Alors que la ville d’Amboise s’apprêtait à inaugurer ce samedi, le “Passage”, monument en hommage à l’émir Abdelkader en présence de nombreuses personnalités dont l’ambassadeur d’Algérie, manifestation dans le cadre de la réconciliation mémorielle franco-algérienne, les invités ont découvert atterrés un monument gravement endommagé dans la nuit.
Par Gérard Poitou
Passage Abdelkader (Michel Audiard) le bas de l’œuvre a été détruit à la meuleuse
S’attaquer à l’émir Abdelkader n’est pas anodin. Si l’acte de vandalisme n’a pas été revendiqué, il n’est pas difficile d’en trouver l’origine dans le climat de haine et d’intolérance qui sévit chaque jour un peu plus en France. Car Abdelkader, s’il fut “le meilleur ennemi de la France” dans sa lutte contre l’invasion française de l’Algérie par le Maréchal Bugeaud, fut aussi le sauveur des 10.000 chrétiens de Damas dans un geste que le XIXe siècle salua unanimement comme un modèle de tolérance et d’humanité. (Voir notre article).
Sans doute, les imbéciles iconoclastes qui ont commis ce forfait ignoraient-ils que cet homme de culture devenu chef de guerre pour défendre son peuple, était respecté par toute la communauté internationale de l’époque. Ainsi la haine de l’étranger, de l’Algérien désigné par son nom, ne supporte-t-elle pas la réalité historique de ce grand personnage si éloignée des clichés du djihadisme contemporain. Un musulman tolérant ne satisfait pas leur haine primaire de l’étranger car il ne sert pas leur cause qui se nourrit de la peur de l’autre.
Combattre la falsification historique et les réhabilitations douteuses qui l’accompagnent devient ainsi un devoir collectif, un devoir de mémoire, rempart à la haine qui envahit les esprits décervelés par des discours où le mensonge sert la démagogie.
Un beau soleil d’Algérie convoqué spécialement pour cette belle et émouvante cérémonie d’hommage à l’Emir Abdelkader. Une sculpture en acier inoxydable installée entre le château royal d’Amboise et la majestueuse Loire.
Le maire d’Amboise a accueilli la nombreuse assistance en présence de l’ambassadeur d’Algérie, du sous préfet, des députés et élus de la circonscription.
Tous ont modifié leurs interventions pour condamner d’abord l’acte de vandalisme qui a détérioré la partie basse de la sculpture, une unanimité républicaine et solidaire avec l’artiste Michel Audiard, mais aussi pour souligner combien cet acte odieux, lâche, tranche avec l’esprit de tolérance, d’ouverture et de fraternité de ce cher Émir.
Suivre l’Emir Abdelkader, c’est consolider les liens d’amitié entre les 2 peuples, entre les forces vives des 2 pays et favoriser des échanges respectueux entre les 2 pays, dans l’intérêt des peuples d’abord.
Malik Arba Président de l’association Solidarité Loiret Algérie (ASLA)