Loir-et-Cher: Macron … et après ?

En baisse de 6.6 points en Loir-et-Cher, Emmanuel Macron l’emporte avec 53.81 % des voix face à Marine Le Pen. Un résultat marqué aussi par 8.83 % de votes blancs et nuls qui, s’il fait la joie de ses soutiens, laisse la place à une recomposition électorale pour les législatives.

Par Jean-Luc Vezon

Les urnes ont fait parler la démocratie suscitant le regret pour certains et la joie de la victoire pour d’autres. C’était le cas du conseiller départemental et maire MoDem de La Chaussée-Saint-Victor, Stéphane Baudu qui arborait un large sourire à la préfecture ce dimanche soir. « Le score est net. Je suis soulagé car il marque le refus du populisme et de l’extrémisme de droite » se félicitait l’ancien député en constatant aussi un vote de raison plus que d’adhésion : « Nous devrons entendre la désespérance, la colère qui monte de celles et ceux qui aspirent à plus de justice sociale et à une politique environnementale forte. Rien ne sera plus comme avant. Au président de jouer maintenant ».

Le regard tourné vers les législatives, Stéphane Baudu précisait pour Magcentre.fr la probable candidature de Marc Fesneau sur la circonscription de Blois. « La majorité présidentielle a légitimité à présenter des candidats sur toutes les circonscriptions mais les lignes peuvent bouger. Il peut y avoir des accords … » précisait-il en ne faisant pas mystère de son amitié avec Pascal Bioulac, candidat déclaré et investi par LR en Sologne, « la terre des ancêtres » d’un Guillaume Peltier, étrangement absent.
Analyste attentive et avisée des résultats électoraux, Cécile Caillou-Robert, conseillère régionale Parti radical de gauche, était satisfaite « que les électeurs aient répondu à l’appel du front républicain » même si elle regrettait que le RN n’ait jamais réalisé un score aussi important. « Le vote blanc est un vote responsable. J’espère qu’Emmanuel Macron entendra les attentes des abstentionnistes et des électeurs ayant exprimé leur colère » espérait l’élue en annonçant que le bureau exécutif du PRG donnerait sa ligne pour les législatives rapidement.

Du côté de Philippe Gouet, président du conseil départemental de Loir-et-Cher, on souhaitait au président de la république “un mandat réussi pour la France, un mandat d’écoute et d’action, en particulier pour les collectivités locales qui sont en première ligne, notamment dans les périodes difficiles que traverse notre pays ».

Venue elle aussi à la préfecture, Marie-Noëlle Amiot, présidente de la CCI 41, nous déclarait de son côté « que le résultat allait bien à l’économie et aux entreprises dans un contexte de crise nécessitant de l’expérience ». Attentive aux politiques de formation, d’innovation ou de réindustrialisation qui seront menées, Marie-Noëlle Amiot, dont les services organisent les Assises de l’emploi le 28 juin prochain à Blois, voit d’un bon œil l’ambition forte de lutte contre le chômage et de soutien des entreprises dans la recherche des compétences dont elles ont besoin pour se développer.

Le RN prêt pour les Législatives

Avec 78 433 voix soit 12 543 de plus qu’en 2017, on était plutôt satisfait chez les militants RN rencontrés dans leur QG blésois. Même s’il estimait que « les électeurs, notamment les abstentionnistes, ne s’étaient pas suffisamment mobilisés », Michel Chassier, responsable du parti en Loir-et-Cher constatait la progression de Marine Le Pen dans un contexte « de campagne violente, de diabolisation, d’anathèmes divers et variés, de pressions venues du monde culturel, sportif ou médiatique et de caricaturisation d’un programme construit pour les Français et leur pouvoir d’achat ».

« Nous arrivons en tête dans de nombreuses communes rurales comme à Neung-sur-Beuvron, Oucques ou Marchenoir, la commune du ministre Fesneau. (1) Notre vote progresse » constatait de son côté Cédric Pelé, bénévole chargé de la communication de la fédération RN 41. Parmi les militants, le mot d’ordre n’était donc pas au découragement mais plutôt à la mobilisation pour les Législatives. « Nous présenterons nos candidats dans les jours qui viennent. Il y a aura deux femmes sur le Loir-et-Cher. Une nouvelle campagne commence, l’objectif est de ne pas donner de majorité à Emmanuel Macron » précisait le jeune cadre RN.

Vers une union des gauches ?

Malgré des divergences notamment sur le nucléaire, l’Union populaire de Jean-Luc Mélenchon sera-t-elle l’axe vertébral de la gauche loir-et-chérienne aux législatives ? Cela semble être la volonté des grands élus comme Marc Gricourt, maire PS de Blois (2) qui souhaite le rassemblement des forces « sur une plateforme commune pour la prochaine législature et l’’organisation d’une union populaire incarnée par des candidatures uniques de la gauche ».

Une élection bien organisée

On notera enfin une élection présidentielle parfaitement organisée par la préfecture de Loir-et-Cher en particulier pour la distribution des plis électoraux avant le vote. « Grâce à la mobilisation des agents de l’Etat mais aussi des pompiers ou de militaires, les plis étaient prêts et ont été distribués en totalité par la Poste en temps et en heure » constatait le préfet François Pesneau. Comme de nombreux invités à la soirée électorale qu’il organisait, ce dernier constatait cependant « une faible participation, la plus faible depuis 1969 (NDLR : 76.12 %) qui doit tous nous interroger ».

(1) 51.89 %
(2) On notera la faible participation à Blois (65.61 %) et « le gros score » d’Emmanuel Macron (69.22 %)