“Merci pour le programme que vous nous avez offert. Jouer sur cette scène signifie que vous avez déjà tous gagné et j’espère que vous garderez tout cela dans votre cœur. “. Tels sont les mots
d’Isabella Vasilotta, directrice artistique à l’adresse des jeunes virtuoses qui ont enchanté et saisi le public avant la proclamation des résultats.
Philippe Manoury, compositeur radieux et président du jury à qui revient le soin de proclamer les résultats, prend à son tour la parole :
” Nous avions été très impressionnés dès la première épreuve, mais nous avons mesuré, aujourd’hui, que le niveau était bien plus haut que ce que l’on aurait pu imaginer. En vérité, je vous prie de croire que ce fut très difficile de déterminer les trois finalistes mais notre concertation fut constructive et décisive”.
Désormais, place en cette fin de concours à de nouveaux rendez-vous de choix. Ce vendredi 8 avril à 19 heures à l’Institut, l’Ensemble Intercontemporain donne un concert intitulé “Promenade sonore autour de Claude Debussy”. Ce programme fera alterner l’interprétation de Claude Debussy par Hideki Nagano, pianiste de l’Ensemble et premier Prix du Concours 1994, et des pièces de musique de chambre. L’Ensemble Intercontemporain interprétera notamment Dérive 1 (pour six instruments), œuvre emblématique de Pierre Boulez, fondateur de l’ensemble.
Le samedi 9 avril à 19 heures, toujours à l’Institut, se déroulera le concert du quintette à vent de l’0rchestre symphonique d’Orléans qui se produira en compagnie de la pianiste coréenne du sud
Chae-Um Kim, artiste qui avait remporté en 2020 le troisième Prix du concours de piano d’Orléans ainsi que le Prix des étudiants du conservatoire. Ce concert sera consacré à l’œuvre de Francis Poulenc.
Place enfin, le dimanche 10 avril à 15 heures, à la finale très attendue du concours, présentée par François-Xavier Szimczak. Cet ultime moment de la compétition se déroulera pour les trois finalistes au Théâtre d’Orléans en compagnie de l’Ensemble Intercontemporain dirigé par Julien Leroy. Les jeunes pianistes y interprèteront, notamment, la “Passacaille de Tokyo”, œuvre imposée par le concours, pièce composée par Philippe Manoury et du reste dédiée au compositeur Ichiro Nodaira, l’un des membres de ce jury 2022.
Eurydice Jousse, musicologue écrit, à propos de cette pièce à la fois admirable et redoutable : “Dans cette œuvre, le piano n’a pas un rôle concertant au sens romantique du terme : l’orchestre prolonge les gestes du soliste davantage qu’il ne s’oppose à lui. Un second piano lui répond depuis les coulisses faisant office “d’ombre du soliste”, selon l’expression du compositeur, dont il ne garde qu’un vague contour de l’écriture extrêmement travaillée. Cette construction est née d’un souvenir de jeunesse, lorsque Manoury passait devant les classes de danse à l’acoustique très réverbéré de la salle Pleyel, et n’entendait que le halo des pianos qui y jouaient”.
Isabella Vasilotta et Philippe Manoury. Photo: Didier Depoorter.
Par ailleurs, lors de cette finale, chaque candidat, en scène durant cinquante minutes, interprétera aussi une œuvre de la liste ” Le piano entre 1915 et 1930″ ou une œuvre composée entre 1915 et 1930. Chacun complétera enfin son programme avec une pièce composée entre 1920 et aujourd’hui. Ensuite, mais c’est une autre et belle histoire, les lauréats de cette quinzième édition se produiront le 11 avril à 20 h 30 au Théâtre des Bouffes du Bord à Paris.
De grands événements annoncés ne sauraient nous priver de souligner l’intention pédagogique de ce concours. Ce vendredi, en effet, à la salle de l’Institut, à huis clos, des élèves d’une classe orléanaise à horaire aménagée, et d’autres d’une classe de terminale viendront échanger à la salle de l’Institut avec les quatre demi-finalistes non retenus pour la finale. Tout cela pour permettre, en lien avec le service de l’action culturelle de la Scène nationale d’Orléans, d’approfondir la connaissance du répertoire pianistique contemporain.
Belle école buissonnière encore une fois chargée de sens. Belle approche vivante.