Responsable du projet présidentiel d’Anne Hidalgo et député PS des Landes, Boris Vallaud est venu parler des problèmes de santé en dressant un diagnostic sans concessions de notre système de soins. Mais aussi pour présenter quelques solutions… si la candidate socialiste est élue.
Par Jean-Jacques Talpin
Qu’ils soient médecins hospitaliers, pharmaciens ou syndicalistes à Sud : tous les participants au débat sur la santé organisé mercredi soir par le Parti socialiste dans un bistrot d’Orléans dressent le même diagnostic : « Nous sommes au point de rupture, les hôpitaux au bord du gouffre, les personnels dans le désespoir. Comment se fait-il alors que nous étions le pays réputé pour avoir le meilleur système de santé du monde que nous soyons à ce point déclassés ? » Pour répondre à cette question la fédération du Loiret du Parti socialiste, représentée par Christophe Lavialle, avait invité Boris Vallaud, député des Landes et surtout responsable du projet présidentiel d’Anne Hidalgo, qui est d’abord venu écouter les militants avant d’avancer des propositions.
Le PS a fait de la santé un axe central de sa campagne présidentielle et cela parce que « les Français en font aussi une de leurs préoccupations majeures ». Il est vrai que la désertification médicale frappe désormais une grande partie des territoires dans le monde rural mais aussi dans la métropole orléanaise. David Jacquet maire d’Artenay considère sa ville « délaissée par les pouvoirs publics » et surtout victime « d’une concurrence déloyale des autres communes qui mettent des sommes folles sur la table pour attirer des médecins ».
« 40 fois plus de psychiatres à Nice que dans le Loiret »
Car c’est bien là la grande question : la région Centre est une des dernières régions pour le nombre de médecins généralistes, situation qui devrait encore s’aggraver. Ainsi dans le Loiret 43% des médecins ont plus de 60 ans. Même en périphérie d’Orléans la question devient préoccupante comme à Saint-Jean-de-Braye (4,8 médecins pour 21 000 habitants) avec un classement non prioritaire de la commune par l’Agence régionale de santé, à l’inverse d’Olivet…
François Bonneau est venu relayer l’initiative de la région de financer plusieurs dizaines de maisons de santé et d’embaucher des médecins salariés. « On ne peut plus accepter le système actuel, explique-t-il, ce n’est plus acceptable. Comment se fait-il qu’il y ait 40 fois plus de psychiatres à Nice que dans la région. » La grande question qui agite les militants socialistes est celle de la libre installation des médecins. Comme Ghislaine Kounowski, pharmacienne à la Source (et sans doute candidate aux législatives), il faut inventer un système d’installation règlementée des médecins comme pour toutes les professions paramédicales.
Quelle liberté pour les médecins ?
Tout en avançant des pistes pour la réforme de l’hôpital (pour la tarification à l’activité, la gouvernance, le pilotage) le député socialiste marche sur des œufs quand il s’agit de la liberté d’installation des médecins. « C’est par le dialogue et la négociation qu’on peut avancer et dégager des propositions, comme celle de spécialiser la dernière année d’internat des étudiants en médecine avec des stages ou des formations dans les territoires ce qui permettrait de dégager 4 à 8 000 jeunes médecins par an. » D’autres réflexions sont en cours sur le « conventionnement sélectif » des médecins par l’assurance maladie en fonction des territoires d’installation, le salariat ou l’obligation de s’installer quelques années dans les déserts médicaux après l’obtention du diplôme. Tout cela doit se faire « sans violence ». Il est vrai que le lobby médical est particulièrement actif et bien représenté chez les parlementaires.
Boris Vallaud pointe d’autres dysfonctionnements à l’hôpital public, dans les Ehpad (il réclame une commission d’enquête sur Orpéa), dans la répartition des spécialités médicales, dans les inégalités relatives à l’espérance de vie notamment en bonne santé. L’élection présidentielle (où les socialistes doivent d’abord s’attaquer à l’encéphalogramme plat de leur campagne) est donc le bon cadre « pour poser les bonnes questions qui intéressent les Français ».
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