Dès septembre la Faculté de médecine de Zagreb formera une cinquantaine d’étudiants en alternance entre Orléans et la capitale croate. Le concours d’accès sera organisé le 7 juin avec un coût de formation fixé à 12 000 euros mais en grande partie subventionné par des bourses locales. Une décision positive au même titre que la création d’un CHU et d’une Faculté de médecine sur le campus de la Source.
Par Jean-Jacques Talpin
Serge Grouard voit trois grandes dates dans l’histoire contemporaine d’Orléans : 1964 quand la ville a été reconnue capitale régionale au détriment de Tours, 1966 avec la renaissance de l’université et 2022 avec les décisions concernant le CHU et la future Faculté de médecine. « Les décisions de Jean Castex sont historiques », se réjouit le maire avec la transformation du CHRO en Centre Hospitalier Universitaire et avec la création d’une faculté de médecine, de plein exercice en 2025 mais opérationnelle dès septembre prochain. Face à ces annonces Serge Grouard énonce cependant « deux petits regrets ». Le premier concerne l’internat qui sera rattaché à l’université de Tours « ce qui suppose une coopération forte entre les deux villes… ». Seconde déception : la ville souhaitait en plus d’une promotion de 100 étudiants en septembre l’ouverture d’une deuxième année à Orléans. Faute de quoi, en partie pour cause d’une sélection drastique (80% de recalés en 1ère année), le nombre de futurs médecins formés évoluera trop lentement. « Nous aurons encore des années très difficiles », prévient le maire d’Orléans.
12 000 euros l’année
Heureusement cette politique de « réarmement médical » s’appuiera sur deux pieds, le second étant l’ouverture en septembre d’une promotion de 50 étudiants de la « School of Medicine of Zagreb ». Après un voyage sur place du maire et de l’adjoint le projet a été définitivement acté. Un concours de recrutement de 50 étudiants français (et pas uniquement orléanais) se tiendra le 3 et 7 juin. Contrairement à la France où le véritable concours d’entrée intervient en fin de 1ère année, la faculté croate sélectionne avant la formation. Les 50 candidats reçus le 7 juin devraient donc en grande partie devenir médecins.
Alors que certains opposants au projet misaient sur un refus d’agréments interministériels le projet croate ne devrait nécessiter qu’une simple déclaration. Orléans ne sera en effet ni faculté autonome ni antenne mais une simple composante de l’université croate. La formation en anglais sera assurée en alternance : six mois sur place en Croatie, six mois en distanciel. Et cela pour un coût de 12 000 euros. Mais pour mettre toutes les chances de son côté la ville a décidé d’attribuer des bourses couvrant la moitié des droits d’inscription. Une aide sans doute complétée par le conseil départemental : « 75% du coût de la formation devraient être supportés par ces bourses », espère Florent Montillot.
« Ne pas se lamenter… »
En contrepartie les étudiants boursiers devront s’engager à exercer 5 ans à Orléans après l’obtention de leur diplôme. Sans garantie de réussite pourtant car de nombreux boursiers préfèrent souvent rembourser les aides reçues plutôt que de s’installer dans un territoire qui les attire peu. De même la ville va créer une association pour dispenser des cours de soutien et du tutorat en concurrence avec les très coûteuses prépas privées souvent obligatoires pour réussir ses examens. Ces cours, aux prix attractifs, seront également accessibles aux étudiants de la future faculté du campus de La Source.
Certes la montée en puissance des deux universités va être progressive avant d’arriver à l’objectif final : former 200 médecins par an à Orléans. « Mais il y a une dynamique nouvelle qui peut se traduire par de l’attractivité, se félicite Serge Grouard, ce n’est pas en se lamentant qu’on va attirer des médecins et des soignants… ».
Lire aussi : Orléans-Zagreb, la série
Haro sur Tours et sur la Région
C’est peu dire que le vieux différent entre Orléans et Tours est toujours d’actualité. Pour ce projet croate Serge Grouard est clair : « Il est évident que nous n’avons pas été aidés par la Faculté de médecine de Tours ». Il dénonce également la « condescendance voire le mépris » affiché pour la Faculté de médecine croate « pourtant mieux classée au niveau international que la Fac de Médecine de Tours ». Serge Grouard comme Florent Montillot dénoncent surtout les avantages de Tours sur la capitale régionale : « Pour 5 000 accouchements par an nous avons trois internes au CHRO, à Tours 10 internes dont trois médecins juniors pour 3 500 naissances ».
Face à la crise des urgences le maire apporte son « soutien total » au directeur du CHRO en rappelant que l’hôpital accuse un déficit de 100 postes d’infirmières, ce qui a entraîné la fermeture de 150 lits. Une situation que Florent Montillot attribue « totalement » à la Région qui a « une lourde responsabilité dans cette crise. La Région Centre forme 35 infirmières par an à Orléans contre 70 à Tours et a attendu 10 ans pour prendre en charge cette question notamment avec une seconde tranche de l’école d’infirmières ».