L’immense interprète Michel Bouquet, à l’insondable et vertigineuse intériorité, vient de décéder ce mercredi à l’âge de 96 ans. Au fil des ans, il a suscité à Orléans, au CADO, Centre National de Création Loiret Centre, le bonheur des spectateurs.
Par Jean-Dominique Burtin
Michel Bouquet et Claude Brasseur dans “A torts et à raisons”. Photo CADO.
Un renversant « A torts ou à raisons »
Bien des journalistes d’Orléans, aimablement accueillis au Théâtre d’Orléans, par le CADO, se souviennent, notamment, de ce cet artiste arpentant les coulisses de la scène de la salle Pierre-Aimé Touchard, en compagnie de Claude Brasseur qui le tenait avec affection par l’épaule à l’issue de la représentation. C’était un moment d’une grande tendresse. Emouvant. D’une rare beauté. Aujourd’hui, bruissent encore dans la salle Pierre-Aimé Touchard du Théâtre d’Orléans, les applaudissements du public reconnaissant pour ce renversant “A torts ou à raisons” donné en décembre 2000, pièce de Ronald Harwood, le scénariste du film « La Pianiste ». Michel Bouquet y tenait le rôle du chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler, accusé de compromission à l’heure de la défaite nazie.
Un messager, amoureux de son art
Peu avant, le jour de notre interview à Orléans, à l’Hôtel Mercure, alors que nous serrions la main de Michel Bouquet qui nous attendait, c’était en hiver, le comédien s’aperçoit que nous avons de la fièvre, se lève avec précaution, et nous prie, immédiatement, avec une généreuse familiarité, de nous asseoir, pour nous reposer afin de procéder à l’interview.
Cet homme à la courtoisie lumineuse, fraternelle, paternelle, si humblement amoureux de son art, nous accorda ainsi une rencontre, attentive, précautionneuse, emplie de soin et de profondeur. Au CADO, les spectateurs gardent aussi en mémoire son interprétation, en décembre 1995 de la pièce « Le Roi se meurt », d’Eugène Ionesco. Une œuvre qu’il aura révélée plus de huit cent fois ici et là. Avec une présence éternelle. Merci encore à lui.