Le nouveau Président de la République arrive en tête dans les six départements de la région. Un grand chelem qui cache cependant des faiblesses avec une participation légèrement moindre qu’en 2017 et un nombre important de votes blancs et nuls. Le scrutin de ce dimanche 24 avril est aussi marqué par de grandes disparités entre le vote des villes et celui du milieu rural. Place désormais au 3ème tour législatif.
Par Jean-Jacques Talpin et Jean-Luc Bouland
Avec près de 58% des voix Emmanuel Macron réalise le score le plus élevé d’un président sortant, hors cohabitation, sous la cinquième république. Autant dire que le président reconduit peut s’estimer bien élu grâce à un écart avec Marine Le Pen plus important que ce qu’annonçaient tous les instituts de sondages. Si son élection ne faisait guère de doute tant le rejet de l’extrême droite était fort, personne n’attendait un tel écart entre les deux candidats. Et cela alors que le 10 avril dernier seulement trois points séparaient les deux finalistes. Cette victoire est atténuée pourtant par une forte progression de Marine Le Pen. Ainsi Emmanuel Macron fait moins bien qu’en 2017 quand il avait récolté 63,3% des voix dans la région. Comme il y a cinq ans, M. Macron arrive en tête dans tous les départements du Centre-Val de Loire mais sans atteindre ses scores de 2017. Ainsi en Eure-et-Loir, il atteint 53,3% soit 10 points de moins qu’il y a cinq ans. Même chute dans l’Indre avec à peine 51% contre 61% en 2017.
Macron des villes, Le Pen des campagnes
Les résultats ne doivent pas occulter un léger infléchissement du taux de participation et l’accroissement sensible des bulletins blancs et nuls Ainsi à Bourges ces bulletins sont passés de 778 à 2 958 entre les deux tours. Des villes étaient également particulièrement scrutées comme Dreux où Mélenchon avait dépassé les 45% le 10 avril. Certes hier la participation a été faible (57%) avec près de 9% de blancs et nuls mais M. Macron atteint pourtant 66% des voix soit 46% de plus qu’il y a 15 jours. Et rappelons que Dreux était il y a quelques années un des bastions du Front National.
Marine Le Pen arrive en tête dans plusieurs dizaines de communes rurales même si le podium final est assuré par les gros bataillons des métropoles et des villes moyennes toutes acquises à la cause d’Emmanuel Macron comme Orléans (73,2%), Tours (73%), Bourges (66,3%), Chartres (66,8%), Châteauroux. (62,9%) ou Blois (69,2%). Mais le tissu rural est aujourd’hui profondément imprégné de l’extrême droite : dans le Loiret Marine Le Pen recueille 60% à Courtenay, 53,7% dans l’arrondissement de Malesherbes, 53,5% dans celui de Pithiviers et 52,3% dans celui de Montargis. Dans le Cher la candidate du RN performe à 64,4% à Belleville-sur-Loire, 58,6% à La Guerche, 56,8% à Foëcy. A Illiers-Combray chez Marcel Proust Mme Le Pen dépasse les 50% tout comme à Salbris.
Les batailles du 3ème tour commencent
Dès aujourd’hui les états-majors des différents partis vont se réunir pour préparer la bataille des législatives des 11 et 19 juin prochains. Évidemment avec un tel score d’Emmanuel Macron La République en Marche semble bénéficier d’une dynamique incontestable mais sans doute moindre qu’en 2017 quand LREM et le Modem avaient réalisé une véritable razzia en gagnant 14 des 22 sièges régionaux. Cependant les résultats départementaux ne suffisent pas à éclairer le paysage politique régional : il faut analyser les chiffres dans chacune des 22 circonscriptions régionales. Ainsi dans la 4ème circonscription d’Eure-et-Loir, Marine Le Pen arrive en tête avec 53,14% des voix et s’impose aussi dans la 3ème du Cher et la 4ème du Loiret. Par ailleurs, aujourd’hui personne ne peut prévoir quelles seront les forces en présence en juin. Quel sera le périmètre de l’union qu’a esquissée Emmanuel Macron, les extrêmes s’associeront-elles autour de Marine Le Pen-Éric Zemmour et Dupont Aignan ? Et quelle sera la stratégie de la gauche qui pourrait se réunir autour de l’axe mélenchoniste malgré des divergences programmatiques énormes notamment sur le nucléaire.
Autant dire que le paysage politique régional pourrait exploser le 19 juin prochain. Le Rassemblement National mais aussi la gauche unie pourraient légitimement aspirer à remporter quelques sièges, dans les circonscriptions rurales pour le premier et dans les circonscriptions où Mélenchon a réalisé de gros scores au premier tour comme à Tours, Orléans mais aussi Vierzon.