Il fallait s’y attendre : la métropole tourangelle réplique à l’annonce d’un deuxième centre hospitalier universitaire (CHU) en région Centre-Val de Loire. Dans un long communiqué-plaidoyer le Conseil métropolitain de Tours signifie son incompréhension à la transformation de l’hôpital d’Orléans (CHRO) en CHU et fait valoir ses revendications.
par Jean-Paul Briand
Dans le communiqué de presse de Matignon, après l’entrevue du 22 février dernier entre une délégation d’élus du Centre-Val de Loire et le Premier ministre, Jean Castex, il est dit que « le Premier ministre a fixé comme objectif le renforcement de la dimension universitaire du site d’Orléans en s’appuyant sur le centre hospitalier régional ». Il n’est pas écrit explicitement que le CHRO deviendra automatiquement CHU après l’enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale de l’enseignement supérieur (IGESR), qui doivent remettre leur rapport fin mars. Le Conseil métropolitain de Tours veut avoir son mot à dire et souhaite que « tous les acteurs tourangeaux concernés soient entendus pour contribuer au diagnostic et à la recherche de solutions, aux côtés de la mission IGAS/IGESR ». La suite du communiqué nous donne un aperçu des commentaires réprobateurs des tourangeaux.
L’Indre-et-Loire n’est pas contaminée par la désertification médicale
Les élus de la métropole tourangelle rappellent que l’hôpital de Tours est classé parmi les meilleurs centres hospitaliers de France. Difficile à accepter quand le tout dernier classement, basé sur les choix préférés des jeunes médecins aux dernières épreuves nationales de l’internat, montre que l’hôpital tourangeau est descendu à la 21ème place sur les 28 CHU français.
Dans leur communiqué de presse les élus métropolitains souligne avec justesse qu’il faut « traiter tout à la fois de l’attractivité de métiers à très fortes contraintes, qui peinent à s’adapter aux attentes des plus jeunes, et de l’attractivité de certains territoires plus en difficulté » mais ils se fourvoient quand ils affirment que désertification médicale touche l’Indre-et-Loire. Pour la France la densité médicale pour 100 000 habitants est de : 453,3. En région Centre-Val de Loire, à l’échelle départementale, les densités médicales pour 100 000 habitants sont :
- Eure-et-Loir : 270,1
- Indre : 270,8
- Cher : 293,6
- Loiret : 316,2
- Loir-et-Cher : 324,9
- Indre-et-Loire : 514
Avec son CHU, l’Indre-et-Loire n’est pas contaminée par la désertification médicale.
La bisbille grotesque et irresponsable entre les deux métropoles a encore de beaux jours
Le Conseil de la métropole de Tours rappelle « la contribution financière importante de Tours Métropole Val de Loire » pour la santé et l’augmentation du nombre d’étudiants en médecine. Il signale l’effort de la faculté de médecine de Tours qui accepte de fournir un poste de maître de conférences en cardiologie et 10 postes de chefs de clinique* (sur 5 ans) aux hôpitaux périphériques (dont 5 destinés au CHRO), mais déplore un effectif d’enseignants « quasi constant »pour Tours. Les conseillers estiment que leur ville « mérite un soutien renforcé de l’Etat en moyens humains et financiers » et qu’il « faut renforcer les moyens affectés à Tours comme pôle régional de santé ». Au final, avant d’envisager un deuxième hôpital universitaire, le Conseil métropolitain de Tours exige clairement que « soient renforcées les dotations allouées au CHRU et à l’Université de Tours pour répondre aux missions qui leur ont été confiées, afin de maintenir l’excellence des formations en santé ». Voilà qui est clairement affirmé.
Avec la désertification médicale, la bisbille grotesque et irresponsable entre les deux métropoles a encore de beaux jours en Centre-Val de Loire…
* un chef de clinique des hôpitaux est un médecin qui a fini l’internat et qui exerce une triple mission au sein des centres hospitaliers universitaires : les soins, l’enseignement et la recherche. A ce titre il est habilité à encadrer les internes en formation.