Avec Le carré des indigents paru aux Éditions Rivages, Hugues Pagan brosse le portrait sans concessions d’une France provinciale en prise avec la fin des Trente Glorieuses.
Par Hakim Aoudia (CulturAvdvisor)
Nous retrouvons l’inspecteur principal Claude Schneider, personnage récurrent des romans d’Hugues Pagan.
Il revient chez lui ; une petite ville de l’est de la France qu’il a fuie dix ans plus tôt pour Paris.
Ici il fait gris, il fait froid et le pays s’apprête à voter pour Valéry Giscard d’Estaing sans se rendre compte qu’on est à la fin d’un âge d’or et qu’on entre dans un cycle de crises sans fins.
Schneider est un flic taciturne, nostalgique, un peu triste, mais surtout proche des pauvres ; les gens d’en bas, ceux qui ne peuvent pas parler et que certains appellent les sans-dents.
Lorsqu’un père accablé de chagrin, ancien cheminot de surcroit, vient signaler la disparition de sa jeune fille Betty ; notre héros se lance à corps perdu dans une enquête aux méthodes peu orthodoxes.
Hugues Pagan est un véritable styliste à l’écriture puissante, poétique qui restitue mieux que nul autre les ambiances et la profonde humanité des personnages qu’il décrit.
Celui qui fut professeur de philosophie puis journaliste, avant d’exercer le métier de policier pendant plus de vingt ans, confirme ici la fameuse citation de Victor Hugo : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface. »
Ce polar remonte également le temps, car Hugues Pagan a construit son personnage fétiche à rebrousse-poil ; le faisant mourir dans son premier roman La mort dans une voiture solitaire en 1982.