Notre système hospitalier est en grande difficulté. Pour l’hôpital public psychiatrique, laissé de côté depuis des décennies, c’est encore pire. Les structures de soins y sont saturées, les personnels sont en souffrance, les prises en charge sont défaillantes, les hospitalisations sous contraintes, les pratiques d’isolement et de contention explosent. La psychiatrie publique française est malade et attend depuis trop longtemps d’être enfin soignée. Sera-t-elle la grande cause nationale du prochain quinquennat ?
Sur trois jours, Magcentre publie un dossier dédié à la maladie mentale.
Par Jean-Paul Briand
La société dénonce très souvent le fait que la psychiatrie institutionnelle est coercitive et utilise trop facilement la contrainte. Les pouvoirs publics rendent aide-soignants, infirmiers, psychiatres et directeurs d’établissement public de santé mentale (EPSM) en partie responsables des dysfonctionnements et de la pratique d’une psychiatrie répressive. Après le renforcement des mesures de contrôle, au nom du respect de la liberté individuelle, cette même société française fait subir une injonction paradoxale au personnel des EPSM en exigeant que les malades de troubles psychiatriques soient concentrés à l’intérieur des murs d’un hôpital devenu essentiellement un « garde-fou » sécuritaire.
L’État a alourdi tout récemment les procédures des soins sans consentement. Dans le premier volet du dossier consacré à la psychiatrie, l’avocat Patrick Communal nous commente les derniers éléments juridiques des droits des patients en soins contraints.
La folie et la maladie mentale restent des sujets tabous qui font peur. Pourtant, un français sur trois souffrira durant son existence de troubles mentaux. Chaque année treize millions de nos concitoyens sont pris en charge pour des difficultés psychiatriques. La maladie mentale est la première cause d’invalidité et le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, loin devant le cancer et les maladies cardio-vasculaires. Le professeur de philosophie, Yves Prouet, tente de répondre aux questions « Qui est fou ? » et « Que faire du fou ? ».
Dans la deuxième partie du dossier consacré à la psychiatrie vous lirez deux témoignages de personnalités ayant ou ayant eu d’importantes responsabilités en milieu psychiatrique. Le contraste est frappant entre les déclarations d’un psychiatre, ancien chef de service d’un hôpital publique du Loiret et celles du médecin-directeur d’un établissement privé à but lucratif installé dans le Loir-et-Cher.
Dans le dernier volet du dossier voué à la psychiatrie, les propos d’une infirmière travaillant au sein de l’établissement public de santé mentale (EPSM) Georges Daumézon de Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret, sont bien différents de ceux d’une collègue qui œuvre dans la clinique privée « La Chesnaie » du Loir-et-Cher. Et pour cause : l’EPSM Daumézon est un centre chargé de recevoir des patients sans leur consentement, l’autre structure n’est pas habilitée aux soins contraints et choisit sur dossier ses patients qui y viennent librement.