Au cours « d’une Cérémonie » festive et devant un très nombreux public de jeunes et de moins jeunes, la Compagnie belge a étalé tout son savoir-faire, mêlant humour, philosophie, dénonciation du capitalisme, chansons et musique, clowneries, convoquant Antigone et Don Quichotte, invitant même un ptérodactyle à survoler le plateau de la salle Touchard. Du grand art (belge évidemment) !
Par Bernard Thinat
Le plateau ressemble à un joyeux bazar que les 9 artistes vont s’ingénier à rendre totalement foutraque. Des chaises de jardin éparpillées un peu partout, qu’on balancera au gré des envies, un piano là, un autre plus loin, une contrebasse au fond, et une structure faite de tubes au-dessus, qui lorsqu’on tire une ficelle, balance ses ailes. C’est effectivement un oiseau préhistorique qu’on animera tout au long du spectacle. Ingénieux !
De quoi veulent-ils donc nous parler ? D’un peu de tout assurément. On a eu droit à un discours de bienvenue, dénonçant les cravatés aux dents blanches qui se remplissent les poches, bientôt suivi d’un retour à l’opéra interprété par Jacques Brel, « l’Homme de la Mancha » en 1968 (les étudiants présents nombreux dans la salle ne devaient pas connaître), La « quête » chantée ainsi, n’est-elle pas celle de tous ceux qui cherchent le moyen d’inverser le changement climatique ? Des « dingueries » sur scène telles la présence d’un hibou monumental ou celle d’un centaure n’hésitant pas à se mêler au public. Peu avant le final, ce furent Antigone et Créon qui s’installèrent sur le plateau (dommage pour celles et ceux qui ne connaissent pas leur histoire), dans un remake dénonçant le patriarcat. Et tout le long du spectacle, des toasts sont portés à tout et n’importe quoi, peut-être manière de tourner en dérision ceux qui gouvernent le monde économique. Enfin, il y a ces silences, qui permettent au public de reprendre haleine, sortes de pauses philosophiques.
Le Raoul Collectif était déjà venu à Orléans, en 2018, nos joyeux artistes venaient d’apprendre que leur émission radio en était à sa dernière programmation. Alors, ils s’en étaient donnés à cœur joie pour dénoncer la mainmise du fric sur les médias. Ils noyaient la scène sous un déluge de sable. Ici, ce sont des feuilles mortes qui inondent le plateau, on s’en asperge à loisir.
Tonnerre d’applaudissements au final, amplement mérité pour ce collectif d’artistes, qui construisent eux-mêmes leur spectacle, sans metteur en scène, chacun et chacune participant à la création, ajoutant ses propres idées au pot commun.