Un chapiteau, une scène, des gradins installés sur le parking du stade de foot, sur la place de l’église, c’est le Festival Itinérant des compagnies de Taïra Boirée et Pascal Vidaillac qui arrive comme les musiciens et les comédiens de Plante et Aznavour. Sous les calicots, le rideau se lèvera bientôt au cœur de la ruralité, au plus près d’un public souvent demandeur mais que trop rarement servi.
Par Fabrice Simoes
Engagée, Taïra Boirée l’est. Pour preuve, la phrase d’accueil de sa page sur un réseau social très connu, on peut lire « Plus que jamais on ne lâche rien ! ni lutte, ni moral, ni culture ! ». Comme une évidence, comme un sacerdoce, la culture est liée à la lutte. De quoi déstabiliser les plus obtus de nos élus des campagnes, non ? Pourtant, à force de persuasion, de discussions, d’explications, le projet d’aller « là où on en a besoin », pour porter la parole de la culture, a pris forme.
Comédienne, chanteuse, metteuse en scène et aussi autrice, face à sa tasse de thé, Taïra Borée n’est plus Zima la bouchère de Sa Majesté Minor. Aux antipodes, elle n’est pas plus sœur Marie-Myriam de la série télévisée Sœur Thérèse.com. Accompagnée de Pascal Vidaillac, le créateur de la compagnie Poly’sons, la fondatrice de la compagnie du Bélouga – possible référence au caviar russe du même nom en raison des origines Slaves de Taïra – n’est pas là pour parler de son parcours de comédienne ou de la Ligue ou des dernières compétitions d’impros. Désormais, c’est le Festival itinérant qui occupe ses pensées. Ses journées aussi…
Passage des Rendez-vous de Rivaulde au Festival itinérant
Salbrisienne durant plusieurs années, la créatrice des Rendez-vous de Rivaulde, à Salbris, après avoir été Parisienne, a retrouvé son camp de base en Normandie. Cependant, après une forme de résidence sur le site de la route de Souesmes. Elle a tout de même conservé quelques contacts sur place, et c’est tant mieux pour les amateurs de théâtre et de spectacles du cru. D’ailleurs la Cie du Bélouga a collaboré l’an passé à la programmation des Rencontres musicales de Chaon.
C’est donc à partir de ses connaissances locales que le festival itinérant va pouvoir s’expatrier au printemps prochain en Loir-et-Cher. L’idée est née avant le confinement. Le projet abouti, en Normandie, dès l’ouverture des premières portes sanitaires, l’an passé. Cette année, parce que Blois, Vendôme ou Chambord ne sont pas le Loir-et-Cher de la culture, c’est sur une partie de la Sologne, que sera installé le chapiteau. Sur les territoires de la communauté de communes de la Sologne des rivières et sur celle du Val de Cher-Controis les compagnies du Bélouga et Poly’sons proposerons 6 semaines durant du spectacle vivant en mode itinérance.
Comme Molière et sa troupe, comme La Tour à la recherche de Toinon, les baladins et les comédiens vont s’installer au milieu des villages qui ont souhaité participer à l’opération. « Il y a trois événements programmés lors de chaque étape, un de théâtre, un jeune public, à partir de 7ans, et un spectacle musical. Nous mettons en place, avec les acteurs locaux, des opportunités afin de profiter du chapiteau et des ateliers d’arts vivants », explique Taïra Borée.
Comme dans la genèse, mais sans jour de repos parce que là, si on monte il faut démonter, les deux compagnies posent le cadre, jouent dans le cadre, développent le cadre et initient les volontaires et les scolaires pour les sortir de leur cadre. La culture pour tous constitue le seul leitmotiv. « Proposer un projet culturel aux communes rurales qui n’ont ni les moyens, ni les structures pour programmer des spectacles, et impliquer les habitants comme relais de promotion de ce festival dans leur territoire, en plus des outils de communications habituels », telle est la définition du projet.
La mutualisation des deux compagnies, de leurs compétences, de leur matériel et de leur personnel, complétée par l’association Le Chat Rond fou, rendent le festival réalisable tant techniquement et supportable financièrement pour les budgets des petites communes qui l’accueillent.
Au soir du 7e jour, les comédiens auront « démonté leurs tréteaux, ôté leur estrade et plié les calicots. Ils laisseront au fond du cœur de chacun un peu de la sérénade et du bonheur d’Arlequin. Demain matin quand le soleil va se lever ils seront loin, et nous croirons avoir rêvé … Viens voir les comédiens, Voir les musiciens… »