Orléans : entre les ombres, Florentin Ginot interpelle les temps actuels

Les Performances de la Scène Nationale  entrent dans leur seconde semaine, avec « Dead trees give no shelter », autrement dit « les arbres morts n’offrent aucun abri ». Spectacle hybride, musical et dansé : une contrebasse et une musique électronique d’une part, trois danseurs d’autre part, enfin un homme qui semble errer dans cet univers étrange.

Par Bernard Thinat

Boules quiès à l’entrée, on prend, on met dans la poche, assuré de n’en avoir nul besoin. On verra bien !

Un texte projeté sur une structure qu’on perçoit dans l’ombre. Tirésias, le devin parle. Bien qu’il soit aveugle, il nous voit, dit-il. Peut-être est-ce un extrait des « Mamelles de Tirésias » d’Apollinaire, sans certitude.

A droite, Florentin Ginot (Photo B.T.)

Un homme avance, puis recule, attiré par une force invisible, avance encore, par mouvements saccadés, sorte de pantin articulé. Il rejoint bientôt sur cette structure non identifiable, deux autres humains. Les corps s’entremêlent avec lenteur, on se porte, on se hisse dans un halo de lumière provenant du sommet. Soudain, le noir se fait et la musique assourdissante sortie des entrailles de la terre, projette le public dans une dimension guerrière. Le calme revenu, les mouvements saccadés des danseurs reprennent, de plus en plus vite, dans une sorte de transe hypnotique.

Le contrebassiste Florentin Ginot a imaginé et créé cette composition musicale et chorégraphique comme une « évocation poétique des thermes de Pompei ou Palmyre », et qui nous porte vers l’Ukraine, bien que la création remonte à l’avant invasion. Danseurs pantins articulés, comme le sont toutes celles et ceux qui sont manipulés par tel dictateur menant sa propre guerre. Rugissements sonores, telles les bombes qui assourdissent et détruisent.

Au final, de très beaux tableaux dansés, celui qui ouvre le spectacle et celui qui le clôt notamment. Mais on me permettra de rester quelque peu dubitatif sur l’ensemble, malgré la contrebasse, de laquelle Florentin Ginot fait émerger les notes dont la gravité évoque la tristesse des temps actuels.

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