Pendant toute une semaine, Samira Negrouche a animé des ateliers, des rencontres, des échanges autour de la poésie. Cette femme poète d’une quarantaine d’années, algérienne francophone mais qui parfois mélange les langues, a déjà plus d’une dizaine de recueils à son actif. Invitée par l’Asla (Association solidarité Loiret Algérie) à l’occasion du soixantième anniversaire des accords d’Evian, elle a clos cette semaine par une lecture de ses textes samedi après midi à la médiathèque d’Orléans.
Par Bernard Cassat
Lionel Martin au saxophone et Samira Negrouche au micro en plein dialogue. Photo Bernard Cassat
Des élèves du lycée Voltaire ont d’abord lu certains de ses poèmes, puis Samira a elle même pris le micro, accompagnée par un saxophoniste, Lionel Martin.
La poésie au cœur de l’expression
La poésie se sert du langage pour essayer d’atteindre le cœur de l’expression. Par des rapprochements de mots, des associations plus ou moins libres, des précisions ou des déviations de sens, la poésie interroge le langage, le triture pour en sortir des sens cachés, des émotions inattendues, des analyses de la réalité ou des sentiments perdus qui soudain ré-affleurent. Et Samira écrit pour mettre en lumière tout cela, pour dessiner son espace intérieur insaisissable par essence, pour approcher le sens de sa vie, et partant, de toute vie. Ancrée dans son pays, l’Algérie, mais absolument sans frontière, universelle dans ses constats. Car ses poèmes sont aussi une description du monde, abordée par des détails ou par de grandes vues d’ensemble. Elle voyage beaucoup en mots – comme, pense-t-on, en réalité – , géographiquement mais aussi dans ses références. Elle cite des noms qui comptent, dont celui, à plusieurs reprises, de Jean Amrouche, le frère intellectuel et l’ami proche de Marcel Reggui, cet homme dont l’auditorium de la médiathèque porte le nom. Les mots de Samira y ont pris tout leurs sens, portés par sa voix et par sa diction.
Le miel de la communication
Lionel Martin l’accompagnait au saxophone. Dans le même type de recherche, mais dans le domaine des sons, Lionel essaye lui aussi de tordre la communication pour en faire couler le miel. Avec des boites à boucles et des boutons de distorsion, il démultiplie les sons, crée un environnement chaud et enveloppe la parole poétique avec une adéquation formidable. Chercheur tous azimuts de sons et d’ambiances, il a surtout, avec Samira, montré sa face retenue, contrôlant sa puissance pour s’accorder à la voix. Mais on avait dans les mots écrits et lus et dans les sons improvisés la même énergie, la même inventivité, la même fraîcheur et la même universalité. Magnifique dialogue de deux magiciens. On ne pouvait rêver mieux pour clore cette semaine qui rappelle la place de l’Algérie dans la culture universelle.
Une exposition: au front-tiers de la poésie algérienne contemporaine
Sculpteur algérien, Abdelkader Benlarbi vit à St Jean de Braye depuis près de trente ans. Il utile différents matériaux, le fer, le bois, la pierre et même la céramique. Ses constructions très élégantes évoquent l’Afrique du Nord, mais surtout expriment par la plastique ses sentiments profonds sur la complexité du monde. En épurant les formes, en les peignant de couleurs chaudes et simples, il propose des œuvres réconfortantes qui apaisent.
L’exposition dure jusqu’au 2 avril dans la salle de la médiathèque centrale d’Orléans.
Entrée gratuite