La décision de créer un CHU et une Faculté de médecine à Orléans a largement dominé les débats de l’agglomération. Les élus au cœur du projet médical espèrent bénéficier des retombées des décisions du Premier ministre. Et cela même si des voix tentent de tempérer l’enthousiasme ambiant.
Par Jean-Jacques Talpin
Certes des dossiers importants étaient à l’ordre du jour de la réunion de la Métropole jeudi soir comme le réaménagement des mails à l’ouest d’Orléans (dont la procédure est critiquée par certains élus) ou le pacte de gouvernance (le droit d’interpellation des élus, le référendum d’initiative locale ou le droit de véto des communes ont été rejetés). Certes des questions vitales ont surgi de la séance : la guerre en Ukraine et le soutien à apporter au peuple ukrainien, mais aussi l’écriture inclusive, chiffon rouge pour le maire qui plaide au contraire pour une croisade en faveur de la langue française.
Mais c’est bien sûr la création d’une fac de médecine et d’un CHU qui a mobilisé l’ensemble des élus métropolitains. Serge Grouard lui-même ne pouvait s’empêcher de s’auto féliciter. « C’est un engagement fort du Premier ministre, a déclaré M. Grouard, qui sera officialisé avant le premier tour de l’élection présidentielle. Mais des obstacles sont encore là du fait de la technostructure en lien avec des corporatisme bien connus. Je connais leur capacité de nuisance pour faire échouer toute innovation. Déjà certaines voix s’élèvent contre le CHU comme celle de présidents d’universités qui au contraire devraient se réjouir de cette décision. »
« Tenez bon monsieur le Premier ministre ! »
Il est vrai que des voix se sont élevées quand Jean Castex a annoncé ses décisions. Celle notamment de Patrice Diot, doyen de la Faculté de médecine de Tours qui s’est dit « surpris » alors que lui-même a des difficultés à recruter des enseignants ou à offrir suffisamment de stages à ses 340 étudiants. Les voix aussi des présidents d’universités qui avaient aussi montré leur peu d’enthousiasme devant la création d’une antenne de la Faculté de médecine de Zagreb à la prochaine rentrée à Orléans. « Le protocole d’accord signé avec Zagreb n’est sans doute pas étranger à la décision du Premier ministre qui n’a pas émis de commentaire négatif » sur cette implantation croate s’est félicité le président de la Métropole.
Zagreb aurait donc servi d’étincelle ou de déclencheur permettant de percer les dernières résistances au projet universitaire orléanais. « Tenez bon monsieur le Premier ministre, a insisté Serge Grouard qui pour la première fois soutenait ainsi le gouvernement, car une partie de cette technostructure vous en veut ! » Sans le revendiquer à haute voix, M. Grouard aimerait qu’on reconnaisse son volontarisme : « J’y travaille depuis 20 ans, j’ai fait un hôpital à 600 millions d’euros, on va aider l’installation des médecins et créer un centre municipal de santé ». Dans ce concert de louanges potentielles, Florent Montillot aimerait lui aussi ne pas être oublié, lui qui a travaillé longtemps à la ville comme à la région à cette « décision courageuse (…). Même si la route a été longue et qu’elle reste fragile ».
Objectif 2030
Stéphanie Rist, député LREM et médecin au CHRO, cheville ouvrière plus récente du projet, met d’abord en avant le consensus de toutes les forces politiques et le travail commun « qui permet de redorer la politique que nous aimons et qui peut aider à lutter contre l’abstention ».
Certes la décision officielle de création du CHU et de la Fac de médecine devrait être prise début avril. Mais la route pourrait encore être longue avant de voir les premiers étudiants à Orléans et les premiers médecins formés, sans doute pas avant 2030. Une raison pour se battre aussi pour d’autres évolutions comme le réclame Vanessa Slimani la maire de Saint-Jean-de-Braye, militante de la remise en cause de la libre installation des médecins. Car à quoi bon former des étudiants qui quitteront Orléans une fois leur diplôme obtenu pour aller s’installer au soleil ou au bord de la mer…
La ville d’Orléans lance la pétition « Vous n’avez plus de médecin, nous non plus ! Agissons ! »
Pour soutenir la création d’une faculté́ de médecine à Orléans et le partenariat avec la faculté de médecine de Zagreb, la ville d’Orléans a décidé de lancer une pétition auprès des habitants d’Orléans et du Loiret. Cette pétition vient « rappeler l’urgence d’agir contre cette désertification médicale en Centre-Val de Loire, la région de France la plus mal dotée en médecins ! »
Cette pétition, sera disponible sur la plateforme change.org, en remplissant un flyer distribué sur les marchés et lieux publics ou encore en remplissant un coupon inséré dans le journal municipal.