A la veille de l’échéance présidentielle, l’économie sociale et solidaire, par la voix du président d’ESS-France, Jérôme Saddier, publie un plaidoyer en six points pour faire de l’ESS un accélérateur des transitions écologiques et sociales pour les 5 prochaines années.
Par Gérard Poitou
Confection de masques à Saint-Denis-en-Val, une démarche citoyenne et solidaire. Photo Didier Depoorter
“En menant un plaidoyer pour l’ESS, nous lançons un appel, celui de faire de l’entreprise un espace de vitalité démocratique, connecté aux enjeux de territoires, fort d’innovation et où peut se conduire une transformation profonde de notre production et de notre économie.” Jérôme Saddier
Retour sur ce plaidoyer avec Jean Louis Desnoues, président de la CRESS Centre Val-de-Loire
Magcentre: Pourquoi ce plaidoyer à l’occasion de l’élection présidentielle ?
Jean Louis Desnoues: On sort d’une période compliquée où l’on a pu constater une certaine perception de l’économie par nos concitoyens et notamment une économie présentielle qui doit être favorisée face à une mondialisation à tout va. On a redécouvert la proximité, le marché du coin, l’agriculture locale, la possibilité de s’approvisionner de façon raisonnable avec des produits locaux qui n’ont pas fait trois fois le tour de la planète. Il y a cette grande prise de conscience avec la volonté des pouvoirs publics de relocaliser un certain nombre d’industries pour nous garantir une réelle autonomie dans nos productions essentielles.
Magcentre Qu’attendez-vous en priorité du futur président ?
JLD L’économie sociale et solidaire est une économie présentielle, elle n’est pas mondialisée, elle n’investit pas dans les paradis fiscaux, c’est une économie qui est sur le terrain et qui n’est pas délocalisable.
C’est pourquoi nous demandons qu’il y ait un ministre délégué ou un secrétariat d’état à l’économie sociale et solidaire auprès du prochain ministère de l’économie et des finances, ce qu’était Benoit Hamon lorsqu’il a mis en place la loi sur l’économie sociale et solidaire en 2013 sous la présidence de François Hollande. La prise de conscience de la place de l’économie sociale et solidaire doit se traduire au plus haut niveau de l’état.
Ce devrait être la valorisation et la reconnaissance de tout ce qui a été fait durant cette période compliquée où l’on a mis en avant toutes les initiatives solidaires de nos concitoyens, sur la relocalisation, sur le consommer raisonnable et local et donc concrètement valoriser cette économie sociale et solidaire avec un signal fort.
Et puis, Il faut aussi prendre en compte la volonté de nos concitoyens d’être consultés, de pouvoir porter des initiatives au plus près des réalités du terrain, nous attendons aussi une évolution au niveau de la démocratie, c’est une attente forte de nos concitoyens à l’égard des candidats à la présidentielle.
Magcentre Quelles réponses apporte l’économie sociale et solidaire dans la transition écologique et sociale ?
JLD L’économie sociale et solidaire place l’humain au cœur du dispositif économique: on n’est pas là pour faire des profits qui s’évadent dans les paradis fiscaux, l’économie classique et la mondialisation ont montré leurs limites. Nous avons une lucrativité volontairement limitée avec un réinvestissement des résultats fondé sur une démocratie interne avec le principe “un homme=une voix” qui correspond aux aspirations légitimes de nos concitoyens. Il y a aussi la volonté notamment au niveau de la jeunesse d’évoluer vers une économie plus responsable en accord avec un certain nombre de défis en particulier la transition écologique et énergétique ou l’égalité femme/homme. Les jeunes ont pu mesurer pendant deux ans, notamment au niveau des étudiants, la difficulté à prendre en compte les aspirations de la jeunesse dans ces domaines.
Magcentre Et au niveau de l’Europe ?
JLD L’économie sociale et solidaire au niveau de l’Europe est un peu disparate, il y a des modèles au niveau de l’Italie, du Portugal, de l’Angleterre, ou de l’Espagne, et dans ces pays on est un peu sur la même définition de l’économie sociale et solidaire. L’ESS est aussi un facteur de paix, j’en veux pour preuve l’actualité aux portes de l’Europe, l’économie sociale et solidaire existe aussi en Ukraine. On souhaite vraiment que l’économie sociale et solidaire qui représente quasiment 10% de l’emploi salarié en France et un peu plus de 15% de PIB soit aussi un des piliers de l’avenir de l’Europe, que l’on reconstruise une Europe autour de cette conception de l’économie comme un modèle et que l’on puisse en faire profiter un maximum de citoyens européens .