Abandonnée aux herbes folles, aux squatters potentiels, aux rats éventuels, et plus sûrement à la décrépitude en février 2013, la Maison de la Culture, la vraie, la première de France, celle inaugurée par André Malraux, va retrouver une autre fonction à l’horizon 2026. Le côté culturel ne sera plus que très partiel mais existera encore, histoire de rappeler que, au siècle dernier…
Par Fabrice Simoes
Les artistes du Mur sont actuellement les seuls à utiliser la “vieille” maison de la culture; Photo Benoist Chaussé-Bourges PlusIrène Félix, la présidente de l’agglo de Bourges (Bourges Plus) était contre le projet de nouvelle Maison de la Culture (MCB 2) sur les flancs de la place Séraucourt. Elle n’a eu de cesse de le dire, de le répéter aussi. Pour elle, comme pour bon nombre de Berruyers, la MCB ne pouvait être que celle dont la façade de briques rouges est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, celle qui avait eu droit à un discours d’André Malraux pour son inauguration, celle qui avait permis à des milliers de Berrichons d’accéder à des spectacles de qualité, des expos et tutti quanti, à se « culturer » quoi. Las, les arbres de la place ont été coupés comme les lauriers de la chanson et la MCB 2 s’est imposée. Sauf qu’Irène Félix n’avait pas envie que la vieille MCB tombe définitivement en capilotade, ou en cacahuète si vous préférez…
Élue à la tête de Bourges Plus, voilà deux ans, elle a cherché comment redonner vie à ce lieu mythique pour des générations de Berruyers. Dans un premier temps, elle a rangé dans les cartons l’option envisagée par le précédent Conseil communautaire qui prévoyait l’installation des agents de l’agglo, aux Gibjoncs, dans les locaux vacants d’Axereal. Ce site devrait cependant bénéficier d’un autre projet. A partir du constat que l’agglo n’avait pas de siège spécifique, avec l’opportunité d’acquérir les bâtiments de la MCB 1, et face au problème de l’éparpillement des agents, l’alternative était toute trouvée. Un projet a vu le jour avec pour objectif faire de la maison de la culture la maison de l’agglo… enfin l’hôtel de l’Agglo ! Il ne restait plus qu’à lancer les études et présenter le projet aux futurs utilisateurs. Chose faite voilà quelques jours dans la salle d’exposition de l’Hôtel de ville.
112 agents, une brasserie-restaurant, une salle expo-événementiel
Au grand dam de quelques nostalgiques, et même si l’optique de « conserver la mémoire des lieux » s’est imposée, la nouvelle structure n’accueillera pas de cinéma, pas de salle de concert à proprement parlé non plus. Par contre, une salle sera consacrée à des expositions. Elle sera aussi apte à recevoir des événements ponctuels. Initialement prévu d’emménager sur place, l’Office de tourisme restera au pied de la cathédrale Saint-Étienne. Par contre, la Maison de l’Habitat devrait déménager d’Avaricum. En lieu et place de la vieille cafet’, c’est une brasserie-restaurant qui devrait voir le jour pour un « espace de vie en plus du lieu administratif ».
Dans la salle Chopin, il reste encore quelques affiches de l’ancienne activité de la “vieille” maison de la culture berruyère. Photo Benoist Chaussé – Bourges Plus Ce sont, sur plans, 112 postes de travail à minima, 5 salles de réunion (formats variés), quelques bureaux de « repli » qui sont prévus. Les différents dispositifs de reconfiguration doivent, par ailleurs, permettre de transformer la salle d’expos en salle de conseil communautaire.
Le coût prévisionnel de l’ensemble du projet est estimé, pour l’heure, à près de 17 millions d’euros (le coût des seuls travaux est proche de 12 millions d’euros hors taxes). Désormais, il est nécessaire de trouver les sous auprès des différents échelons institutionnels. Si l’agglo va évidemment mettre la main à la poche, elle compte bien que le département, la région, et l’État, à travers les financements de l’opération Cœur de ville, sortent eux-aussi leurs porte-monnaies.
Des gravats, un bâtiment qui se dégrade, il est temps de redonner vie à la structure avant qu’il ne soit trop tard. Photo Benoist Chaussé – Bourges PlusL’élaboration du programme, prévu entre fin 2021 et ce printemps est rentrée dans les clous du calendrier initial. Chacun espère que la suite du planning sera tenue pour une ouverture fin 2026 : concours d’architecture de juin 2022 au premier trimestre 2023 ; étude de maîtrise d’œuvre de 2023 au premier trimestre 2024 ; consultations des marchés de travaux et début de travaux en automne 2024…
Délais respectés ou pas, il est un peu tôt pour annoncer qui coupera le ruban inaugural. C’est que Malraux, pour la culture, ça allait. Pour des travaux pour loger des personnels administratifs il va falloir encore cogiter…