Des Floraisons : Marion Carriau fermera la cession avec Chêne centenaire

La Scène nationale d’Orléans propose deux soirées de danse contemporaine et hip hop, quatre spectacles originaux regroupés sous le nom Des Floraisons. Lors d’une résidence il y a quelques mois, nous avions rencontré Marion Carriau, qui présentera jeudi 24 mars son Chêne centenaire. Un spectacle qui tisse danse, chant, textes dans des tons très science-fiction pour recréer un monde nouveau.

Propos recueillis par Bernard Cassat

Magda Kachouche et Marion Carriau. Photo Léa Mercier (détail)

Qu’est ce que c’est, ce Chêne centenaire ?

Marion Carriau : A partir d’un présupposé, qui est que l’apocalypse a déjà eu lieu, on arrive avec toutes les connaissances du passé qui nous permettront de recréer un monde. C’est une pièce coécrite et on a eu le désir qu’elle puisse exister à la fois dans un théâtre mais aussi en extérieur. Potentiellement dans des parcs, des milieux urbains. Le théâtre est vraiment le lieu de fabrication de la fiction et j’aime bien ça. On parle de fiction, même de science fiction, de fable. Et les artifices du théâtre permettent de rentrer dans la fiction. On peut convoquer un espace fictif à l’intérieur. C’est pourquoi il y a deux versions, une en extérieur, une à l’intérieur.

Comment s’est écrite cette pièce ?

Marion Carriau : Il y a du texte, mais pas de narration, pas d’histoire. Il y a un maillage entre un travail de danse, un travail vocal qui existe de différentes façons, le chant, des textes, de la parole. Des protocoles de créations d’histoires, de textes nous permettent d’improviser. On travaille avec une chanteuse lyrique, Elise Chauvin, qui a été très présente pour nous donner un training vocal très technique. On a une ligne harmonique travaillée. En fait, c’est improvisé en live. On a mis des systèmes en place pour la création des récits et celle du chant. On connait notre ligne harmonique de base, on a des étapes très claires. Pour les textes, on sait dans quel ordre on va placer les mots, mais on ne connait pas la temporalité de tout ça, et on laisse le présent du plateau travailler. C’est de l’improvisation extrêmement préparée. Mais ça reste périlleux, pour nous qui ne sommes pas vraiment chanteuses. J’ai un gros bagage de musique, mais je ne suis pas vraiment musicienne. La pratique majeure reste la danse. Donc c’est un peu périlleux. J’aime bien ce coté dangereux, sur le fil. Qu’on ne soit pas dans du connu.

Vous partagez la scène avec Magda Kachouche. Une très grande complicité ?

Marion Carriau : Avec Magda, on se connaît depuis 99. On vivait dans le même foyer d’enfants qui suivaient le conservatoire. On a pris des chemins différents. Pour moi, parcours classique de conservatoires et grandes écoles de danse, ensuite j’ai beaucoup travaillé comme interprète. Alors que Magda, c’est la première fois qu’elle monte sur scène en tant qu’interprète. Elle a été attachée de presse, puis assistante de création, pratique d’éclairagiste et de scénographe. C’est elle qui a créé la lumière et la scénographie de ma première pièce. Nous sommes tous les dieux. Moi, j’ai l’expérience du plateau qu’elle n’a pas. Donc on se complète très bien. On construit un paysage, un nid toutes les deux, et c’est un endroit où on est vraiment comme des paysannes, des artisanes. On est vraiment dans une construction commune.

Quels sont les décors, les accessoires pour faire ce nid ?

Marion Carriau : On porte des costumes conséquents dont on va se délester tout au long de la pièce pour que ça créée le paysage. On s’est associé à deux scénographes, Alexandra Bertaut et Yannick Hugron. Avec un système de collecte, ils ont réuni des déchets. On avait en tête un décor très naturel, puisqu’au départ, c’est un conte écologique. Mais ils vivent vers la gare du Nord à Paris, donc leur environnement était très peu naturel. Et ils ont collecté des bouchons, des capsules, des tissus… Pour recréer des éléments vertueux dont on ne puisse pas reconnaître le matériau source. Ils se sont créés un métier à tisser et ils ont tissé des sacs en plastique à la façon des tapis noués marocains. Une des idées fortes, une des questions de la pièce, c’est comment habiter le futur ? Et une des réponses qu’on a donnée de façon théorique, c’était qu’il va falloir se raccorder à des savoirs ancestraux, et en même temps assez récents, du genre tissage, rapiéçage, etc. Qu’on ne sait plus faire mais qu’il faut retrouver pour éviter d’asphyxier la planète.

C’est vraiment tout l’enjeu de la pièce. D’un point de vue global, il y a un tissage entre la danse, les chants et le travail de scénographie et costumes, et à la fois, les costumiers se sont vraiment appliqués à apprendre des techniques qu’ils ne connaissaient pas, du tricotage de bandes magnétiques de cassettes vidéo, des choses comme ça. Tous ces éléments vont construire notre nid sur scène, qui peut être une image du monde de demain.

Porte vers moi tes pas. Photo Alona Martier

Des Floraisons

Le cycle de spectacles Des Floraisons autour de la danse contemporaine et hip hop se déroulera les soirées de mardi 22 et jeudi 24 mars.

Mardi 22 mars, 20h

Prémices

Sublimé par un décor dépouillé, quatre danseurs s’interrogent sur la liberté. Dans un subtil équilibre entre danse contemporaine, hip-hop, musique et arts numériques, ils trouvent leur énergie dans la musique ou seulement dans leur propre souffle.

Compagnie Entité
Chorégraphie Simon Dimouro
Interprétation Simon Dimouro, Jimmy Dussiel, Hugo Schouler, Aurélien Vaudey
Création numérique Kokou Girault
Création lumières Nicolas Richard

Mardi 22 mars, 22h

Porte vers moi tes pas

Trois danseurs se demandent qui ils sont quand on ne les regarde pas, et qu’est ce que ça veut dire d’être seul. Sur la musique live de Stéphane Milochevitch, ils prennent leur temps de se déconnecter pour se retrouver.

Collectif Appel d’air
Chorégraphie Jeanne Alechinsky,Yohan Vallée
Création musicale sonore, musique live Stéphane Milochevitch (aka Thousand)
Interprétation Jeanne Alechinsky, Stéphane Milochevitch, Yohan Vallée
Création lumière, régie lumière Carine Gérard
Scénographie Estelle Deniaud

Jeudi 24 mars 20h

Sphère

Jimmy Dussiel continue son militantisme autour de la house dance et du hip hop free style. Et pose la question personnelle mais universelle : Qui suis-je ?

Cie The Soulfull
Direction artistique, interprétation Jimmy Dussiel
Création sonore Clara Sergent
Régisseur général Nicolas Richard

Jeudi 24 mars 22h

Chêne centenaire

Voire ci-dessus

L’association Mirage
Conception, interprétation Marion Carriau, Magda Kachouche
Plasticiens costumes, scénographie Alexandra Bertaut, Yannick Hugron
Création lumières Juliette Romens
Création sonore Nicolas Mart

Tarifs de 5€ à 10€, détails et renseignements ici

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