La campagne est désormais lancée pour ravir les 22 sièges de députés aujourd’hui occupés en grande partie par la majorité présidentielle et la droite. Forts de leurs succès les 10 et 24 avril le Rassemblement National et la gauche régionale – si elle se présente unie – pourraient faire leur retour à l’Assemblée Nationale.
Par Jean-Jacques Talpin
Certes « l’usage » veut que les électeurs qui ont accordé leur confiance au Président de la République la donnent également à leurs députés. En 2017, la « dynamique Macron » dans la région avait entraîné une vague déferlante de 14 députés de la majorité présidentielle (La République en Marche et Modem) ne laissant que 8 sièges à la droite. Certes, cette dynamique pourrait encore jouer. Emmanuel Macron est arrivé en tête dans les six départements de la région mais avec beaucoup moins de bulletins qu’il y a cinq ans. Difficile donc d’imager que la majorité présidentielle, et surtout LREM, réalise un carton plein les 12 et 19 juin prochains.
La plupart des élus de 2017 se représentent pourtant avec quelques évolutions : ainsi dans le Cher, Loïc Kervran a quitté LREM pour Agir alors que Sabine Thillaye rejoignait le Modem. Dans les deux cas la majorité présidentielle se reconstitue avec une poussée du Modem (que Marc Fesneau devrait pousser en Loir-et-Cher aux côtés du médiatique Richard Ramos dans le Loiret, de Philippe Vigier et Stéphane Baudu). Mathématiquement aussi des sièges devrait être gagnés par le Rassemblement National.
Marche trop haute pour l’extrême droite ?
Marine Le Pen est arrivée en tête dimanche dans plusieurs circonscriptions (3e du Cher, 4e de l’Eure-et-Loir à Châteaudun, 2e de Loir-et-Cher en Sologne, 4e du Loiret dans le Montargois). Pourtant cette logique mathématique se heurte souvent aux réalités locales quand il s’agit de désigner, non pas un Président, mais un député local ancré dans son terroir. L’extrême droite en a fait souvent les frais. Et cela d’autant plus que le Rassemblement National dispose de peu de cadres dans la région, avec peu d’élus (sauf à la Région), peu de représentants de la société civile.
Cette année encore la marche de l’élection pourrait être trop haute pour les lepénistes. A moins qu’une union se réalise entre RN, Zemmourriens et Dupont-aignantistes. Ce qui pourrait représenter une planche de salut pour Guillaume Peltier (ex FN, ex LR) qui craint pour son siège de député en Sologne après que son poulain Zemmour y ait récolté une moisson modeste. Mais tel un phénix Guillaume Peltier, qui n’est pas excommunié par le RN, pourrait rebondir et réaliser un nouveau coup.
De son côté la droite, toujours emmenée par quelques barons locaux (comme Nicolas Forissier dans l’Indre alors que Jean-Pierre Door a décidé de prendre une retraite bien méritée à 80 ans), espère elle aussi sauver les meubles notamment LR poussée dans les platebandes par l’UDI comme dans le Loiret.
Les espoirs de la gauche
Mais la plus grande incertitude concerne la gauche qui n’avait aucun élu dans la région en 2017. L’espoir pourrait venir de la Touraine notamment de la 1ère circonscription où Jean Luc Mélenchon est arrivé en tête le 10 avril avec 30,88% des voix tout en dépassant les 20% dans six autres circonscriptions. Mais la dynamique de gauche ne pourrait venir que d’une large union regroupant LFI, PS, PCF et EELV, à l’image de la majorité arc en ciel de la mairie de Tours.
Les pronostics sont d’autant plus difficiles à établir que le scrutin du 12 juin devra résoudre plusieurs inconnues. Pour accéder au second tour un candidat doit obtenir (sauf pour les deux premiers) au moins 12,5% des électeurs inscrits. Si la participation est faible (autour de 50%), il faudrait alors recueillir 25% des bulletins pour se qualifier en finale. Un plancher difficile à dépasser pour nombre de candidats. Dans le meilleur des cas de nombreuses triangulaires, voire quadrangulaires, pourraient être organisées le 19 juin entre au moins trois grandes forces : Majorité présidentielle, RN, gauche et droite LR-UDI.
Autant dire que les résultats seront incertains, ce qui renforce d’autant plus que le besoin d’union à gauche, à droite mais aussi au centre avec une majorité présidentielle protéiforme qui doit accueillir cette année le petit dernier, le parti Horizons d’Édouard Philippe…
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