par Antoine Lebrault
Dans le cadre des mardis de la science, Centre Sciences organisait le mardi 1er février dernier, au MOBE d’Orléans, une conférence sur la prospection de l’or, en collaboration avec les organismes de recherche du Loiret, présentée par le docteur Ignace Salpeteur, géologue et géochimiste à la retraite.
Ignace Salpeteur, ancien ingénieur géologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), a eu le privilège durant sa carrière professionnelle d’entreprendre et d’être à la tête de grands projets d’exploration. Sa première expédition remonte à l’année 1977, il se rend en pleine forêt tropicale, en altitude, sur la crête du Zaïre Nil, au Rwanda.
En 1982, c’est dans le grand désert d’Arabie qu’il se rendra, pays de la reine de Saba et terre promise des prospecteurs du roi Salomon.
Les deux environnements sont très différents d’un point de vue géologique. Le premier abrite une foret primaire en altitude, à 2400 mètres. C’est la Forêt tropicale de Nyungwe. Il s’agit là de la plus large forêt humide d’Afrique, paysage magnifique situé au sud-ouest du Rwanda. Le second est très chaud et aride. L’espace y est plus vaste, les regs de pierres et les dunes sur les plateaux volcaniques viennent composer le paysage.
Du Rwanda à l’Arabie…
Quelque soit le contexte environnemental auquel le prospecteur fait face, sa démarche doit rester inchangée : sélectionner une zone favorable pour y développer des méthodes d’approche adaptées au milieu naturel. Au Rwanda, un secteur alluvial riche en or aux sources de la rivière Nyungwe, encore exploitée aujourd’hui par les artisans. En Arabie, les zones providentielles étaient des mines antiques dispersées à travers une zone naturelle non ondulée, que l’on nomme scientifiquement une pénéplaine.
Le géologue doit remonter à l’amont des rivières et sur les versants pour identifier la source du métal précieux. C’est par le biais de tranchées et de sondages qu’il arrive à déterminer cette source primaire. Lors de l’expédition de 1977 au Rwanda, et au cours d’un projet financé par le PNUD ( Programme des nations unies pour le développement ) et avec l’appui du ministère local, un échantillonnage fut possible, et cette technique a permis de localiser une nouvelle source aurifère, qui n’avait jamais été découverte par les colons lors d’anciennes expéditions.
Vers des méthodes performantes
Lors de sa venue dans le désert d’Arabie en 1982, l’aridité du climat ne permettait pas de bénéficier des mêmes techniques que dans le milieu tropical. Les sols sont quasi absents et les oueds, les sources d’eau, sont à sec. C’est en observant les tempêtes de vent très fréquentes qu’une idée est venue à Ignace Salpeteur et à son équipe sur place : « Il fallait utiliser les fractions du sol transportées par le vent, ce qui allait élargir les halos autour des cibles primaires », explique-t-il. Ce fut un échec dans un premier temps. Ce n’est que trois années plus tard, et après avoir étudié la question des études de surface autour de cibles aurifères, que des premières conclusions pouvaient être tirées.
En effet, en se penchant sur une nouvelle méthode de prélèvement, des premiers résultats plus concluants ont pu être identifiés. Cependant, la mission en Arabie se termine sans avoir pu généraliser l’application de cette nouvelle méthode.
Douze années plus tard, cette méthode a permis aux équipes du BRGM de découvrir un magnifique gisement d’or, au nord de la Mauritanie, le gisement de Tasiast.
Aujourd’hui, les prospecteurs moderne disposent de techniques plus élaborées, avec une panoplie d’outils très performants (analyseur portable pour la biochimie, radar, spectre aérien…). Ces techniques vont permettre un renouvellement minier des grandes et moyennes compagnies, pour répondre à une demande toujours plus croissante du métal le plus précieux au monde.
Photo de Une : Mine d’or et d’argent de Waihi, en Nouvelle-Zélande. Photo Airflore/Flickr