Deuxième Apéro Mortel à Orléans autour de la pandémie

Pour son deuxième Apéro Mortel, l’association Pour une alternative funéraire dans le Loiret avait choisi d’évoquer la mort en temps de pandémie. Un thème qui a suscité des témoignages riches et émouvants à La Taverne ce jeudi 28 avril 2022 à Orléans.

Par Sophie Deschamps 

L’impressionnante collection de coucous de La Taverne à Orléans nous rappelle que notre temps sur terre est compté. Photo Sophie Deschamps

Comment avons-nous vécu le départ de nos proches durant la pandémie et cette période a-t-elle changé notre perception de la mort et la façon de s’occuper de nos défunt.es ? Ce sont quelques-unes des questions qui ont émergé durant ce deuxième Apéro Mortel. Le cadre choisi était cette fois celui de La Taverne à Orléans où une douzaine de personnes se sont retrouvées. Le nombre idéal pour échanger avec une belle qualité d’écoute. 

Sylvie le Huche qui animait cet “Apéro” au nom de l’association Pour une alternative funéraire dans le Loiret a rappelé le principe de ces rencontres conviviales autour d’un thème lié à la mort, associé cette fois-ci à la pandémie : « On a beaucoup entendu le mot “mort” pendant le Covid et c’était surtout le décompte du nombre de cadavres par jour et c’est tout. Notre préoccupation c’est d’évoquer comment chacun d’entre nous a pu parler de la mort pendant ce temps-là, être entendu avec les questions autour de la mort et quelles réponses on a pu avoir. » 

Elle a aussi indiqué « s’être réconciliée avec le terme Apéro mortel » qui ne lui plaisait pas trop au départ mais qui lui évoque aujourd’hui la chanson de Jacques Brel Le moribond dans laquelle il dit sur un air assez guilleret « J’veux qu’on rie, j’veux qu’on danse, j’veux qu’on s’amuse comme des fous, j’veux qu’on rie, j’veux qu’on danse quand c’est qu’on m’mettra dans le trou ». 

« Quand on vit des obsèques, de toute façon on boit un coup » intervient une première personne. « Oui et moi renchérit une autre je vais prendre ce soir une bière et si possible une Mort Subite ! » Un humour noir qui n’a pas manqué de faire s’esclaffer l’assemblée car le but de ces rencontres, c’est aussi de dédramatiser la mort et pourquoi pas d’en rire.

Un an pour réussir à rassembler la famille 

Rire mais aussi dire ce que l’on a sur le cœur et c’est parfois douloureux. Ainsi, Jacqueline s’est lancée la première (le prénom est changé pour conserver l’anonymat de la personne) en racontant avec beaucoup de sensibilité et de pudeur le départ de son mari en mai 2020, victime d’un cancer foudroyant début février : « Ce qui a été très difficile explique-t-elle c’est que du jour au lendemain les visites aux malades ont été interdites. De plus les règles changeaient tout le temps. C’était dur pour mon mari d’entendre que l’on ne pouvait pas venir le voir alors qu’il voyait plein de personnes dans les couloirs. On a alors essayé les visioconférences par Skype mais c’était affreux, on pleurait tout le temps alors très vite on est revenus au téléphone, c’était plus facile. Heureusement, il a pu bénéficier vers la fin d’une hospitalisation à domicile avec des jeunes soignants qui appréciaient de partager de vrais moments avec les patients en dehors des soins. Je les remercie vraiment ! »

L’organisation des obsèques a été aussi très compliquée : « Tout était désorganisé, nous n’arrivions pas à obtenir la pierre tombale de notre choix et surtout nous ne pouvions pas réunir toute la famille à cause du nombre limité de personnes autorisées.»

Mais plutôt que d’accepter une cérémonie classique « minimale» Jacqueline a préféré attendre un an : « Du coup, nous avons pris le temps de faire une cérémonie qui a fait sens. On a aussi fait un pique-nique en bord de Loire, près de Blois et on a même eu du soleil ! Bien sûr, ça nous a fait un bien fou de retrouver enfin la famille. »

Une autre femme a témoigné du départ de sa belle-sœur durant la pandémie. Elle a manifesté sa peine non seulement de n’avoir pas pu assister aux obsèques mais aussi de n’avoir pas pu parler de cette personne chère à son cœur au cimetière à travers la lecture d’un texte puisque tel était le vœu de ses deux frères.  

Cette rencontre a été enfin l’occasion de donner des informations précieuses. Notamment celle que le retour du défunt.e au domicile est possible même si la personne est décédée à l’hôpital, ce que beaucoup ignorent ou croient impossible aujourd’hui.

Si vous souhaitez en savoir plus et participer au prochain Apéro Mortel orléanais vous pouvez envoyer un mail à cette adresse : pourunealternativefuneraire@laposte.net

A lire aussi : Premier “Apéro Mortel” à Orléans 

Photo de Une : cimetière Saint-Marc à Orléans. Photo Sophie Deschamps 

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