Force et beauté des sculptures de Denis Pugnère à Beaugency

L’église St-Étienne de Beaugency accueille jusqu’au 27 février 2022 les sculptures de Denis Pugnère. Des œuvres puissantes et sensibles réunies sous le titre Résonances et qui valent le déplacement.

Le sculpteur stéoruellan devant l’affiche de son exposition Résonances à Beaugency. Photo Sophie Deschamps

Beaugency (Loiret) est une petite ville qui aime l’art et sait accueillir les artistes. Ainsi, c’est dans l’écrin blanc immaculé et sobre de l’église romane St Étienne reconvertie en lieu culturel que Denis Pugnère, 73 ans, sculpteur à Saint-Jean-de-la-Ruelle présente son travail jusqu’au 27 février 2022. Une cinquantaine d’œuvres choisies avec soin et qui retracent quarante années de travail puisque certaines datent des années 80 alors que d’autres ont été terminées juste avant l’exposition.

Toutefois le mot de rétrospective ne lui plaît pas trop : « Le terme m’embarrasse parce que ça voudrait dire que je m’arrête ou que je serai peut-être bientôt mourant alors que ce n’est pas le cas. Je vais continuer à sculpter tant que j’aurai de la force et de la vie en moi. La pierre c’est solide et pérenne. »

Dès l’entrée on est accueilli par un corbeau de bronze : « contrairement à ce que l’on croît, le corbeau ne porte pas malheur mais c’est un oiseau qui ouvre les portes de la connaissance.»

Une prédilection pour les éboulis de marbre

Les belles couleurs des marbres polis de Denis Pugnère. Photo Sophie Deschamps

 

 Ce qu’il aime avant tout Denis Pugnère, c’est taper sur des cailloux et en faire surgir une œuvre surtout abstraite en se laissant toujours guider par le matériau de base : «  La plupart du temps, je ne sais pas ce qui va sortir ». Mais attention pas n’importe quels cailloux. Sa préférence va aux marbres de couleur dont il ramasse des éboulis dans des carrières de l’Aude à Caunes-Minervois notamment  la fameuse carrière du Roy Louis XIV où il trouve des beaux marbres de couleur :  « Il y en a au moins une douzaine. Ça va du jaune et gris au gris uni, du rouge orangé, du rouge et gris au rouge pur et j’en oublie. »

La Grande Déchirure, l’oeuvre phare de l’exposition

Déchirure, oeuvre phare de l’exposition de Denis Pugnère à Beuagency. Photo Sophie Deschamps

 

Cette œuvre, vous ne pouvez pas la manquer. En effet, bien qu’installée dans le chœur de l’église, on ne voit quasiment qu’elle dès l’entrée. Elle a, entre autres, la particularité de respecter le nombre d’or : « Elle fait 1,60 mètre de large, et 1,27 mètre de haut qui est la racine carrée du nombre d’or. » Une œuvre symbolique que nous décrypte l’artiste : « C’est une déchirure entre deux éléments. Or, dans la symbolique du corps, le côté gauche est féminin et en creux tandis que le côté droit est masculin et légèrement bombé. Et si vous allez voir derrière la sculpture c’est la même chose. Donc, c’est une œuvre qui parle de la complémentarité des contraires. »

Icare, œuvre figurative majeure

Icare de Denis Pugnère. Photo Sophie Deschamps

Bien que l’œuvre s’appelle Icare, Denis Pugnère précise d’emblée : « Ce n’est pas Icare, c’est à propos d’Icare. En fait, en 2013 le peintre Daniel Caspar provoque une exposition au Campo-Santo intitulée Elévation-Chute. Et j’ai cette idée de travailler par rapport à Icare, mais la mythologie m’agace. Je ne supporte pas l’idée de lui donner des petites ailes dans le dos comme un ange. Pour moi il est mi-homme, mi-oiseau. Puis il ajoute, malicieux  : « Il n’a pas de tête mais l’anneau de levage lui en donne quand même une petite »

Le jardin des laves 

Le jardin des laves de Denis Pugnère présenté à Beaugency. Photo Sophie Deschamps

D’autres œuvres sont plus anciennes comme Le jardin des laves qui remonte à 1984. Des morceaux de lave récupérés eux aussi mais cette fois dans le val d’Allier.

C’est d’ailleurs l’une des sculptures de ce jardin qui est le trophée du prix Jean Zay remis le 10 novembre 2021 à Costa-Gavras à Orléans lors du festival Récidive : « Des œuvres que jamais personne n’a voulu m’acheter ! » déplore Denis Pugnère.

Des oeuvres que l’on peut toucher

Détail de la sculpture Icare de Denis Pugnère. Photo Sophie Deschamps

Enfin le grand plaisir de cette exposition et c’est assez rare est que l’on peut toucher presque toutes les sculptures. On peut notamment caresser les sillons volontairement laissés par le ciseau ou au contraire la structure polie et lisse de ses marbres. Certains ne sont pas sans rappeler d’ailleurs l’œuvre de Brancusi. Une influence qu’il reconnaît volontiers. 

 

Résonances de Denis Pugnère, à découvrir jusqu’au 27 février inclus à l’église St Étienne de Beaugency.

Mercredi et samedi de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 17h30.

Jeudi, vendredi et dimanche de 14h30 à 17h30. Entrée gratuite.

À noter que Denis Pugnère est présent sur place le week-end.

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