À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, l’Insee du Centre Val-de-Loire a présenté ce 7 mars 2022 un panorama de l’emploi des femmes dans notre région. Même si l’on peut noter quelques améliorations, le compte n’y est toujours pas y compris pour les salaires.
Par Sophie Deschamps
Les soignants restent en majorité des soignantes dans notre région. Photo Sophie Deschamps (septembre 2021 CHRO)
Chaque année à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’Insee du Centre Val de Loire met un coup de projecteur sur une problématique liée aux femmes. Cette année c’est l’emploi qui est mis en avant. Un sujet important tant il y a encore des inégalités entre les femmes et les hommes dans ce domaine. Ainsi, Nadia Bensrhaya, directrice Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité à la Préfecture de région Centre-Val de Loire a pointé le fait que les femmes bien que plus diplômées que les hommes touchent des salaires moins élevés.
Les éléments systémiques pour expliquer cette situation sont nombreux et assez bien connus : le poids des stéréotypes, les métiers dits “masculin” mieux rémunérés, des emplois moins qualifiés exercés dans des secteurs moins rémunérateurs. Plus de temps partiels également souvent liés au poids de la charge familiale et domestique.
Moins de femmes au travail après le 3ème enfant
Autant d’éléments repris dans une étude de l’Insee avec des chiffres intéressants. Et aussi des bonnes nouvelles. Ainsi on apprend que l’emploi des femmes a fortement augmenté ces dernières années pour atteindre en 2018 78,7% contre 84,7% chez les hommes. Un écart divisé presque par 4 depuis 1990.
Toutefois les inégalités sont encore nombreuses. On découvre notamment que les 3/4 des temps partiels sont occupés par des femmes et qu’elles bénéficient de moins de CDI que les hommes.
Comme on l’a vu, bien que plus diplômées, elles sont seulement 35% à occuper des postes de cadres dans le privé. Et l’on exige plus des femmes puisque 86% des cadres féminins sont diplômées de l’enseignement supérieur contre 80% des hommes. En revanche, celles qui ont seulement le niveau bac ont 4 fois moins de chances de trouver un emploi.
Les maternités sont encore un frein puisque l’Insee conteste une chute de vingt points du taux d’emploi des femmes à partir du troisième enfant.
Le quart des emplois féminins concentré sur 4 métiers
Autant d’éléments qui expliquent que le montant du salaire net médian mensuel (équivalent temps plein) est de 1615 euros chez les femmes contre 1810 euros pour les hommes soit un écart de 10,7%.
Par ailleurs, les femmes ne travaillent pas dans les mêmes secteurs. Ainsi 4 professions (agents d’entretien, enseignantes, aides-soignantes et employées administratives) représentent le quart des emplois féminins et 13 professions la moitié contre 19 chez les hommes.
Enfin si l’on compare le taux d’activité des femmes par département, l’Indre-et_loire arrive en tête (90,8%) suivi de L’Eure-et-Loir (89,5%), du Loir-et-Cher (89,2%) du Loiret (89,1%) et un peu en retrait de l’Indre (88,7%) et du Cher (88%). On notera toutefois que les écarts sont peu importants entre les départements.
Les femmes hésitent encore à travailler dans les transports. DR
Par ailleurs dans son enquête annuelle, l’Association pour le développement de la formation professionnelle Transport et Logistique AFT Centre-Val-de Loire rappelle que ce secteur est encore peu investi par les femmes puisque dans notre région seuls 22% des salariés sont des femmes. D’où la nécessité pour l’association de mieux informer les femmes sur les métiers du transport marchandise, sanitaire (ambulances) et voyageurs. Mais aussi de déconstruire les stéréotypes c’est-à-dire un meilleur accueil des femmes dans ces professions mais aussi lutter contre l’autocensure « ce métier n’est pas pour moi .»
Enfin, ces études et ces chiffres sont des indicateurs précieux pour aider les acteurs à mener des politiques d’emploi plus efficaces envers les femmes. Par exemple, Pôle Emploi a monté des ateliers de prise de parole en public dans les quartiers sensibles de la Région. Il y aussi l’idée de transposer des compétences acquises chez soi avec l’organisation de la vie familiale.
Mais bien sûr, comme l’a souligné Nadia Bensrhaya, directrice Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité : « Le plus important est de changer les mentalités de tous et toutes vis-à-vis de l’emploi des femmes. Les entreprises ont tout à gagner à jouer le volontariat en engageant des femmes. Il leur faut néanmoins lutter contre la culture du présentéisme qui n’est en rien un gage d’efficacité. » Des entreprises qui doivent aujourd’hui s’adapter face à leurs difficultés de recrutement avec de meilleures conditions de travail comme on commence à le voir notamment dans le domaine de la restauration. Tout le monde a à y gagner, les femmes comme les hommes.