu municipal à Vouvray. En face Christelle Gobert (NUPES) et Svetlana Nicolaeff (LR) veulent aussi jouer le match.
La 3e (Loches, Saint-Pierre des-Corps) est aujourd’hui détenue par l’UDI, Sophie Métadier bataillera contre Ensemble ! qui présente Henri Alfandari sous les couleurs d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe. La représentante de LFI Roxane Sirven espère profiter du duel fratricide « de droite » Horizons/UDI pour se faire une place au second tour. Duel aussi à l’extrême droite entre la RN Irène Protin qui fait face à Sylvie Patte de Reconquête ! A droite, Sophie Lagrée (LR) tentera de se faire connaître et de résister à l’extrême droite de Jean-François Bellanger (RN) et Olivier de la Ferté, ex UMP et une des têtes d’affiche de Reconquête dans la région.
Le retour de Laurent Baumel ?
La 4e circonscription (Chinon, Joué-lès-Tours) sera également regardée avec intérêt. La députée Fabienne Colboc (Ensemble) se représente après avoir été largement élue en 2017. Mais en 2020 aux municipales à Chinon elle avait été sévèrement battue dès le 1er tour. Elle affrontera notamment Laurent Baumel le seul socialiste de Touraine repêché par les accords nationaux de NUPES dont il était notamment négociateur pour le PS. Laurent Baumel est l’ancien député socialiste de cette circonscription entre 2012 et 2017. Il était également une des fortes têtes des frondeurs qui ont mis à mal le mandat présidentiel de François Hollande.
Dans la 5e, la députée Sabine Thillaye repart au combat sous l’étiquette Modem, après avoir été exclue du groupe LREM. Dans cette circonscription autrefois dans le giron du patriarche de la droite locale Philippe Briand, député pendant 24 ans, Sabine Thillaye se retrouvera face à Fabrice Boigard, patron de LR en Indre-et-Loire, qu’elle a déjà battu en 2017.
Dans ces quatre circonscriptions le match semble donc ouvert avec avantage gagnant aux candidats Ensemble ! même si le taux de participation peut rebattre bien des cartes et des ambitions.
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