Une forte délégation composée des présidents de la Région et du Ceser, de parlementaires et de présidents de conseils départementaux sera reçue ce mardi matin par Jean Castex pour évoquer la situation médicale critique dans le Centre. Un rapport pointe les insuffisances et demande la formation de 200 médecins supplémentaires par an ainsi que la création d’une antenne de la Faculté de médecine à Orléans.
Par Jean-Jacques Talpin
Cette fois le message semble avoir été entendu après 10 ans de revendications et de cris d’alarme : la région Centre est une des régions les plus mal dotées en matière médicale, une région « désert médical » où près de 500 000 personnes n’ont pas de médecin traitant. Et pourtant, de tous bords de la société civile, du monde médical et du milieu politique, la doléance adressée à l’État est la même : formez plus de médecins à Tours, étoffez le réseau régional et transformez le CHRO en CHU (centre hospitalier universitaire). Dernièrement une lettre signée par les 21 parlementaires de la région et les six présidents de conseils départementaux était adressée au Premier ministre pour appuyer ces demandes. La région examinera jeudi un « Pacte régional pour répondre aux enjeux de santé publique en Centre-Val de Loire », listant les principales demandes des élus.
Antenne de la Fac de Médecine à Orléans
Mais dès hier le Ceser (Conseil économique social et environnemental régional) présidé par Éric Chevée s’est à nouveau saisi du dossier et a présenté ce « pacte » cosigné à la fois par La Région et le Ceser.
Pierre Allorant, doyen de la Fac de droit et vice-président du Ceser* a présenté ce rapport en rappelant que « le Ceser avait été un lanceur d’alerte il y a 10 ans » tout en dénonçant une pénurie médicale « qui bafoue le droit constitutionnel à la santé ». Il a surtout loué le caractère « exemplaire de la démarche » : cet « excellent rapport » Ceser-Région a en effet associé toutes les composantes politiques et sociales de la Région afin d’obtenir un vote unanime (le rapport hier a été voté à l’unanimité moins les abstentions de la CGT).
Ce rapport que nous présenterons dans nos colonnes mercredi (sous la plume de notre collaborateur Jean-Paul Briand) plaide donc pour un CHU et une antenne de la Faculté de médecine à Orléans (« pourquoi pas, a plaidé Pierre Allorant, dans les locaux de la Fac de droit à La Source quand elle aura déménagé au campus Madeleine »).
« Confiance dans l’action publique »
La demande unanime porte sur la formation de 200 médecins supplémentaires par an afin de diplômer 500 nouveaux médecins chaque année. Un « effort exceptionnel est donc demandé à l’État » pour répondre à une situation « d’urgence médicale ». François Bonneau qui conduira la délégation reçue par le Premier ministre Jean Castex mais aussi par les ministres de la santé Olivier Véran et de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal attend plus qu’une écoute « et avant tout des engagements fermes, pas de ministres mais d’abord l’État ». Pas question en effet d’accepter des engagements pré-électoraux qui pourraient avoir peu de poids dans quelques semaines. Face à ce cri d’alarme de tout le corps social régional, Pierre Allorant reste sur la même longueur d’onde : « On n’a pas le droit à l’échec. Il en va de la confiance dans l’action publique. »
*Il est par ailleurs contributeur de Magcentre