Pleine à craquer, l’église Saint Marceau a offert son cadre et ses voûtes aux chaleureuses voix corses ce dimanche 6 mars. Organisé par trois sections locales du Lions Club (Orléans Sologne, Orléans Renaissance, Orléans mondial) et au profit de l’association Enfants Cancer Santé, le concert d’I Campagnoli a créé l’événement à Orléans.
Par Anne-Cécile Chapuis
Après avoir accueilli le public, le responsable du Lions Club donne la parole au président de l’association destinataire du concert. Ce dernier, en peu de mots, pose le cadre de son association et le but des manifestations : « Aujourd’hui, sur cinq enfants atteints d’un cancer, quatre en guérissent. Œuvrons ensemble pour le cinquième enfant. » Le ton est donné, la cause est entendue, la présence de tous prend tout son sens et place à la musique.
I Campagnoli : la tradition des chants corses depuis 33 ans
La réputation des polyphonies corses n’est plus à faire, avec le style bien particulier, les voix timbrées et l’engagement des musiciens à diffuser l’identité de l’île de Beauté à travers sa musique. Mais I Campagnoli apporte dans le genre sa personnalité et son savoir-faire. Fondé en 1989, il est un des groupes les plus anciens, comme en témoigne un des fondateurs, Guy Calvelli qui, en plus de 33 ans consacrés au chant corse, gère les concerts, arrange les polyphonies traditionnelles et forme les jeunes pour que perdure la tradition.
Un concert intense et prenant
La particularité d’I Campagnoli, c’est la présence de deux instruments au sein de l’ensemble, qui donne un relief particulier au concert. Les chants, accompagnés ou a capella, s’enchaînent dans l’église, entrecoupés d’une brève présentation car, nous dit-on, « tout le monde ne parle pas le corse ! » Ce qui permet d’approcher encore plus les thèmes interprétés. Il y est question d’amour, de passion, de rêve, de la terre… Quelques pièces sacrées viennent enrichir le répertoire. Et signalons aussi « Tendonne Rossu », le rideau rouge, un chant écrit après le passage du groupe au Bataclan à Paris. Le chef avait été saisi du rouge qui régnait dans l’espace avec les rideaux, sièges, tentures. Personne n’imaginait que ce rouge prendrait un jour une couleur tragique.
Des sonorités inégalables
La musique est acoustique. Pas d’effets de micro, tout est dans les voix et la résonance de l’harmonie. De belles nuances viennent colorer l’ensemble et le violon, lumineux, apporte une touche de sensibilité en ponctuant les grandes tenues de mélodies simples en contre chant. La guitare souligne le tout, y compris avec parfois quelques percussions discrètes et pertinentes. Le public est dans l’écoute, retient son souffle et n’est pas avare d’applaudissements quand le feu vert lui est donné.
Et quand en bis, les trois chanteurs entonnent a capella l’hymne corse, l’on voit dans l’assistance plusieurs personnes se mettre debout, la main sur le cœur comme les chanteurs. Car il s’agit bien d’une affaire de cœur, c’est-à-dire de partage avec la musique, la polyphonie corse ou l’association qui œuvre pour la santé des enfants. Un moment fort, à l’image des sonorités qui ont résonné dans l’église et résonneront longtemps dans les mémoires.