Filippo Gorini, passeur de poésie, pianiste à la sensibilité d’airain

 A l’évidence, le cycle des Matinées du piano proposé salle de l’Institut d’Orléans par Orléans Concours International, constitue l’un des temps forts, majeur et incontournable de la vie culturelle de la cité. Ainsi, ce dimanche matin, devant une salle quasiment comble, à quelques fauteuils de velours rouge près, place au récital du jeune pianiste italien Filippo Gorini donnant un programme intitulé” La Sonate de Beethoven à aujourd’hui” présenté par Isabella Vasilotta, directrice artistique. Ici, le pianiste interprète l’âme de Beethoven, nous renverse avec Bartok et nous offre, renouant avec les belles heures du Concours International de piano d’Orléans, une création de la Sonate d’Alturo, œuvre contemporaine du compositeur Federico Gardella.  Que ce soit lors de l’interprétation des deux sonates de Beethoven, celle de Bartok, la création d’une œuvre de Federico Gardella, ou une Fantaisie de Chopin donnée en rappel, les mélomanes ne peuvent qu’être admiratifs devant le saisissant rapport charnel et spirituel s’établissant entre le pianiste et son instrument  

Par Jean-Dominique Burtin 

Filippo Gorini à l’Institut. Photo : Patrick Nachbaur

Eclats et miroitements, respiration et profondeur 

Virtuose sensibilité. Dès la Sonate opus 110 de Beethoven, la salle de l’Institut se pare de ce clair-obscur comme en écho à cette mélancolie que fait aussi naître à l’extérieur une grise matinée d’hiver. Reste que cette musique est une course d’élans radieux et de contrastes, une suite de fondus enchaînés oniriques que l’artiste distille avec sobriété et profondeur.  

Virevolte ici la ligne mélodique, ruban de soie fluide et dense. Ici l’artiste cisèle et forge la délicatesse et l’assaut, des résonances sobres, le recueillement grave. 

Et puis voici Bartók et la Sonate Sz 80 dont les mouvances soulignées sont éclatantes, émouvantes, entraînantes. De l’œuvre sont suggérées les lueurs diffuses, affirmée la lumière, rondement mené le ballet du battement de cœur, tout cela offert avec un engagement empli d’une joie sereine. Puis vient l’instant, avant la sonate opus 111, de Beethoven, de la création de la Sonate d’Altura, de Federico Gardella une pièce où le pianiste conjugue l’incisif et la trame vaporeuse du jazz. Ce dimanche, voici un artiste qui fait résolument âme et corps avec son instrument, somptueuse source orchestrale. Tout cela de manière charnelle et spirituelle. Conjugaison de respiration et de sonorité inouïe.  Appassionato.