L’ouverture en septembre prochain d’une formation en médecine de l’université croate fait toujours débat notamment au sein du conseil municipal. Sans refuser le projet la gauche s’étonne de « l’opacité » du dossier et du manque d’informations.
Par Jean-Jacques Talpin
CHR d’Orléans. Photo MagcentreDepuis plusieurs semaines maintenant l’ouverture d’une formation en médecine par l’université de Zagreb à Orléans fait la Une de l’actualité, au même titre que la transformation du CHRO en CHU et la création d’une faculté de médecine sur le campus de La Source.
Évidemment tous les élus, de toutes couleurs, se réjouissent, de cette « formidable nouvelle » selon les mots de Serge Grouard. Pourtant l’aventure croate suscite encore de nombreuses interrogations qui ont émaillé le conseil municipal de jeudi soir. Sans remettre en cause le projet sur le fond, plusieurs élus de l’opposition renouvellent encore leurs demandes d’informations, de précisions et d’éclaircissements sur cette formation qui sera ouverte en septembre à une cinquantaine d’étudiants français. Gislaine Kounowski (PS) a notamment dénoncé « l’opacité » du projet et le fait que « l’argent public aille financer une structure privée », tandis qu’Emmanuel Duplessy (Génération.s) rappelle « qu’on ne peut pas faire n’importe quoi avec l’argent public ».
Bourses généreuses pour les hauts revenus
Des propos qui ont provoqué le courroux de Serge Grouard rappelant que « l’université de Zabreb est publique et n’a rien de privée. Rallumer une vieille querelle public/privé n’a aucune sens ». Le débat a notamment été vif sur la mise au point d’un système de bourses destinées à alléger la charge des droits d’inscriptions croates (12 000 euros par an). La ville a en effet décidé d’aider ses futurs étudiants (qui étudieront en distanciel ou à Zagreb) avec des aides financières assez généreuses. Mais Dominique Tripet (PCF) comme Jean-Philippe Grand (EELV) qui cultive son image consensuelle s’étonnent d’une trop grande générosité et d’une aide « injuste » pour les hauts revenus. Les étudiants dont les parents affichent un revenu fiscal supérieur à 120 000 euros, auront en effet droit à une subvention de 10% du coût des études.
« Un projet hors sol »
« On peut revoir tel ou tel point », a concédé le maire en rappelant que les étudiants boursiers s’engagent à exercer 5 ans dans le Loiret après leur diplôme. Mais dans les faits de nombreux nouveaux diplômés une fois installés médecins préfèrent rembourser leurs aides plutôt que de choisir l’installation dans une ville qui ne les attire pas.
Alors que la majorité municipale répète qu’elle a donné toutes les informations sur le dossier le chef de file socialiste Baptiste Chapuis martèle que « le projet est hors sol, avec aucun document ou convention signée, aucune réponse à nos interrogations ». La gauche unie s’abstient donc sur ce système de bourses. Elle fera de même sur la création de l’association « Loire&Orléans en santé », destinée à assurer le tutorat et des cours de soutien à des prix attractifs aux étudiants en médecine. Pour « bétonner » l’association la ville a élargi son périmètre en y intégrant d’autres collectivités comme le Conseil département du Loiret ou du Cher mais aussi des personnalités extérieures avec d’anciens recteurs ou présidents de l’université d’Orléans.
« La Région n’a pas assez formé d’infirmières ! »
Florent Montillot grand organisateur du projet Zagreb veut aussi rassurer ceux ou celles comme Stéphanie Rist (LREM) qui s’interrogent sur la « faisabilité juridique du dossier ». Il se lance même dans un discours œcuménique pour « rendre hommage à Jean Castex » avec sa « décision historique de créer une faculté de médecine à Orléans ». Mais avec le vice-maire la politique politicienne n’est jamais loin en rappelant « les responsabilités de la Région (de gauche) dans le manque d’infirmières formées » dans le Centre-Val de Loire. Et aussi en imputant au « surprenant accord LFI-PS-Verts-PC « l’agressivité » de la gauche sur ces questions. Une manière de rappeler que les législatives sont assez proches….
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