La manifestation Pint of science est revenue à Orléans ce mardi 10 mai 2022 à l’initiative du BRGM sur le thème Notre vie repose t-elle sur des cailloux ? La preuve par trois que l’on peut se cultiver autour d’une bière.
par Sophie Deschamps
Jérémie Melleton et Éric Gloagen, docteurs en géologie au BRGM d’Orléans étaient les intervenants du Pint of Science 2022 d’Orléans sur les carrières. Photo Sophie Deschamps
Après trois années d’absence à cause de la pandémie, Pint of Science a donc repris du service ce mardi 10 mai 2022 à Orléans au Garden Ice Café. Le principe reste inchangé comme le rappelle Agnès Noël, responsable de la communication au BRGM d’Orléans et organisatrice de la soirée : « L’évènement est né il y a une dizaine d’années quand deux scientifiques anglais ont décidé de sortir de leur labo et d’aller parler de leur boulot au grand public, dans un pub autour d’une pinte de bière.» Le succès est alors immédiat et la formule traverse rapidement la Manche. Elle a déjà séduit une trentaine de villes en France dont Orléans.
Deux docteurs spécialisés en géologie du BRGM d’Orléans, Jérémie Melleton et Éric Gloagen sont donc venus parler à une vingtaine de personnes de l’utilisation de nos précieux minéraux avec cette question : « Notre vie repose t-elle sur des cailloux ? »
La discussion s’est tout de suite engagée sur le nombre important de carrières en France, 3600, qui assurent à notre pays une certaine autonomie.
Nos deux scientifiques ont ensuite présenté divers objets de notre vie quotidienne dont le point commun est de tous utiliser des minéraux : le dentifrice, un fil électrique, un rivet, du papier de verre à poncer, un. verre, du plâtre, une pince à linge…et même une feuille de papier qui contient pas moins de 30% de charge minérale.
D’où l’importance de ne pas gaspiller ces minéraux précieux et de les recycler quand c’est possible.
Et dans notre région ?
Notre région compte une centaine de carrières mais son potentiel minier est nul en l’absence de massifs montagneux. Ces carrières exploitent majoritairement du sable, des roches et des minéraux industriels, qui vont servir à faire du ciment, du granulat, des routes. Comme le précise notre docteur en géologie du BRGM Jérémie Melleton : « On a énormément de carrières qui suivent le lit de la Loire. Ce sont des carrières alluvionnaires qui produisent du sable et du gravier. On a aussi dans le Nord quelques roches carbonatées et les faluns de Touraine, du sable en fait. Il y a très peu de diversité, on est majoritairement sur du sable, du calcaire et de l’argile.»
Zéro mines de métaux en France
La discussion a ensuite glissé très vite sur les métaux puisqu’en France nous n’en extrayons plus depuis les années 90 à l’exception de la Nouvelle-Calédonie pour le nickel. Pour bien comprendre l’enjeu nos deux scientifiques ont indiqué les données suivantes :
– en 1700, nous utilisions 6 métaux.
– à la fin du 19e siècle avec la révolution industrielle, nous sommes passés à 20 métaux.
– aujourd’hui nos besoins exigent l’exploitation de 60 métaux soit dix fois plus en 300 ans. Les plus importants sont les fameux métaux rares qui font fonctionner nos appareils électroniques et informatiques à l’instar du lithium qui représentent 5 à 7% du contenu de nos batteries de téléphone ou de voiture électrique. Or, 80 % de la production de ces métaux ares se fait en Chine qui en a donc le quasi monopole.
Il faut bien sûr les économiser mais la question de la réouverture de mines se pose très sérieusement aujourd’hui en France. Le stock de ces métaux rares n’est pas suffisant dans notre pays pour ouvrir des usines de recyclage avant 2040.
Pas question pour autan de revenir de revenir à Germinal ont indiqué nos deux géologues. En effet les techniques d’extraction évoluent avec notamment une nouvelle technique d’extraction du nickel en Nouvelle-Calédonie mise au point par une équipe orléanaise du BRGM. Par ailleurs, les normes environnementales sont aujourd’hui précises et contraignantes.
En revanche, il faudra commencer par faire l’inventaire de notre sous-sol minier dont le dernier date des années 1990 : « On connaît bien les premiers 400 mètres de notre sous-sol a indiqué Éric Gloagen mais pas les 400 mètres suivants ! »
Un quizz scientifique
Après toutes ces informations sérieuses, une pause plus ludique s’imposait. La soirée s’est donc clôturée avec un quizz afin de mettre à jour quelques connaissances scientifiques de base ou farfelues comme rappeler qu’un nombre premier ne se divise que par lui-même, qu’un dindon glougloute, que le nom scientifique du bouton d’or est la renoncule rampante, que Galilée a inventé la lunette astronomique ou bien encore que la comète de Halley sera nouveau observable… en 2061 !
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