L’hôpital public explose, la désertification médicale, telle une épidémie, se propage sur tout le territoire national. Pour 2027, la société Iqvia, experte en données de santé, prévoit que 27 millions de Français seront privés de médecins. Une autorité publique indépendante à caractère scientifique, connue pour sa discrétion, intervient à la veille des élections.
Par Jean-Paul Briand
Le délabrement du système de santé français est tel que la Haute Autorité de Santé (HAS), lance un cri d’alarme. C’est le collège à la tête de la HAS, constitué de huit personnalités scientifiques, qui a élaboré une lettre ouverte dénonçant l’incapacité qu’ont les professionnels de santé à délivrer des soins ou des accompagnements de qualité aux malades.
Des pertes de chances pour les patients
Le premier enjeu décrit par la HAS concerne les ressources humaines dans les établissements de santé dont la pénurie est criante et les conditions de travail particulièrement difficiles. « Ces pénuries de personnel contribuent à la dégradation des conditions de travail des professionnels restant en poste, accentuant ainsi la pénibilité des métiers /…/ et conduit parfois à fermer lits, places et services » déplore le collège. La situation de blocage sévissant actuellement dans le service des urgences du Centre hospitalier régional d’Orléans (CHRO), avec les arrêts maladies de la quasi totalité du personnel para-médical et la grève des médecins, en est une terrible illustration. La médecine ambulatoire n’est pas en reste puisque l’insuffisance de l’offre de soins primaires de proximité (médecins généralistes, infirmiers et kinésithérapeutes) dans certains territoires, dont la région Centre-Val de Loire est la championne, conduisent « à des pertes de chances pour les patients ».
Rendre les métiers du social et du médico-social attractifs
Le second enjeu est celui de l’organisation et des modes de financement « qui rémunèrent l’activité plutôt que la qualité ou la pertinence des soins ». Les solutions que propose le collège de la HAS sont a priori simples. Il faut investir afin de « rendre les métiers du social et du médico-social attractifs » et permettre aux professionnels de santé de dispenser des soins de qualité tout en évaluant leur travail avec des indicateurs de pertinence et de qualité. Il est vrai que la mission de la HAS est d’évaluer les pratiques, les actes professionnels et la qualité dans les hôpitaux, les cliniques, en médecine de ville et dans les structures sociales et médico-sociales.
Les patrons de la HAS vont dans le sens des demandes formulées par les médecins urgentistes grévistes du CHRO en proposant, afin de libérer du temps, « le déploiement de gestionnaires de lits ». La HAS est plus révolutionnaire quand elle propose « l’intégration des usagers dans la formation initiale et continue des professionnels »…
Les vainqueurs de la présidentielle et des élections législatives vont-ils s’inspirer des solutions recommandées dans le S.O.S. lancé par la HAS ?